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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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jusqu’ici et il mourra peut-être durant
le trajet. En attendant, si tes occupations te laissent quelques loisirs, il me
serait agréable que tu restes à mes côtés afin que nous échangions nos
souvenirs du bon vieux temps.
    — Je
n’osais te le demander car, si cela t’agrée, je me ferai un plaisir de
consigner par écrit le récit minutieux de tes exploits en utilisant les
renseignements puisés à la meilleure source. Silénos a déjà écrit une
chronique, que tu as lue, mais elle est truffée d’erreurs.
    — Tu
risques fort de t’ennuyer en écoutant mes radotages et mes récriminations.
Toutefois, la région est giboyeuse et je serai ravi de t’emmener avec moi à la
chasse. Les animaux sont les derniers ennemis contre lesquels je me bats.
    — J’accepte
avec joie ta proposition.
    Aristée
passa plusieurs mois en compagnie de son ami, recueillant ses souvenirs et
s’émerveillant de la mémoire intacte du chef punique. Il se rappelait le
moindre détail et était capable de décrire avec minutie un affrontement en
apparence secondaire mais qu’il considérait comme décisif pour la suite des
opérations. Parfois, les deux hommes se querellaient, toujours sur le même
sujet : les conséquences de son expédition. Pour Hannibal, elle s’était
soldée non seulement par un échec mais aussi, fait plus grave, par
l’irrésistible extension des pouvoirs de Rome sur les rives de la grande mer.
Un soir, son invité et lui eurent une discussion plus vive que d’habitude.
    — Si
c’était à refaire, murmura le vainqueur de Cannae, je crois que je ne
laisserais pas mes armées quitter Carthagène. J’aurais dû consolider mes
positions en Ibérie et chercher à accroître l’empire africain de Carthage.
    — Tu
te serais couvert de gloire dans cette mission mais tu n’aurais pas franchi les
Alpes ni infligé aux légions des défaites qui suscitent l’admiration de tous.
    — Ma
cité aurait été sauvée et ne serait pas dirigée par une bande de pleutres qui
la conduisent à sa perte. Quant à la cité de Romulus, elle aurait été privée de
l’insolent pouvoir qu’elle exerce. Jamais elle n’a été aussi puissante.
    — En
apparence, je te le concède, dit Aristée. La réalité est plus complexe. Te
souviens-tu du rêve que tu fis jadis : un serpent sorti de terre ravageait
l’Italie. C’était ton corps expéditionnaire et les blessures qu’il a infligées
à son ennemi sont, quoi que tu en dises, mortelles comme le venin de cet
animal.
    — Tu
veux me consoler mais les faits te donnent tort.
    — Non.
Tu as mis en branle un vaste mouvement que nulle force ne pourra arrêter. Pour
contenir tes assauts furieux, le Sénat a dû multiplier les concessions envers
la plèbe et ses membres sont désormais divisés en deux camps irréconciliables.
Les uns veulent le maintien de l’ordre ancien, les autres rêvent d’une
République nouvelle. Les peuples qu’ils ont soumis ne se contenteront pas de
vivre perpétuellement dans un état d’indigne sujétion et d’avoir pour seul
droit celui de payer tribut. Pour prévenir des révoltes, leurs maîtres seront
contraints d’améliorer leur sort et de leur octroyer certaines libertés, voire
de leur accorder, dans plusieurs générations, la citoyenneté pleine et entière.
Regarde ce qui se passe déjà : la Grèce est vaincue et captive. Pourtant,
ses dieux, ses poètes et ses philosophes règnent aujourd’hui sur les bords du
Tibre. Rome veut désormais dévorer l’Asie. Grand bien lui fasse. En fait, c’est
elle qui la submergera un jour et détruira ses traditions et ses institutions.
On m’a montré à Ephèse un texte dont l’auteur a préféré garder l’anonymat. Il
raconte que Publius Cornélius Scipion, venu célébrer un sacrifice à notre
sanctuaire de Naupacte, en Étolie, fut provisoirement saisi de démence et
prédit, dans la langue d’Homère, qu’un souverain venu de nos contrées vengerait
le mal que sa patrie a fait aux Grecs.
    — Tu
sais bien que Scipion n’a jamais tenu ce discours.
    — Peu
importe. Ce qui compte, c’est que des milliers d’hommes le croient. Ce sauveur,
ce pourrait être toi.
    — Je
suis trop vieux pour cela.
    — Alors,
ce sera quelqu’un d’autre, natif de Phrygie, de Phénicie, de Palestine ou
d’Egypte. Il se chargera de porter un coup fatal à la cité de Romulus. Il te
vengera même s’il ignore jusqu’à ton nom.
    — Je
doute fort que tes
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