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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers
Autoren: Jean Markale
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vêtues, firent la
quête, moment essentiel de ce genre de rituel. Ce fut l’apothéose de
Fabré-Palaprat, qui commençait d’ailleurs à donner des signes de dérangement
mental. Il mourut en 1838, et son successeur fut un Anglais, l’amiral Smith. Entre-temps,
Fabré-Palaprat avait pris comme primat ecclésiastique un certain abbé Chatel.
Mais il s’était brouillé avec lui, et les deux hommes s’étaient séparés en se
traitant mutuellement de charlatan et d’imposteur. L’abbé Chatel finit épicier,
mais il avait eu le temps de fonder sa propre église qui, paraît-il, existe
encore de nos jours.
    Quant à l’amiral Smith, il mourut en 1840, après avoir
accompli son devoir de Templier en Algérie, où il combattit, aux côtés des
Français, contre les Infidèles. Mais sa succession fut l’occasion de diverses
scissions et de nombreux scandales. Cet ordre nouveau du Temple mourut dans
l’indifférence la plus totale. Mais sait-on jamais ? Certaines personnes
murmurent qu’il a pu renaître de ses cendres.
    Il ne serait pas le seul. Il existe dans le monde entier,
des groupements en nombre incalculable qui se réclament de la tradition
templière, et qui tous prétendent à une authentique filiation. Ces
« ordres » sont la plupart du temps parfaitement connus, parfaitement
officiels. Nous trouvons là le même phénomène que pour les Druides : il
n’y a jamais eu tant de néo-druides à travers le monde qu’en cette fin de XX e  siècle. Est-ce que les membres de ces
« ordres » templiers, qui appartiennent généralement à la bonne
classe de la société, se souviennent que leurs lointains prédécesseurs
« ne se peignent jamais, se lavent rarement et préfèrent paraître les
cheveux en désordre, le visage souillé de poussière, le teint brûlé et
noir » ? Soyons sérieux. S’il y a encore, de nos jours, des Templiers
authentiques, ils s’arrangent pour ne pas se faire remarquer [83] .
    Le temple est en ruine. On a accusé le roi de France
Philippe le Bel et le pape Clément V d’être les responsables de cette
destruction. C’est sans doute vrai, mais seulement au premier degré. Le Temple
devait porter en lui les germes de sa propre destruction. Au début du XIV e  siècle, il était devenu une institution sociale,
économique, et il ne correspondait plus aux idéaux qui avaient présidé à sa
fondation. La Terre sainte était définitivement perdue pour les Chrétiens, et
les rêveries de Raymond Lulle concernant une christianisation des Musulmans
auraient eu fort peu de chances de se réaliser, même si Philippe le Bel avait
réussi à se faire élire grand-maître du nouvel ordre dont il souhaitait la
création à partir du Temple, pivot essentiel de cette puissance en gestation.
    En réalité, la destruction des Templiers marque la fin d’un
monde qui se faisait encore des illusions sur la possibilité d’une coopération
entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux. Le mythe de Mithra et Varuna,
le couple druide-roi, la légende du roi Arthur et du magicien Merlin,
l’empereur et le pape, tout cela faisait partie d’un schéma traditionnel
ancien. Et les Templiers sont les représentants de ce schéma. « Les
Templiers, en effet, par leur double caractère de moines et de chevaliers,
incarnaient un aspect important de l’autorité spirituelle, différent de la
Papauté, mais parfaitement admis par celle-ci, et qui, dans la pensée de son
fondateur, saint Bernard, devait, précisément par son caractère original,
tenant à la fois du « brahmane » et du « kshatriya »,
assurer le maintien d’un équilibre harmonieux de la société civile dans la
perspective orthodoxe traditionnelle [84] . »
Le problème est que le Temple avait peut-être des buts secrets. Il y a toujours
loin entre les déclarations d’intention et les réalisations en profondeur.
    D’ailleurs, si tout était si simple, si les Templiers
n’avaient eu d’autre mission que celle de protéger les pèlerins de Terre sainte,
s’ils avaient été seulement victimes de l’arbitraire, si Philippe le Bel
n’avait été qu’un odieux tyran capable du pire pour alimenter les caisses de
l’État, ou serait l’énigme que posent à chacun de nous les Templiers ?
    Les Templiers, pauvres martyrs de la foi chrétienne en face d’un
vilain roi et d’un méchant pape ? Ne soyons pas naïfs. Au vu du dossier
intégral de l’affaire des Templiers, y compris les éléments
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