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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers
Autoren: Jean Markale
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néo-Templiers.
L’histoire vaut la peine d’être contée.
    Quand Jacques de Molay reconnut qu’il n’y avait plus
d’espoir, ni pour lui, ni pour l’Ordre du Temple, il ne songea plus qu’aux
moyens de conserver, de propager et de perpétuer les connaissances et les
principes fondamentaux qui remontaient à un lointain passé. On prétend que
quelques jours avant son supplice, il révéla certaines choses à son neveu, le
comte de Beaujeu, et lui ordonna de descendre dans le tombeau des anciens
grand-maîtres pour y recueillir, sous l’un des cercueils, un écrin de cristal
de forme triangulaire. Le comte de Beaujeu obéit et rapporta l’écrin à Jacques
de Molay. Celui-ci, satisfait de la réussite de l’épreuve imposée à son neveu,
lui fit alors une confession complète, avec révélation des mystères, et lui fit
jurer qu’il mettrait tout en œuvre pour faire revivre l’Ordre jusqu’à la
consommation des siècles. Il lui confia aussi que l’écrin contenait une relique
offerte à l’Ordre par le roi Baudouin de Jérusalem, rien moins que l’index de
la main droite de saint Jean-Baptiste. Enfin, il lui remit trois clefs qui
permettaient d’ouvrir un coffre caché dans le tombeau du prédécesseur de
Jacques de Molay.
    Après la mort de Jacques de Molay, Beaujeu prit contact avec
neuf Templiers échappés à la tourmente, et, avec eux, descendit dans le
mausolée. Là, ils enlevèrent le coffre et vidèrent deux colonnes qui étaient
creuses et contenaient « de grands trésors ». Ensuite, ils
s’efforcèrent de mettre ce précieux dépôt en sûreté, à Chypre, nous dit-on,
mais pourquoi pas à Gisors ?
    Beaujeu fut élu unanimement grand-maître par ses compagnons.
Mais pour mieux occulter l’Ordre qu’il restaurait, Beaujeu institua de
nouvelles cérémonies qu’il voila sous le couvert du Temple de Salomon. Le
successeur de Beaujeu fut Jacques d’Aumont, et c’est de lui que découlent toute
une série de grands-maîtres dont la lignée, à ce qu’on raconte, n’est pas éteinte
de nos jours. Mais on se garde bien de nous dire qui est grand-maître. Il est
vrai que c’est un mystère. Un de plus [82] .
    C’est sous le Premier Empire qu’on vit ressurgir
officiellement, et devant un large public, un Ordre du Temple qui ne faisait
pas du secret la pierre angulaire de son édifice. À l’origine de ce renouveau,
on découvre un certain Bernard-Raymond Fabré-Palaprat, né à Cordes en 1773,
probablement médecin, mais qu’il est plus facile de classer comme charlatan. Un
beau jour, il se déclara brusquement successeur de Jacques de Molay, et
transforma le club auquel il présidait en secte templière dont il devint
évidemment le grand-maître.
    Il justifiait ses prétentions en exhibant un trésor constitué par le casque de Jacques de Molay et
quelques os prétendument recueillis dans les cendres du supplicié. De plus, il
fit fabriquer un document en caractères gothiques qui indiquait la succession
des grands-maîtres du Temple depuis Jésus-Christ. À partir de la Régence, il
utilisait d’ailleurs une filiation maçonnique authentique, ce qui donnait une
apparence de vérité à ce document que les contemporains considérèrent avec
grand sérieux pendant quelques années, avant de le rejeter catégoriquement.
    Bien sûr, le nouvel Ordre du Temple reçut des dons et vendit
même des titres de noblesse – ou prétendus tels – à des naïfs qui avaient envie
de redorer leur blason. Il vendait aussi des insignes, des décorations et des
vêtements de cérémonie, comme quoi il n’y a jamais de petit profit. Le succès
fut immense.
    Napoléon lui-même tomba dans le piège. Passionné par
l’histoire des Templiers, il favorisa l’entreprise de Fabré-Palaprat et prêta
sa garde personnelle pour une cérémonie solennelle qui se déroula le
28 mars 1808 en l’église Saint-Paul-Saint-Louis de Paris, à la mémoire
de Jacques de Molay. La messe fut célébrée par l’abbé Clouet, chanoine de
Notre-Dame, qui, lors de son sermon, exalta la piété et les vertus militaires
des Templiers, défenseurs de la Terre sainte. Et le Tout-Paris de l’époque
emplissait l’église…
    Le nouveau Temple survécut à l’Empire. En 1833, il organisa
une grande cérémonie dans la Cour des Miracles : on y pria longuement pour
le souverain (c’était le fils d’un régicide, donc d’une lignée qui avait vengé
Jacques de Molay), et des chanoinesses, paraît-il fort peu
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