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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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avec une corde derrière l'acali d'un oiseleur qu'on avait tiré sur le sable. L'oiseleur partit en ramant sur le lac, hors du champ de vision, remorquant le cadavre jusqu'à ce qu'il sombre dans l'eau qui pénétrait par les orifices naturels et les trous faits par les flèches. C'est ainsi qu'Atlaua reçut son sacrifice.
    Mon père me réinstalla sur ses épaules et retourna à grandes enjambées à
    travers l'île. Bercé sur ses épaules, sain et sauf, je me fis à moi-même un serment téméraire et puéril. Si jamais mon tonalli était d'être choisi pour la Mort Fleurie du sacrifice, même à quelque dieu étranger, je ne crierais pas, quoi qu'on me fasse et quelles que soient les souffrances endurées.
    Insensé que j'étais, je croyais que la mort n'était que le fait de mourir, en se comportant l‚chement ou courageusement. A cet instant, dans ma jeune vie confortable et tranquille, porté sur de solides épaules vers un doux sommeil duquel je m'éveillerais à un nouveau jour à
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    l'appel de l'Oiseau du Matin, comment aurais-je pu savoir ce qu'est réellement la mort ?
    Nous pensions alors qu'un héros mort au service d'un puissant seigneur, ou sacrifié en hommage à un grand dieu, était assuré de la vie éternelle, dans le plus glorieux des au-delà o˘ il serait récompensé et comblé de joie pendant l'éternité tout entière. Et voilà que maintenant, les Chrétiens nous disent que nous pouvons tous espérer dans une autre vie et un paradis tout aussi magnifique. Et pourtant, le héros le plus sublime, mort pour la cause la plus honorable, le martyr chrétien le plus pieux, expirant avec la certitude d'atteindre le Ciel, ne connaîtra plus jamais la caresse de notre clair de lune effleurant son visage, tandis qu'il marche sous les cyprès bruissants. Un tout petit plaisir - si simple, si ordinaire - mais qu'on n'éprouvera plus jamais.
    Votre Excellence manifeste son impatience. Monseigneur l'Evêque me pardonnera si ma vieille raison s'égare parfois de la route droite sur des chemins sinueux. Il se peut que vous ne considériez pas comme strictement authentiques certaines choses que je vous ai dites et d'autres que j'évoquerai par la suite. Toutefois, j'implore votre indulgence, car je ne sais pas si j'aurais une autre occasion de raconter tout cela. Et encore, je ne dis pas tout ce qu'on pourrait dire...
    Lorsque je repense à mon enfance, je ne vois pas qu'elle ait été
    extraordinaire, étant donné le lieu et l'époque, car je n'étais qu'un enfant comme les autres. Le . jour et l'année de ma naissance n'étaient placés ni sous le signe de la chance, ni sous celui de la malchance. Aucun présage dans le ciel quand je naquis - par exemple, une éclipse cachant la lune qui aurait pu, par la même occasion, m'imprimer un bec de lièvre ou marquer pour toujours mon visage d'une sombre tache de naissance. Je n'avais aucun de ces caractères physiques, considérés par nous comme des tares inélégantes pour un homme : cheveux bouclés, oreilles ert feuille de chou, double menton, dents en avant, nez aplati ou trop busqué, nombril retourné, grains de beauté apparents. Heu-32

    reusement pour moi, mes cheveux noirs poussaient raides et lisses, sans mèches indisciplinées.
    Chimali, mon camarade d'enfance, était affligé d'un de ces épis et pendant toute sa jeunesse, il prit un soin attentif à le couper et à le plaquer avec de Foxitl. Je me souviens d'une fois o˘ il dut porter une courge sur la tête toute la journée. Les scribes sourient, je ferais mieux de donner des explications.
    Les chasseurs de Xaltocan attrapaient des oies et des canards en grande quantité et de façon simple en installant ça et là dans les eaux rouges des bas-fonds du lac de grands filets fixés à des pieux, puis à grand bruit, ils faisaient envoler les oiseaux et s'emparaient de ceux qui s'étaient pris dans les rets. Mais nous, petits garçons de Xaltocan, nous avions nos ruses. On décalottait une courge ou une calebasse en en vidant le contenu et on perçait un trou pour voir et respirer. On se mettait la courge sur la tête, puis on allait barboter dans le lac, là o˘ se trouvaient les oies et les canards. Sous l'eau, nos corps étaient invisibles et les oiseaux ne semblaient jamais s'alarmer de la lente approche d'une ou deux coloquintes.
    On parvenait assez près pour attraper la patte d'un volatile et le plonger sous l'eau d'un coup sec. Ce n'était pas toujours facile, car même une petite
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