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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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sarcelle peut donner du fil à retordre à un petit garçon ; mais généralement, nous arrivions à garder l'oiseau sous l'eau jusqu'à ce qu'il se noie. Cette manouvre dérangeait rarement le reste de la harde posée dans les parages.
    .Un jour que nous nous adonnions à cette occupation, Chimali et moi, nous étions arrivés à amasser sur la berge une quantité respectable de canards, puis fatigués, nous décid‚mes de rentrer. Mais alors, nous nous rendîmes compte que les barbotages avaient dissous la gomme sur la chevelure de Chimali et que par conséquent, son épi rebiquait comme la plume que certains de nos guerriers portent derrière la tête. Nous nous trouvions à
    l'autre bout de Xaltocan, ce qui signifiait que Chimali allait devoir traverser toute l'île dans cet état.
    " Ayya, pochéoa ! " murmura-t-il. Cette expression s'applique à un vent malodorant, mais chez un garçon
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    de huit ou neuf ans, c'était un juron assez véhément qui lui aurait valu une bonne raclée si un adulte avait pu l'entendre.
    " On pourrait se remettre à l'eau, suggérai-je, et faire le tour de l'île à
    la nage, en restant suffisamment au large.
    - Fais-le si tu veux, dit Chimali. Pour moi, je suis si trempé et si essoufflé que je suis s˚r de couler tout de suite. Et si on attendait qu'il fasse nuit pour rentrer ? "
    Je lui répondis : " Le jour, tu risques de rencontrer un prêtre qui remarquera ta mèche rebelle ; mais la nuit, tu pourrais bien tomber sur un monstre bien plus terrible, comme Vent de la Nuit. Mais c'est toi qui décides, je ferai comme toi. "
    Nous nous assîmes pour réfléchir un moment, attrapant distraitement des fourmis à miel. A cette saison, il y en avait des quantités ; elles avaient l'abdomen gonflé de nectar. Nous ramassions les insectes et les mordions pour en sucer le doux miel. Mais c'étaient des gouttes infimes et même si il y en avait beaucoup, nous commencions à avoir faim.

    " J'ai trouvé ! " dit enfin Chimali. " Je vais me mettre la courge sur la tête, pendant tout le chemin. "
    Aussitôt dit, aussitôt fait. …vÔdemment, il ne voyait pas très bien à
    travers le trou, aussi je dus le guider, et nous étions tous fleux considérablement handicapés par notre charge de canards morts, lourds et mouillés. Chimali trébucha et tomba plusieurs fois ; il se heurtait aux arbres et dégringolait dans les fossés. Par chance, sa courge ne se brisa pas. Mais je me moquai de lui tout le temps, et les chiens aboyaient à son passage ; et comme le crépuscule tomba avant notre arrivée à la maison, Chimali lui-même aurait pu épouvanter ou terrifier quiconque l'aurait aperçu dans la pénombre.
    Pourtant, il n'y avait pas de quoi rire. Chimali avait de bonnes raisons de surveiller de près sa chevelure rebelle. Car, voyez-vous, ceux qui étaient pourvus de cet épi étaient choisis de préférence par les prêtres quand ils avaient besoin d'un jeune garçon pour un sacrifice. Ne me demandez pas pourquoi. Jamais un prêtre n'a pu me le dire. En effet, quel prêtre a jamais pu donner des rai-34
    sons plausibles aux règles déraisonnables auxquelles nous sommes soumis, ou à la peur, au sentiment de culpabilité et de honte que nous ressentons lorsque parfois, nous les tournons ?
    Je ne voudrais pas donner l'impression que nous vivions tous, jeunes et vieux, dans une inquiétude constante. A part quelques lubies arbitraires, comme la prédilection des prêtres pour les garçons aux cheveux en désordre, notre religion et les prêtres qui la servaient ne nous imposaient pas de servitudes trop lourdes. Les autorités, non plus. Bien s˚r, nous devions obéir à nos chefs et à nos gouvernants, nous avions certaines obligations envers les nobles pilli et nous devions suivre les avis de nos sages tlamatini.
    Je faisais partie de la classe moyenne de notre société, les macehualli, "
    les chanceux ", ainsi appelés car ils sont à la fois déchargés des lourdes responsabilités de la classe supérieure et de la propension de la classe inférieure à être maltraitée.
    En ce temps-là, les lois n'étaient pas nombreuses, de façon que chacun puisse les garder en tête et dans son cour et ne les tourne pas sous prétexte d'ignorance. Nos lois n'étaient pas écrites, comme les vôtres, ni affichées sur la place publique pour que les citoyens consultent les longues listes d'édits, de règles et de règlements afin de voir si la moindre de leurs actions correspond bien aux " II faut
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