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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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et l'or sans ombre de midi, il semblait qu'on pouvait toucher les montagnes entourant le lac Xaltocan. En fait, c'est peut-être mon plus ancien souvenir - je ne devais pas avoir plus de deux ans et je n'avais pas encore la notion de la distance - le jour et le monde palpitaient autour de moi et j'éprouvais le besoin de sentir quelque chose de frais. Je me rappelle encore ma surprise enfantine comme allongeant le bras, je ne pus pas toucher la montagne bleue et recouverte de forêts qui se profilait si clairement et si près de moi.
    Je me souviens également sans peine de la fin du jour, alors que Tonatiuh refermait sur lui son manteau de nuit aux plumes brillantes et se laissait tomber sur un lit moelleux de pétales de fleurs et sombrait dans le sommeil. Il s'échappait de notre vue vers Mictlan, l'Endroit Ténébreux. Des quatre au-delà o˘ peuvent résider les morts, Mictlan était le plus profond, la demeure de ceux qui sont irrémédiablement et complètement morts, l'endroit o˘ il ne se passe rien, o˘ jamais rien n'est 27
    arrivé; ni n'arrivera. C'était par charité que pour un moment (très court, comparé au temps qu'il nous prodiguait), Tonatiuh prêtait sa lumière (une faible lumière obscurcie par le sommeil) à l'Endroit Ténébreux des morts sans rémission.
    Pendant ce temps, dans le Monde Unique - sur Xal-tocan, en tout cas, le seul monde que je connusse - les brumes bleu p‚le s'élevaient du lac, si bien que les montagnes environnantes assombries semblaient flotter dessus, entre les eaux rougies et le ciel pourpre. Alors, juste au-dessus de l'horizon o˘ avait disparu Tonatiuh, Omexochitl, l'étoile du soir : Après la Floraison venait papilloter un moment. L'étoile apparaissait, elle n'y manquait jamais, elle venait nous assurer que malgré l'obscurité de la nuit, il ne fallait pas redouter que cette ombre aille ressembler à la noirceur totale de l'Endroit Ténébreux. Le Monde Unique vivait et vivrait encore quelque temps.
    Je me rappelle bien des nuits et d'une nuit en particulier. Metztli, la lune, avait terminé son repas mensuel d'étoiles et elle était rassasiée, gorgée, ronde et brillante, si bien que la figure du lapin-dans-la-lune apparaissait aussi nettement que les sculptures d'un temple. Cette nuit-là
    - je devais avoir trois ou quatre ans - mon père m'emporta sur ses épaules, serrant fortement mes chevilles de ses mains. En de longues enjambées, il m'emmenait vers la fraîche clarté et l'obscurité plus fraîche encore : le clair de lune et l'ombre pommelée de l'astre nocturne sous les membres étalés et les feuilles duveteuses " des plus vieux des vieux arbres ", les cyprès ahuehuetes. J'étais assez grand alors pour avoir entendu parler des terribles choses qui rôdent la nuit, hors de portée de la perception des gens. Il y avait Cho-caciuatl, la Femme qui pleure, la première de toutes les mères à être morte en couches, errant éternellement, pleurant sans cesse son bébé mort et sa vie g‚chée. Il y avait les torses sans nom, sans tête, sans bras, qui parvenaient pourtant à pousser des gémissements tout en se tordant sur le sol, aveugles et impuissants. Il y avait les cr‚nes dépouillés et décharnés qui dérivaient dans les airs, à la poursuite des voyageurs surpris par la nuit.
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    ^ t
    quand un mortel apercevait une de ces choses, il savait que c'était un présage certain de terribles malheurs.
    Certains de ces citoyens des ténèbres n'étaient pas autant à redouter. Il y avait, par exemple, le dieu Ehecatl Yohualli, Vent de la Nuit, qui tourbillonnait le long des chemins, cherchant à s'emparer de l'homme imprudent sorti dans l'obscurité. Mais Vent de la Nuit était capricieux, comme tous les vents. Parfois il attrapait quelqu'un, puis le rel‚chait et quand cela se produisait, la personne voyait ses voux exaucés et une longue vie en perspective pour en jouir. Aussi, dans l'espoir que le dieu conserve cette humeur indulgente, notre peuple avait depuis longtemps édifié des bancs de pierre à différents carrefours de l'île, pour que Vent de la Nuit puisse s'y reposer pendant ses vagabondages. Comme je l'ai dit, j'étais assez grand pour connaître et craindre les esprits redoutés des ténèbres.
    Mais cette nuit-là, installé sur les larges épaules de mon père, pour un temps plus grand qu'un homme, les cheveux frôlés par les bruissantes frondaisons des cyprès et le visage caressé par les marbrures de la lune, je n'avais pas
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