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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia
Autoren: Sara Poole
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avisée de venir me trouver directement ce matin, et à l’avenir j’espère que c’est ce que vous ferez. Son Éminence me fait confiance en toute chose, et je connais ses volontés. Je pourrais vous être d’une grande aide.
    N’ayant aucun désir de m’en faire un ennemi, je lui répondis posément :
    — Je saurai m’en souvenir, Maître d’Marco. Que puis-je faire pour vous, aujourd’hui ?
    Amadoué, l’intendant se redressa quelque peu pour me mettre au fait :
    — Son Éminence vous fait mander au plus tôt auprès de Madonna Adriana de Mila afin d’inspecter le dispositif de sécurité et de confirmer le bien-être de Madonna Lucrezia et des autres membres de sa maison. D’autre part, j’ai reçu l’ordre de vous donner ceci.
    Avec une réticence palpable, il me tendit une petite bourse qui, compris-je rapidement, contenait des florins d’or. J’avais déjà été en contact avec de l’argent : petite, lorsque j’allais au marché avec mon père, il me donnait souvent des pièces pour que je paye les commerçants. En grandissant, il m’avait enseigné l’art du marchandage et s’en remettait à moi pour obtenir les meilleurs prix. De fait, je n’étais pas tant surprise de recevoir de l’argent que perplexe quant à ce que j’étais censée faire avec.
    — Votre salaire pour ce trimestre, dit Renaldo. (Il orienta l’écritoire vers moi.) Signez le reçu ici.
    Je m’exécutai, heureuse de constater que ma main ne tremblait pas. J’avais manifestement compris que mon travail méritait salaire ; simplement, je n’avais songé à aucun montant précis. Mon père avait déposé une somme d’argent considérable sur un compte d’une banque de Rome. Elle m’était revenue à sa mort. L’ajout de ces nouveaux revenus faisait de moi cette rareté (pour mon âge) que l’on nomme une femme indépendante, sur le plan financier.
    Cela me convenait parfaitement, songeai-je après avoir quitté Renaldo, pris le temps de retourner dans mes quartiers pour mettre en sécurité la plus grande partie des florins dans un coffre, et alors que je partais exécuter les ordres de Son Éminence.
    De son propre aveu, Il Cardinale était un homme discret. Par exemple, il évitait de loger sa maîtresse du moment, ainsi que ses nombreux enfants, avec son ancienne maîtresse dans sa résidence officielle sur le Corso. À la place, ils les avaient confiés à sa cousine qui se trouvait, fort à propos, être veuve d’un membre du puissant clan Orsini et vivre non loin de là, dans des conditions matérielles seyant à son rang.
    Depuis la mort de mon père je ne m’étais pas aventurée au-delà du palazzo, dont l’immense bâtiment principal et les dépendances habitées par des centaines de domestiques, serviteurs, courtisans et ecclésiastiques faisaient penser à une ville en miniature. Devant se trouvait une élégante place que Borgia considérait comme une extension de son domaine privé, et à ce titre utilisait pour toutes sortes de divertissements populaires, des courses de taureaux aux mimes et aux feux d’artifice. Il était même allé jusqu’à rénover les autres maisons donnant sur la place, afin d’élever l’ensemble à son propre niveau d’exigence.
    Tel un monument à sa propre gloire, les façades avaient été refaites en marbre travertin expédié de Tivoli, qui se trouve non loin. Ce matériau est visible dans toute la ville, à présent, sur les ponts, les églises, les palazzi, même sur les rebords de fenêtres des maisons modestes et les trottoirs des rues fraîchement pavées. Si vous deviez un jour visiter Rome, ou si vous avez la chance d’y résider, je ne saurais trop vous recommander de vous lever une fois aux aurores pour observer comment le jour nouveau transforme la cité, la faisant passer du monochrome de la nuit aux nuances rougeoyantes que le soleil parvient à donner à cette pierre remarquable. Ensuite vous verrez ces couleurs devenir plus profondes, jusqu’à virer quasiment au violet, avant finalement de se changer, en fin de journée, en un or mat. On dit que Rome possède la plus belle palette de couleurs qu’une ville peut avoir, et je ne vois rien à redire à cela.
    Comme toujours, quitter la place pour entrer dans la ville proprement dite éveilla brièvement en moi un sentiment de confusion. Rome était dans son état d’agitation habituel. Où que mes yeux se posent, la rue grouillait de monde, qui à pied ou à cheval, qui sur une
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