Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
ne me berçais pas d’illusion quant au fait que le reste de la maison partageât ce sentiment. La vieille femme qui m’avait traitée de sorcière n’était probablement guère seule à le penser.
    Soucieuse de nous savoir observés, je me campai devant lui et pris un air grave.
    — Merci, Capitaine, moi de même. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je souhaiterais discuter de nos mesures de sécurité.
    Il esquissa une petite révérence en souriant.
    — Mais certainement. Souhaitez-vous y apporter quelque changement ?
    — Au contraire, je souhaite m’assurer que personne ne profite de la confiance qu’Il Cardinale a placée en moi pour céder au laxisme. Si cela devait se produire, je n’aurais d’autre choix que de mal le prendre.
    — Mal à quel point ? demanda Vittoro. Le pétillement malicieux dans ses yeux n’aurait su me duper. Il me connaissait depuis que je vivais sous ce toit, et m’avait vue passer d’une enfant empotée à une jeune femme qui l’était un peu moins. Son épouse, une matrone grassouillette et enjouée, lui avait donné trois filles proches de moi en âge. Étant des jeunes filles convenables, elles s’étaient toutes mariées, mais vivaient toujours dans les environs avec leurs maris et une progéniture en constante augmentation. Elles étaient source de grande satisfaction pour Vittoro. J’avais vu mon propre père les observer d’un air mélancolique lors de leurs fréquentes et bruyantes visites au palazzo.
    — Très mal, insistai-je.
    Vittoro acquiesça d’un signe de tête.
    — Je le ferai savoir. Quoi que l’on pense de la décision d’Il Cardinale à votre propos, aucun homme sensé ne voudrait se faire mal voir d’un empoisonneur.
    Je m’autorisai un léger soupir de soulagement. Son soutien était l’une des clés de mon succès, et je lui en étais reconnaissante. Nous entreprîmes de détailler les mesures qui, jusqu’ici du moins, s’étaient avérées aptes à protéger Borgia et sa famille.
    Au fil des années, on avait à plusieurs reprises tenté de tuer ou, tout au moins, de rendre Il Cardinale infirme, mais grâce à la vigilance sans faille de mon père tous les complots avaient été déjoués. L’un d’eux visait un morceau de fromage dans lequel on avait injecté une solution d’arsenic. La fois suivante, c’était un rouleau de tissu qui avait été empoisonné à l’aide d’une teinture de pomme épineuse. Il y en eut d’autres encore, mais la raison veut que je m’abstienne de les détailler ici.
    Dans tous les cas, il y aurait à n’en pas douter d’autres tentatives encore. Ce n’était qu’une question de temps avant que la vigilance de la nouvelle empoisonneuse des Borgia ne fût mise à l’épreuve. Je le savais fort bien, et m’en inquiétais tout autant.
    — D’Marco vous cherche, me prévint Vittoro quand nous eûmes terminé.
    Je fis la grimace, ce qui l’amusa, et pris congé de lui. J’escomptais imposer ma présence dans ce qui était (de mon point de vue) la partie la plus cruciale de la maison, et par nécessité celle qui retenait l’essentiel de mon attention : les cuisines. Mais à peine avais-je eu le temps d’atteindre les arcades y menant que je fus interceptée par un petit homme m’évoquant le furet.
    La propension de Renaldo d’Marco, l’intendant de Borgia, à explorer le moindre recoin du palazzo dans l’espoir de découvrir quelque méfait lui valait l’antipathie de tous. Lorsque l’on est au service d’une famille aussi illustre, un certain quota d’actes frauduleux fait partie des avantages annexes ; mais l’intendant ne peut se permettre de trop fermer les yeux, de crainte de mettre la maison en péril et de tuer la poule aux œufs d’or. En faisant au moins mine de ne rien tolérer de tout cela, il parvenait à circonscrire ce qui se passait réellement dans les limites du raisonnable.
    Tapi dans un coin sombre du passage, il fonça droit sur moi. Il vouait un tel respect à sa charge que, malgré la chaleur, il portait une robe en velours écarlate et une toque assortie. Il serrait une écritoire portative contre sa maigre poitrine comme si elle avait le pouvoir de parer les coups dont il pourrait être victime.
    — Vous voilà enfin, Donna Francesca, dit-il en fronçant les sourcils. Je vous ai cherchée partout. Je dois dire que j’ai été grandement surpris d’apprendre… Mais passons, cela n’a plus d’importance maintenant. Vous auriez été bien
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher