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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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furent recueillis pieusement dans des draps blancs
et rapportés dans Nancy, l’un chez un bourgeois nommé Hughes, et le duc chez
Georges Marqueiz. On l’y lava, on le vêtit d’une longue robe de soie brodée, on
couvrit sa tête blessée d’un bonnet de velours rouge puis on l’étendit sur un
lit de parade couvert et drapé de velours noir, mains jointes, quatre torches
brûlant aux angles du lit. Un autel avait été dressé dans la chambre et tous
furent admis à venir saluer celui qui avait été le dernier Grand Duc d’Occident.
    Le duc
René vint à son tour, portant, selon l’usage des anciens preux, une barbe de
fils d’or qui descendait jusqu’à sa ceinture, ultime marque de respect envers un
adversaire vaincu. Il considéra un instant la dépouille mortelle, prit sa main
droite et avec un soupir :
    – A
la mienne volonté, beau cousin, que votre malheur et le mien ne vous eût réduit
en cet état...
    Puis
il s’inclina profondément et sortit pour aller rendre la vie à sa Lorraine
martyrisée. Le lendemain, le Téméraire était inhumé dans la Collégiale
Saint-Georges tendue de drap noir et en présence de tous les habitants de la
ville portant à la main un cierge allumé. Tout était bien fini [xxix] ...
     
    Dans
leur chambre que le feu réchauffait mal, Philippe et Fiora venaient de s’aimer.
Etendus, épaule contre épaule et main dans la main, ils goûtaient le
bienheureux anéantissement des corps que la grande vague du plaisir vient de
rejeter sur la grève blanche des draps froissés, mais ils ne dormaient pas. Ils
n’en avaient envie ni l’un ni l’autre car il leur semblait que jamais ils ne
réussiraient à rattraper tout ce temps perdu. Ils avaient l’impression que, par
leurs mains jointes, le même sang coulait de l’un à l’autre.
    Se
redressant sur un coude, Philippe caressa du bout du doigt le beau visage aux
yeux clos, posa un baiser sur les pointes roses des seins et passa une main
tendre sur la peau bien tendue du ventre plat :
    – J’espère
que tu me donneras bientôt un fils, murmura-t-il contre la conque fragile de l’oreille.
Il est temps, ne crois-tu pas, que nous songions à fonder une famille ?
    Elle s’étira
et bâilla puis, tournant la tête, colla ses lèvres à celles de son époux.
    – Es-tu
si pressé ? fit-elle en reprenant son souffle. Ne pouvons-nous songer
simplement à nous aimer ? J’ai bien le temps d’avoir mal au cœur ! ...
N’avons-nous pas toute la vie devant nous ?
    – Sans
doute, mais quand je t’aurai ramenée à Selongey, j’aimerais savoir que, dans ce
joli corps, une petite flamme s’est allumée. Quel homme amoureux ne souhaite se
fondre avec la femme aimée pour donner le jour à un enfant. Et jamais femme ne
fut aimée autant que je t’aime... Mon amour, ma douce, ma belle, quand je serai
loin de toi il me serait si doux.
    Les
derniers mots se fondirent dans un baiser ardent que Philippe prolongea le long
du cou de Fiora en même temps que sa main écartait doucement ses jambes. Mais
une sorte de signal d’alarme venait de s’allumer dans l’esprit de la jeune
femme et, glissant hors du bras qui l’enserrait, elle s’éloigna un peu et
demeura assise sur le pied du lit, les jambes repliées, considérant le grand
corps étendu que de nouvelles cicatrices avaient marqué.
    – Quand
tu seras loin de moi ? Qu’est-ce que cela veut dire ? As-tu déjà l’intention
de me quitter alors que nous venons seulement de nous retrouver ?
    – Il
le faudra bien, mon cœur, soupira-t-il. Le duc est mort mais la Bourgogne
existe encore. Elle porte un nom : la princesse Marie que la ville de Gand
tient captive avec la duchesse Marguerite. C’est le devoir de ceux qui ont été
les compagnons de son père d’aller lui offrir leurs bras et leurs épées...
    – La
princesse Marie ? Mais elle n’a besoin de personne ! N’est-elle pas
fiancée au fils de l’empereur Frédéric ? Je pense qu’il est tout de même
assez grand pour veiller aux intérêts de sa future femme ?
    – Après
ce qui vient de se passer, je ne suis pas certain que Frédéric considère
toujours cette alliance comme profitable. La Bourgogne est exsangue... et les
filles du roi de France sont fort riches. Ne te fâche pas, Fiora et reviens
dans mes bras ! J’ai un devoir à remplir et ma femme doit le comprendre.
    Il
tentait de l’attirer à lui, mais elle frappa sur les mains tendues vers elle et
sauta du
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