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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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premiers poursuivaient le prince de leurs objurgations, Campobasso
le fit pendre séance tenante. Il est vrai que le malheureux avait crié à ses
avocats « Dites au duc de m’accorder un instant d’entretien en tête à
tête. Il donnerait un duché s’il savait ce que je peux lui révéler... »
Après ce que Mortimer lui avait appris, Fiora tira une conclusion simple :
Suffren savait que le condottiere allait trahir et c’était cela qu’il voulait
révéler au duc.
    Dans
les jours qui suivirent, Fiora ne quitta pas sa chambre et tint compagnie à
Léonarde qui avait pris un rhume en allant aider Matteo de Clerici à soigner
les malades. Il y eut d’ailleurs grande assemblée en l’honneur du protonotaire
Hessler venu apporter une lettre et des joyaux de la part du prince Maximilien
pour sa fiancée Marie de Bourgogne. Le duc et ses capitaines s’efforcèrent de
lui faire aussi bonne chère que possible étant donné les moyens restreints dont
on disposait. Fiora, elle, se garda bien de paraître car elle avait aperçu
Campobasso parmi les autres. Et puis, elle avait espéré que Mgr Nanni
accompagnerait, comme d’habitude, l’abbé de Xanten, mais Hessler était seul et
plus aucune nouvelle n’était venue de Panigarola. Elle pensa que le légat,
étant déjà âgé, il était peut-être mort ?
    Et
puis Noël vint, le plus tragique que l’on vit jamais pour les belligérants.
Nancy crevait de faim et en était à arracher les charpentes des maisons
démolies pour obtenir un peu de chaleur autre que celle des incendies allumés
par l’artillerie bourguignonne et que l’eau gelée empêchait d’éteindre mais
dans le camp la situation n’était guère meilleure. Chaque jour passé coûtait
des hommes. Le froid impitoyable les paralysait, leur gelait les pieds et les
tuait par centaines. Les désertions atteignaient un taux alarmant et, dans
cette nuit de la Nativité qu’il s’était promis de fêter dans le palais des ducs
de Lorraine, le duc Charles, après avoir entendu la messe, erra jusqu’à l’aube
au milieu de ses soldats en compagnie de son médecin et du Grand Bâtard, s’efforçant
de les réconforter, distribuant du vin, de l’eau-de-vie, des médicaments et
tançant les capitaines qui, selon lui, ne savaient pas prendre soin de leurs
hommes pour au moins les maintenir en vie :
    – Il
faut vraiment vous être fidèle, monseigneur, lui lança Galeotto. Partout en
Europe on célèbre la venue de l’Enfant Jésus et nous nous sommes là à crever de
misère et de maladies devant cette putain de ville qui préférera se laisser
détruire jusqu’à la dernière pierre plutôt que se rendre. Ne vaut-il pas mieux
partir avant que la mort ne nous prenne tous ?
    – Il
est un autre Enfant devant lequel nous ne fuirons jamais et je sais qu’il
approche. Plutôt la mort ! ...
    Après
la messe du jour où personne ne chanta, le duc fit appeler Fiora.
    – J’ai
regrets et chagrin de vous avoir obligée à me suivre, madame de Selongey,
dit-il – c’était la première fois qu’il l’appelait ainsi – et je vous en
demande pardon du fond du cœur.. Je sais... que je n’ai plus grand-chose à
attendre de la Fortune et peut-être ai-je lassé la patience de Dieu. Pourtant,
je ne trouve pas le courage de me séparer de vous...
    – A
cause de la prédiction du rabbin ? questionna Fiora doucement.
    – Ah,
vous savez cela ? Mais vous vous trompez. Mourir au combat est désormais
tout ce que je souhaite. La
    Bourgogne
dont je rêvais... demeurera un rêve. Quand le Lorrain viendra, il ne me restera
peut-être que cinq mille hommes. Non, si je vous demande de m’accompagner
encore c’est pour garder devant mes yeux, le plus longtemps possible, une image
de pure beauté. Vous comprenez ?
    – Ne
perdez pas courage, monseigneur ! Cela ne vous ressemble pas. Vous êtes le
grand duc d’Occident, vous êtes...
    – Ce
prince que vous haïssiez ? Vous souvenez-vous ?
    – Il
y a longtemps que j’ai changé d’avis. Mon époux vous aimait tant ! ...
    – Merci,
mais cessons de nous attrister. C’est Noël aujourd’hui et je voulais vous faire
un présent... digne de vous.
    Détachant
de son cou une mince chaîne d’or, il la passa à celui de Fiora. Elle soutenait
un diamant pyramidal d’une rare teinte bleutée.
    – Gardez
ceci en mémoire de moi car il est bien certain, ajouta-t-il avec un sourire,
que vous ne reverrez jamais votre dot.
    – Monseigneur !
Je
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