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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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ne puis accepter...
    – Oh
mais si, vous pouvez parce que je le veux. A présent retirez-vous et
envoyez-moi Olivier de La Marche...
    Profondément
émue, Fiora regagna sa chambre lentement, la main posée sur la pierre encore
chaude. Elle avait compris que le rêveur venait enfin de s’éveiller et qu’il
considérait avec une froide lucidité les dangers qui le menaçaient. Il était le
sanglier acculé par la meute, il le savait et il ne ferait rien pour échapper à
son destin, rien d’autre que de se défendre jusqu’au bout. Mais il ne se
laisserait jamais prendre vivant...
    Comme
il arrive dans les grands drames, une note burlesque apparut dans les derniers
jours de l’année sous l’aspect du roi Alphonse V du Portugal, cousin du duc. Il
venait proposer ses bons offices pour réconcilier son beau cousin avec le roi
de France dans le but d’obtenir de ce dernier une aide financière dans sa lutte
contre la reine de Castille. Le duc Charles le regarda comme s’il tombait de la
lune :
    – Aidez-moi
d’abord à prendre Nancy, fit-il en haussant les épaules. L’autre ouvrit de
grands yeux puis, comprenant qu’il n’avait rien à attendre, s’éclipsa sans
demander son reste.
    Dans
la nuit de la Saint-Sylvestre, Campobasso déserta, emmenant avec lui ses deux
fils et trois cents cavaliers. Il allait rejoindre le duc de Lorraine qui n’était
plus qu’à deux journées de marche pour lui demander, comme prix de sa trahison,
la ville de Commercy. Il s’attendait à une réception chaleureuse, il ne trouva
que des visages glacés. Les chefs suisses qui entouraient René II lui
déclarèrent brutalement qu’ils n’entendaient pas combattre aux côtés d’un
traître. On l’envoya garder le pont de Bouxières qui commandait le passage vers
la Meurthe à une petite lieue au-dessus de Nancy :
    – Vous
m’accueillerez peut-être plus chaleureusement si je vous apporte la tête du
Téméraire ? leur lança-t-il, furieux.
    – Ce
serait grand dommage que si noble tête tombât dans des mains aussi sales !
riposta Oswald de Thierstein.
     
    Le 4
janvier 1477, l’armée lorraine s’installa à Saint-Nicolas-de-Port, un faubourg
de Nancy, après en avoir massacré la garnison bourguignonne. La bataille était
pour le lendemain.
    Au
matin de ce dimanche, Fiora regardait tomber la neige. Il faisait moins froid
mais toute la campagne était blanche et le vent soulevait des tourbillons
immaculés. Ni elle ni Léonarde n’avaient dormi de la nuit. C’était sans doute
la délivrance qui leur arrivait mais elles n’en étaient pas moins angoissées
comme à l’approche d’une catastrophe... L’une après l’autre, les compagnies
quittaient le camp pour aller prendre position et s’enfonçaient dans la
tourmente comme une armée de fantômes...
    Après
la messe qu’elles entendirent auprès de lui, le duc Charles leur fit ses adieux
puis se livra à ses écuyers pour revêtir la lourde armure.
    Soudain,
comme l’un d’eux lui passait son heaume, le lion d’or du cimier tomba.
Impassible, le Téméraire regarda, sur la prairie rouge et bleu du tapis, ce
symbole de la grandeur de la Bourgogne, puis plongea son regard dans celui du
Grand Bâtard :
    –  Hoc
est signum Dei ! [xxviii] dit-il seulement tandis que son valet de chambre se hâtait de fixer à nouveau l’ornement.
Puis il coiffa le casque et se disposait à sortir quand Battista apparut et
vint mettre un genou en terre devant le prince :
    – Faites-moi
donner des armes, monseigneur ! Je veux être auprès de vous pour cette
bataille...
    – Ne
t’ai-je pas confié une mission ? Celle de veiller sur une dame.
    – Donna
Fiora n’a plus besoin de moi et je veux combattre à vos côtés. Je suis un
Colonna ! Mon nom me donne droit au danger.
    – Il
en sera comme tu le désires, mon enfant, fit le duc tandis qu’un pâle sourire
passait sur son visage immobile. Qu’on lui donne des armes ! Adieu...
adieu à tous !
    Il
sortit. Le Moro, son beau destrier noir, l’attendait, superbement caparaçonné
au milieu d’un groupe de gentilshommes. Il l’enfourcha, fit aux deux femmes un
salut de la main et se mit en marche avec ses compagnons. Fiora vit le lion d’or
et le grand étendard violet et noir s’effacer puis disparaître dans la
tourmente de neige.
    – Vous
devriez rentrer, dit Léonarde. Il fait encore froid.
    – Rien
qu’un moment encore...
    Elle
ne voulait pas que sa vieille amie vît les larmes qui
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