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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur
Autoren: Bernard Cornwell
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leur défaite, Arthur découvrit la trahison de Guenièvre. Il la surprit nue
dans les bras d’un autre homme et ce fut comme si le soleil avait disparu de
son ciel.
    « Je ne
comprends pas bien, me dit un jour Igraine, à la fin de l’été.
    — Qu’est-ce
que tu ne comprends pas, chère Dame ? demandai-je.
    — Arthur
aimait Guenièvre, non ?
    — Il l’aimait.
    — Alors
pourquoi ne lui a-t-il pas pardonné ? J’ai pardonné à Brochvael au sujet
de Nwylle. » Nwylle avait été la maîtresse de Brochvael, mais elle
contracta une maladie de peau qui la défigura. Je suppose, mais je n’en ai
jamais parlé, qu’Igraine s’est servie d’un sortilège pour infliger ce mal à sa
rivale. Ma reine a beau se proclamer chrétienne, notre religion n’offre pas à
ses fidèles le réconfort de la vengeance. Pour cela, il faut aller trouver les
vieilles femmes qui savent quelles plantes cueillir et quelles incantations
prononcer lorsque la lune décroît.
    « Tu as
pardonné à Brochvael, mais est-ce que Brochvael t’aurait pardonné ? »
    Elle haussa
les épaules. « Bien sûr que non ! Il m’aurait fait brûler vive, car
telle est la loi.
    — Arthur
aurait pu la faire brûler vive, et il se trouva beaucoup d’hommes pour le lui
conseiller, mais il aimait Guenièvre, il l’aimait passionnément, et c’est
pourquoi il ne pouvait ni la tuer ni lui pardonner. Pas tout de suite, en tout
cas.
    — Alors,
c’était un sot ! » dit Igraine. Elle est très jeune et affiche l’éclatante
certitude de la jeunesse.
    « Il
était très fier », dis-je, et peut-être cela le rendait-il sot, mais
alors, nous étions tous dans le même cas. Je fis une pause, pour réfléchir. « Il
voulait beaucoup de choses, poursuivis-je, il voulait une Bretagne libre et la
défaite des Saxons, mais dans son âme, il voulait aussi que Guenièvre lui
affirme sans cesse qu’il était un homme bien. Et, en couchant avec Lancelot,
elle lui prouvait qu’il était inférieur à son amant. Ce n’était pas vrai, mais
cela le blessa. Profondément. Je n’ai jamais vu un homme aussi blessé. Elle lui
a arraché le cœur.
    — Alors,
il l’a enfermée ? demanda Igraine.
    — Il l’a
mise en prison », dis-je, me souvenant comme j’avais dû conduire Guenièvre
au reliquaire de la Sainte-Épine, à Ynys Wydryn, où Morgane, la sœur d’Arthur,
devint son geôlier. Il n’y avait jamais eu d’affection entre Morgane et
Guenièvre. L’une était païenne, l’autre chrétienne, et le jour où j’enfermai Guenièvre
dans le lieu saint fut l’une des rares fois où je la vis pleurer. « Elle
restera là jusqu’au jour de sa mort », me dit Arthur.
    « Les
hommes sont des sots, déclara Igraine, puis elle me lança un long coup d’œil en
coin. As-tu été infidèle à Ceinwyn ?
    — Non,
répondis-je, sans mentir.
    — As-tu
jamais désiré l’être ?
    — Oh,
oui. Le bonheur n’éteint pas la concupiscence, Dame. En outre, quel mérite
pourrait-on attacher à la fidélité si elle n’était pas mise à l’épreuve ?
    — Tu
penses qu’on a du mérite à rester fidèle ? » demanda-t-elle, et je me
demandai quel beau jeune guerrier du Caer de son époux avait attiré son
attention. Pour le moment, la grossesse la protégeait des sottises, mais je
craignais ce qui pouvait arriver ensuite. Peut-être rien.
    Je souris. « Nous
voulons que ceux que nous aimons nous restent fidèles, alors l’inverse n’est-il
pas évident ? La fidélité est un don que nous faisons à nos aimées. Arthur
a offert la sienne à Guenièvre, mais elle ne la lui a pas rendue. Elle désirait
autre chose.
    — Quoi ?
    — La
gloire, et celle-ci n’inspirait que répugnance à Arthur. Il l’a acquise, mais
ne s’en est jamais délecté. Guenièvre voulait une escorte de mille chevaliers,
de brillantes oriflammes flottant au-dessus de sa tête, et que toute l’île de
Bretagne se prosterne devant elle. Ce qu’il voulait, lui, c’était uniquement la
justice et de bonnes récoltes.
    — Et une
Bretagne libre et la défaite des Saxons, me rappela sèchement Igraine.
    — Cela
aussi, acquiesçai-je, et encore autre chose. Plus que toutes les autres. »
Je souris en l’évoquant, puis pensai que peut-être, de toutes les ambitions d’Arthur,
c’est sans doute celle-là qu’il eut le plus de mal à réaliser ; et nous,
ses rares amis, ne croyions pas vraiment qu’il la désirait.
    « Continue,
dit Igraine
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