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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur
Autoren: Bernard Cornwell
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arcades étaient gardées par quatre lanciers qui, de leurs
longues armes, tenaient la foule à distance. C’étaient des Blackshields, des
lanciers irlandais de Démétie, le royaume d’Œngus Mac Airem, et je me demandai
ce qu’ils faisaient là, si loin de chez eux.
    Les dernières
lueurs du jour s’étaient effacées du ciel et des chauves-souris voltigeaient
au-dessus des torches tandis que la foule s’installait sur les dalles pour
regarder fixement, avec espoir, la porte du palais qui faisait face au portail
de la cour. Parfois une femme gémissait tout haut. Lorsque des enfants
criaient, on les faisait taire. Les quatre lanciers s’accroupirent aux coins de
la galerie.
    Nous
attendions. J’eus l’impression que cette attente durait des heures et mon
esprit s’égarait, pensant à Ceinwyn et à Dian, ma petite fille morte, lorsque
soudain un fracas métallique retentit à l’intérieur du palais, comme si quelqu’un
avait, de son épée, frappé un chaudron. La foule retint son souffle et certaines
femmes se levèrent et se balancèrent à la lumière des torches. Elles agitaient
leurs mains levées et invoquaient les Dieux, mais nulle apparition ne se
manifesta et les grandes portes du palais demeurèrent closes. Je touchai le fer
de la garde d’Hywelbane, et le contact de l’épée me rassura. L’hystérie à fleur
de peau qui régnait dans la foule était inquiétante, moins toutefois que les
conditions mêmes de l’événement, car Merlin n’avait, à ma connaissance, jamais
eu besoin d’un public pour pratiquer sa magie. De fait, il méprisait les
druides qui rameutaient les foules. « N’importe quel illusionniste peut
impressionner les imbéciles », se plaisait-il à déclarer, mais ici, ce
soir, on aurait dit que c’était lui qui désirait « impressionner les imbéciles ».
Il avait mis ces gens à bout de nerfs, les tenait gémissants et vacillants, et
quand le grand fracas métallique résonna de nouveau, ils se mirent debout et
commencèrent à crier le nom de Merlin.
    Alors, les
portes du palais s’ouvrirent toutes grandes et la foule lentement redevint
silencieuse.
    Durant
quelques battements de cœur, le seuil demeura vide et noir, puis un jeune
guerrier portant toute la panoplie de la guerre sortit des ténèbres pour se
poster sur la plus haute marche de la galerie.
    Il n’y avait
rien de magique en lui, excepté sa beauté. Nul autre mot n’aurait pu le
définir. Dans un monde de membres tordus, de jambes estropiées, de cous
goitreux, de visages balafrés et d’âmes abattues, ce guerrier était beau.
Grand, mince, les cheveux blonds, il avait un visage serein que l’on aurait
qualifié d’aimable, et même de doux. Le bleu de ses yeux était saisissant. Il
ne portait pas de heaume, si bien que sa chevelure, aussi longue que celle d’une
jeune fille, flottait librement sur ses épaules. Sa cuirasse était d’un blanc
éblouissant, tout comme ses jambarts et son fourreau. Son harnois semblait
coûteux et je me demandais qui ce pouvait être. Je croyais connaître la plupart
des guerriers de Bretagne  – du moins ceux qui pouvaient s’offrir une
armure comme celle-ci  – mais ce jeune homme m’était étranger. Il sourit à
la foule, puis leva les deux mains et leur fit signe de s’agenouiller.
    Issa et moi
demeurâmes debout. Peut-être était-ce dû à notre arrogance de soldats, ou
peut-être voulions-nous seulement voir par-dessus les têtes.
    Le guerrier à
la longue chevelure garda le silence, mais lorsque le public fut à genoux, il
les remercia d’un sourire, puis fit le tour de la galerie, éteignant les
torches en les ôtant de leurs anneaux et en les plongeant dans des futailles
pleines d’eau qui semblaient là à cet effet. Je compris qu’il s’agissait d’un
spectacle soigneusement préparé. La cour devint de plus en plus sombre jusqu’à
ce qu’il ne restât plus que la lumière des deux torches qui flanquaient la
grande porte du palais. Il n’y avait qu’un mince croissant de lune et la nuit
noire était glacée.
    Le guerrier
blanc, debout entre les deux dernières torches, prit la parole d’une voix douce
pleine de cordialité, qui reflétait sa beauté. « Enfants de Bretagne,
dit-il, priez nos Dieux ! Les Trésors de Bretagne sont dans ces murs et
bientôt, très bientôt, leur puissance sera libérée, mais maintenant, afin que
vous puissiez la voir, nous allons laisser les Dieux nous parler. »
Là-dessus, il éteignit
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