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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur
Autoren: Bernard Cornwell
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détournait de sa quête et peut-être pensait-elle que
les plaisanteries ironiques de Merlin représentaient une perte de temps. Elle
et moi avions grandi ensemble et, depuis notre enfance, je lui avais plus d’une
fois sauvé la vie, je l’avais nourrie et vêtue, pourtant elle me traitait
toujours comme si j’étais un imbécile.
    « Qui
gouverne la Bretagne ? me demanda-t-elle tout à coup.
    — Ce n’est
pas la bonne question ! la rembarra Merlin avec une véhémence inattendue,
pas la bonne !
    — Eh bien ?
exigea-t-elle de moi, ignorant sa colère.
    — Personne
ne gouverne la Bretagne.
    — C’est
la bonne réponse », dit Merlin d’un ton vindicatif. Sa mauvaise humeur
avait perturbé Gauvain qui se tenait debout derrière le lit de Merlin et
regardait Nimue d’un air inquiet. Il avait peur d’elle, mais je ne l’en blâmais
pas. Nimue effrayait la plupart des gens.
    « Alors,
qui gouverne la Dumnonie ? me demanda-t-elle.
    — Arthur »,
répondis-je.
    Nimue lança un
regard triomphant à Merlin, mais le druide se contenta de secouer la tête. « Le
mot est rex , dit-il, et si l’un de vous avait la plus petite notion de
latin, il saurait que rex signifie roi, et non empereur. Le mot pour
empereur, c’est imperator . Allons-nous tout risquer parce que vous n’avez
pas d’instruction ?
    — Arthur
gouverne la Dumnonie », insista Nimue.
    Merlin fit
semblant de ne pas l’avoir entendue. « Qui est le roi ? me
demanda-t-il.
    — Mordred,
bien entendu.
    — Bien
entendu, répéta-t-il. Mordred ! » Il cracha ce nom à Nimue. « Mordred ! »
    Elle se
détourna, comme s’il devenait assommant. J’étais perdu, je ne comprenais rien à
leur discussion et n’eus aucune possibilité de les questionner car les deux
enfants franchirent de nouveau la porte fermée par un rideau pour nous apporter
encore du pain et du fromage. Comme ils déposaient les plats par terre, je
sentis un effluve marin, cette bouffée de sel et d’algue qui avait accompagné l’apparition,
mais les enfants repartirent de l’autre côté du rideau et l’odeur s’évanouit
avec eux.
    « Alors,
dit Merlin, de l’air satisfait d’un homme qui vient d’avoir le dernier mot,
Mordred a-t-il des enfants ?
    — Plusieurs,
probablement, répondis-je. Il n’arrêtait pas de violer des filles.
    — Comme
tous les rois, dit Merlin avec insouciance, et aussi les princes. Violes-tu les
filles, Gauvain ?
    — Non,
Seigneur. » Cette suggestion parut le choquer.
    « Mordred
a toujours été un violeur, reprit Merlin. Il tient ça de son père et de son
grand-père, pourtant je dois dire qu’ils étaient tous deux bien plus gentils
que lui. Uther ne pouvait pas résister à un joli minois. Ni même à un vilain
visage, quand cela le prenait. Mais Arthur ne s’est jamais adonné au viol. En
cela, il te ressemble, Gauvain.
    — Je suis
ravi de l’entendre, dit le jeune homme, et Merlin roula des yeux en feignant l’exaspération.
    — Alors,
qu’est-ce qu’Arthur va faire de Mordred ? me demanda le druide.
    — Il va l’emprisonner
ici, Seigneur, dis-je en montrant le palais.
    — L’emprisonner ! »
Merlin semblait trouver ça drôle. « Guenièvre enfermée, l’évêque Sansum
sous les verrous... si cela continue, tous ceux qui partagent la vie d’Arthur
vont être bientôt mis au cachot ! Nous serons tous au pain moisi et à l’eau.
Quel idiot cet Arthur ! Il devrait casser la tête de Mordred. »
Celui-ci était enfant lorsqu’il hérita de la couronne et tant qu’il grandit,
Arthur exerça le pouvoir royal ; mais lorsque le prince atteignit sa
majorité, Arthur, fidèle à la promesse faite au Grand Roi Uther, lui remit le
royaume. Mordred ayant abusé de ce pouvoir jusqu’à comploter la mort d’Arthur,
complot qui avait encouragé Sansum et Lancelot à la révolte, il fallait maintenant
l’emprisonner, mais Arthur entendait bien que le roi légitime de la Dumnonie,
dans les veines duquel courait le sang des Dieux, soit traité avec les
honneurs, même s’il n’avait plus le droit de gouverner. Il serait tenu sous
bonne garde dans ce somptueux palais, jouissant de tout le luxe dont il avait
un besoin maladif, mais empêché de nuire. « Alors, tu crois que Mordred a
des petits ? me demanda Merlin.
    — Des
douzaines, je pense.
    — S’il t’arrive
de penser, dit-il d’un ton cassant. Donne-moi un nom, Derfel ! Donne-moi
un nom ! »
    Je réfléchis
un moment.
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