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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola
Autoren: Edmond Lepelletier
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le meilleur et le plus clair de l'évangélisation nouvelle.

VIII - DERNIÈRES ANNÉES D'ÉMILE ZOLA.-SA MORT.-LE PANTHÉON (1902)
    L'existence d'Émile Zola a été, en somme, douce et heureuse, sauf la déchirure de l'affaire Dreyfus, et les années de pauvreté du début.
    Notre auteur a supporté allègrement les privations et les inquiétudes de l'apprentissage littéraire ; au cours de l'affaire tourmentée, il s'est montré très calme, très maître de soi, il a même dû ressentir alors des émotions fortes, au charme âpre, quelque chose de la volonté de Napoléon impassible, au milieu du carnage d'Eylau.
    Il n'a pas été écrasé par des deuils affreux et imprévus : la perte affligeante de sa bonne mère est survenue à une époque normale. Il n'a pas été secoué par de grandes crises de coeur. L'amour physique, qui le préoccupait surtout, lui a été favorable, même dans ses dernières années.
    L'argent, dès la trentième année, lui est venu. Il était, ce qui est le cas de nombre d'auteurs, toujours anxieux, douteur, et mécontent des oeuvres qu'il avait patiemment préparées et laborieusement achevées, mais cela durait peu. Il a été de bonne heure reconnu chef de groupe, puis d'école, ce qui lui plaisait, bien qu'il n'en convînt pas. Les adulations l'ont, durant toute sa vie, escorté. Il a été aussi accueilli avec des huées et des injures, mais cela fait contraste, et constitue l'agréable symphonie de la célébrité. L'affaire Dreyfus lui a donné la sensation, inconnue jusqu'alors, de la popularité, de la foule, de la lutte sur la place publique, qu'il semblait, par ses oeuvres, par sa vie de cénobite, par son défaut d'expérience de la tribune, par son éloignement des candidatures et des comités politiques, destiné à toujours ignorer.
    Enfin, il a été favorisé surtout parce qu'il a passionnément aimé le travail.
    L'homme n'est heureux que par la passion, même quand il en souffre. Comme la discipline, le jeûne et les pénitences, pour l'ascète fanatique, ce fut sa grande, peut-être son unique joie, ce travail, qu'il abordait avec une sorte de frisson religieux, et pendant lequel, comme un prêtre très croyant, à l'autel, il officiait, il communiait, il s'absorbait dans une béatitude infinie.
    Aussi, toujours comme l'homme de Dieu, qui ne manque en toute circonstance d'invoquer, de bénir et de glorifier la divinité qu'il sert, il a saisi toute occasion de célébrer les louanges du Travail. L'un de ces hymnes de reconnaissance les plus éclatants est contenu dans le discours qu'il prononça, le samedi 23 mai 1893, à l'Association des Étudiants de Paris, dont il présidait la fête.
    Après le compliment de rigueur à la Jeunesse, il salua la Science et la définit :
       La Science, dit-il fortement, aurait donc promis le bonheur, et aboutirait à la faillite ? (C'était à l'époque où Brunetière avait lancé son fameux blasphème de la banqueroute de la science). Non ! ripostait Zola avec conviction et avec justesse, la science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis, la vérité !
    Et comme on avait parlé du bonheur de se reposer dans la certitude d'une foi, avec l'impétuosité d'un apôtre convertissant, prêchant un évangile nouveau, il lança ce magnifique appel au Travail, comparable au divin appel de Renan à la Beauté, dans la prière sur l'Acropole :
       Et alors pourquoi ne serions-nous pas modestes, pourquoi n'accomplirions-nous pas la tâche individuelle que chacun de nous vient remplir, sans nous révolter, sans céder à l'orgueil du Moi, qui ne veut pas rentrer dans le rang ? Dès qu'on a accepté cette tâche, et qu'on s'en acquitte, il me semble que le calme doit se produire, même chez les plus torturés.
       C'est à ceux qui souffrent du mystère que je m'adresse fraternellement en leur conseillant d'occuper leur existence de quelque labeur énorme, dont il serait bon même qu'ils ne vissent pas le bout. Et le balancier qui leur permettra de marcher droit, c'est la distraction de toutes les heures, le grain jeté en terre, et, en face, le pain quotidien dans la satisfaction du devoir accompli.
       Sans doute cela ne résout aucun des problèmes métaphysiques. Il n'y a là qu'un moyen empirique de vivre la vie d'une façon honnête, et à peu près tranquille ; mais n'est-ce donc rien que de se donner une bonne santé morale et physique, et d'échapper aux dangers du rêve en résolvant le
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