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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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inversement, rétablissant ainsi la communication primordiale entre les deux mondes. Faut-il voir dans ce personnage l’image du druide de l’ancien temps, donc l’image même du chamane  ? Le contexte dans lequel il évolue semble apporter une réponse affirmative à cette question.

CONCLUSION
    Un autre regard
     
     
    Tout le monde connaît la fameuse boutade : « la culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié ». C’est évidemment un paradoxe, mais qui correspond à une profonde réalité. En effet, on est en droit de s’interroger sur ce qu’est l’ oubli , terme tant de fois utilisé dans notre langage mais qui n’est pas toujours bien compris. L’oubli semble s’opposer à la mémoire, mais la mémoire elle-même n’est pas toujours saisie dans son sens exact, et l’on a tendance à confondre allégrement mémoire et mémorisation . Il faut pourtant marquer la différence qui existe entre ces deux mots : la mémorisation est un acte par lequel on fait surgir un souvenir qui est en quelque sorte stocké dans la mémoire . Quand on dit qu’on « perd la mémoire », en réalité on ne fait qu’avoir des difficultés pour mémoriser un élément appartenant à la mémoire . La psychanalyse a mis en évidence que notre inconscient recelait en abondance des images, des pensées, des raisonnements oubliés ou refoulés , qu’il était possible, dans certaines conditions, de faire resurgir au stade de la conscience claire, et donc de les matérialiser par le langage rationnel.
    La mémoire peut être individuelle, mais elle peut être collective, héritée non seulement du plus lointain passé de l’humanité, mais également de tout ce qui s’est dit et fait pendant des siècles et des millénaires qui séparent ce point zéro du présent actuel. Et c’est cette mémoire collective qui constitue ce qu’on appelle la culture. Mais la culture est diversement partagée à travers l’humanité, selon les circonstances et selon les époques. Elle est fluente, soumise aux caprices de l’idéologie et des opportunités, obéissant ainsi à la loi de l’offre et de la demande. C’est pourquoi on peut affirmer qu’elle est ce qui reste quand on a tout oublié. Mais qu’est-ce que ce « tout oublié » ?
    Ce ne peut être que la mémoire , cette fonction mystérieuse qui permet de stocker à l’infini les informations les plus diverses, de façon en principe indélébile et définitive, comme le disque dur d’un ordinateur. Il existe donc un « puits de mémoire », un puits sans fond dans lequel on peut à la fois puiser les éléments du passé et déverser ceux du temps présent. Le tout est de savoir mémoriser ce contenu, car il se présente parfois sous des formes floues ou incompréhensibles : c’est alors qu’on peut parler de mythe .
    Le mythe est en effet difficilement saisissable. Par nature, il est immanent, c’est-à-dire qu’il demeure sous des formes diverses, mais qu’il est en lui-même inexprimable. Pour qu’il soit exprimable, il faut qu’il passe de l’état d’immanence à celui de permanence, qu’il s’incarne en quelque sorte dans le concret au moyen d’images, que celles-ci soient verbales, plastiques ou sonores, pour ne pas dire musicales ou même gestuelles. C’est donc le mythe qui nourrit, de façon inconsciente, toutes les tentatives humaines qui conduisent à l’art, car l’art est à la fois un « artifice » et une recherche passionnée d’une réalité tout autre que celle qui apparaît quotidiennement sous nos sens.
    L’art se nourrit donc du mythe, mais il n’est pas le seul à être « mythophage » : toutes les religions, et toutes les pratiques dites religieuses, le sont aussi, sans oublier ce qu’on appelle la « mythologie ». Voici un terme étrange qui contient en lui sa propre contradiction, puisque c’est un composé de muthos et de logos , ces deux notions étant par nature inconciliables.
    Le logos est assez facile à définir : c’est le Verbe, la Parole, et par extension le langage rationnel et donc la « science ». Vincent Bounoure, dans son remarquable essai sur le Mythe {167} , en donne une interprétation rigoureuse : pour lui, c’est une « parole d’une certitude inhumaine comme on le voit quand il devient lex chez les Latins, c’est-à-dire parvient à l’empire pour distribuer les compétences entre les juridictions diverses de l’État et de la pensée ». Car il ne faut pas
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