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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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INTRODUCTION
    Démêler l’écheveau
     
     
    Ce qu’on appelle le « millénarisme » est, sinon un lieu commun, du moins le fonctionnement absurde d’une tradition transmise de génération en génération qui veut absolument mettre des dates précises sur les moments les plus importants de l’évolution de l’humanité. L’an Mil a excité toutes sortes de frayeurs et de fantasmes qui se sont finalement révélés comme des aberrations de l’esprit. Il en a été de même pour l’an 2000, à cela près que cette entrée dans le troisième millénaire (résultat d’une chronologie parfaitement arbitraire !) a été marquée par la généralisation de la révolution électronique, mettant le monde entier à la portée de n’importe quel individu par la vertu d’une technique de plus en plus sophistiquée, sans que pour autant l’intelligence humaine en soit arrivée à un stade supérieur. Car l’homme du XXI e  siècle n’est pas plus intelligent que celui du Paléolithique supérieur, vers – 40 000 ; il dispose seulement de beaucoup plus d’informations et peut en quelques secondes calculer ce que son ancêtre préhistorique mettait des années et des siècles à concrétiser, pour ne pas dire à rationaliser . Il s’ensuit un sentiment de supériorité qui fausse tout jugement de valeur et surtout, vu le mélange d’informations diverses qui lui parviennent, un confusionnisme à peu près total, phénomène naturel dans lequel le cerveau humain, débordé de partout, n’arrive plus à faire le tri dans ce qu’il reçoit. D’où la tendance actuelle, renforcée par le succès d’une technologie unique – et surtout unificatrice, donc réductrice –, à privilégier une croyance aveugle en un adage vaguement panthéiste : tout est dans tout.
     
    Or, cette belle certitude n’est qu’un leurre. Tout n’est pas dans tout , mais le tout (qu’il soit humain ou divin) ne peut être que la conjonction – et non pas l’addition – d’une infinité d’informations parcellaires, généralement indépendantes les unes des autres, donc uniques, qui donnent naissance à un ensemble, cohérent ou non, considéré, selon les cas et les circonstances, comme définitif ou provisoire. C’est alors qu’apparaît le danger du syncrétisme (qu’on pourrait facilement dénommer par dérision le syncrétinisme ), ennemi mortel de la synthèse, laquelle n’est autre que le résultat d’une lente assimilation (on pourrait dire « digestion ») d’éléments hétéroclites et hétérogènes qui constituent une nourriture brute nécessaire à l’évolution – sinon à la survie – de l’esprit humain. Mais, comme dans toute opération physiologique de ce genre, il y a nécessairement des déchets non assimilables. C’est le cas dans le domaine de la spiritualité, ou tout au moins de la métaphysique et de la religion considérée comme un ensemble socioculturel organisé et régi par des normes définies d’avance et surtout reconnues et acceptées par une collectivité déterminée. Par conséquent, dans le melting-pot que constitue le brassage permanent des idées, des croyances et des convictions, des choix s’imposent : il n’est pas bon d’ingurgiter des champignons reconnus comme mortels, pas plus qu’il n’est bon d’accepter n’importe quelle notion venue on ne sait d’où sous prétexte qu’elle est nouvelle et qu’elle pourrait déboucher sur des révélations inédites. L’esprit humain se meut à travers des paysages qui ne sont pas toujours favorables à son épanouissement.
    Or, le confusionnisme actuel ne semble pas connaître de limites. Sous prétexte d’œcuménisme, on va tenter d’opérer une fusion entre le catholicisme romain, le protestantisme calviniste, l’orthodoxie byzantine et l’anglicanisme (qui n’est en fait qu’un catholicisme réformé !), sans se rendre compte des divergences fondamentales qui existent entre ces diverses confessions quant à l’interprétation de textes apparemment fondamentaux. De même, sous prétexte de revenir aux origines, on va s’efforcer de concilier les trois religions dites monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, alors qu’aucune de ces confessions n’a la même approche du « divin », et qu’en dernière analyse, ce qu’on appelle le polythéisme n’est peut-être pas une « croyance en plusieurs dieux » mais simplement la lente dégénérescence d’un monothéisme
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