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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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mythologiques, par des contes populaires ou des coutumes ancestrales qui perdurent. De même, l’intérêt que l’on porte aux croyances et aux pratiques des chamanes se justifie pleinement par le fait qu’elles sont à l’image d’une société archaïque qui n’a pas été, ou très peu, altérée par le contact des idéologies contraignantes qu’impose toujours un régime, quel qu’il soit, politique, philosophique ou religieux. On peut toujours découvrir du nouveau quand on fouille dans le passé avec un autre regard .
    Le déséquilibre qui caractérise la civilisation industrielle contemporaine, parvenue à un très haut degré de technologie, mais à un bien moindre degré d’évolution psychique, a conduit à un malaise, à une sorte de « mal vivre ». Il est difficile, dans les circonstances présentes, de parvenir à une satisfaction psycho-affective complète. Et puis, l’angoisse naît de la constatation que le « ce qui va de soi » n’est pas une certitude absolue. Le doute est venu ronger le dogme, un dogme de tranquillité, un dogme sécurisant auquel on a cru pendant des siècles, et qui n’est plus acceptable aujourd’hui que dans un musée. Alors, quand les grandes options qui ont fait une civilisation bien déterminée sont remises en cause, il est urgent de se tourner vers des sources d’énergies nouvelles. La tradition celtique et la tradition chamanique sont deux de ces sources. Elles sont en quelque sorte vierges, n’ayant que très peu été utilisées en dehors de leurs territoires d’origine. Et surtout, elles apparaissent comme un contrepoids indispensable contre l’écrasante pesanteur d’une société où la planification s’insinue dans les moindres gestes de la vie quotidienne. En un mot, face au vertige qui saisit les êtres humains au milieu de la civilisation universaliste qui est la nôtre, le remède paraît bien être le recours, non pas au passé en lui-même, mais aux enseignements de ce passé oublié revus et corrigés par les données de l’actualité.
    Car si l’intérêt que suscite la tradition n’était qu’une simple mode, elle ne pourrait constituer qu’un futile dérivatif, une façon d’échapper au réel, donc une fuite. Ce serait aussi vain que de conserver dans un musée des reliques d’un certain passé, datées et bien rangées, pour les soumettre à l’admiration sans conséquence d’un public toujours séduit par les mystères des temps obscurs et prêt à rêver devant les paysages d’un autre monde. Ce serait aussi méconnaître la valeur essentielle du témoignage apporté par la tradition : comment des hommes et des femmes ont-ils réagi devant telle ou telle circonstance, comment ont-ils découvert des solutions qui, pour être provisoires, n’en ont pas moins été des remèdes efficaces ? Les chamanes étaient – et sont encore – des « hommes médecine ». Les druides ont été des prêtres, mais aussi des médecins utilisant la matière végétale pour tenter de guérir les malades. Pourquoi ne pas utiliser leur savoir ? À condition, bien entendu, de le retrouver.
    C’est là la difficulté. Pour retrouver le plein emploi de cette tradition, il faut la replacer dans son contexte. Une solution de facilité consiste à utiliser des substances hallucinogènes qui font « décrocher » le chercheur. Mais c’est un moyen artificiel. Le poète et peintre Henri Michaux l’a expérimenté, mais par curiosité intellectuelle et sous surveillance médicale. Un autre poète, Antonin Artaud, s’est lancé éperdument dans cette quête, d’abord en Irlande, ensuite chez les Amérindiens. Il est devenu fou, n’ayant pas supporté cette période intermédiaire où le futur chamane doit affronter ses démons intérieurs en une crise morbide qui peut se révéler tragique. Bien qu’on ne puisse faire confiance à Carlos Castañeda, il faut reconnaître qu’il met en évidence les dangers que représente une expérience extatique si elle n’est pas guidée et surveillée par quelqu’un qui en est déjà sorti vainqueur. On ne pénètre pas impunément dans le royaume interdit.
    Car, en définitive, il s’agit bien de cela : l’Autre Monde est un domaine interdit à ceux qui ne le méritent pas, ou qui n’y sont pas suffisamment préparés. Les mystiques chrétiens, très mal vus de leurs contemporains d’ailleurs, étaient nourris des Écritures. Ils les avaient lues, relues et méditées. Ils ne
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