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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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autres. C’est ainsi que Maelduin et ses compagnons parviennent à une île de dimensions modestes, « où s’élevait une forteresse, à la porte apparemment en bronze, à laquelle on ne pouvait accéder que par un pont de verre ». Les navigateurs abordent dans l’île et se dirigent vers la forteresse, bien décidés à parler à ceux qui devaient y habiter. «  Mais dès qu’ils s’engagèrent sur le pont de verre, ils tombèrent tous à la renverse, étant incapables de tenir debout sur cette surface très glissante {126} . »
    Il serait tentant d’interpréter ce « pont de verre » comme un « pont de glace », ce qui expliquerait rationnellement pourquoi les navigateurs ne peuvent y tenir debout. On peut également penser au pont bifrost de la mythologie scandinave, qui permet l’entrée au royaume des dieux, et qui ressemble fort à un pont de glace. Mais la suite de l’histoire montre qu’il s’agit en fait d’un pont magique, quelle que soit sa nature, qui relie le monde des vivants à un domaine interdit. Car Maelduin et ses compagnons « se trouvaient dans cette position fort embarrassante quand ils virent une femme sortir de la forteresse, un seau à la main. Lorsqu’elle fut arrivée à la partie la plus basse du pont, elle souleva une plaque de verre et remplit son seau à une fontaine qui jaillissait d’en dessous du pont. Puis, sans même paraître s’apercevoir de la présence de Maelduin et de ses compagnons, elle rebroussa chemin et rentra dans la forteresse ». Cela ne fait que susciter la curiosité des navigateurs : « En rampant, ils parvinrent jusqu’à la porte de bronze. Avec leurs épées et leurs boucliers, ils la heurtèrent longtemps dans l’espoir qu’on viendrait leur ouvrir. Mais le bruit qu’ils faisaient sur le bronze se transforma en une douce musique qui les endormit jusqu’au matin. »
    Le même manège se reproduit trois jours et trois nuits. « Ils furent ainsi sans nourriture et sans breuvage. Au matin du quatrième jour, la femme alla vers eux. D’une grande beauté, elle portait un manteau blanc, un collier d’or autour de son cou, un diadème d’argent sur sa chevelure noire. Elle était chaussée de sandales d’argent blanc qui faisaient ressortir le rose de ses pieds et, sur son manteau, était épinglée une broche d’argent cloutée d’or. Et son manteau, légèrement ouvert par la brise du matin, laissait voir une chemise de soie très fine sur sa peau blanche. » La femme les conduit alors dans une maison très confortable, avec des lits préparés pour chacun, tout près du rivage, mais elle ne leur fait pas franchir le pont . Mais elle leur apporte « un panier qui contenait une nourriture qui ressemblait à du fromage ou à du lait caillé. Elle distribua la nourriture à chacun d’eux, et chacun y trouvait le goût et la saveur qu’il désirait. Ensuite, elle alla remplir son seau sous la même dalle du pont de verre et leur en offrit le contenu. Enfin, quand elle les vit tous rassasiés, elle les quitta et regagna la forteresse ».
    La nourriture ainsi dispensée et à laquelle chacun trouve le goût qu’il désire fait évidemment penser au repas du Saint-Graal tel qu’il est décrit dans les textes du XVIII e  siècle. Effectivement, la forteresse interdite peut être considérée comme l’équivalent du Château du Graal. Elle n’est accessible qu’à ceux qui le méritent. Et la fantasmagorie continue : « Cette nuit-là, Maelduin et ses compagnons dormirent profondément dans la maison. Mais, quand ils s’éveillèrent, ils s’aperçurent qu’ils se trouvaient dans leur bateau, au milieu de la mer. Jamais ils ne retrouvèrent l’île mystérieuse, ni la forteresse, ni le pont de verre, ni la maison près du rivage où ils avaient dormi, ni la femme qui leur avait servi une nourriture et une boisson merveilleuses {127} . » Ont-ils été sous le coup d’un sortilège ? Ont-ils été plongés dans un état d’extase par la volonté de cette étrange femme qui vit de l’autre côté du pont  ?
    Cependant, il arrive que ce pont reliant les deux mondes, pont mythique bien sûr, peut revêtir un aspect surprenant, qui n’est pas exempt d’enseignement profond. Dans la seconde branche du Mabinogi gallois, recueil de récits mythologiques collectés au XII e  siècle, mais issus d’une tradition qui remonte très loin dans le temps, se trouve en effet un épisode qui ne manque ni de pittoresque ni
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