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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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perfectionne ses connaissances. Il s’en va ensuite chez une autre femme guerrière, Aifé, fille d’un roi de Grande Grèce ( sic ). « Celle-ci l’accueillit aimablement et amoureusement, car il était beau et plaisait à toutes les femmes. Et cette nuit-là, il eut la fête de la main et du lit avec elle et resta en sa compagnie pendant une année entière. » C’est d’ailleurs pendant ce séjour qu’il apprend un « tour » secret, le gai bolga , coup magique qu’il sera le seul au monde à connaître et qui fera de lui un guerrier invincible. Et quand il prend congé de Aifé, celle-ci lui avoue qu’elle est enceinte de lui et qu’elle donnera naissance à un fils.
    Il s’en va néanmoins après avoir demandé à Aifé de lui envoyer ce fils lorsqu’il aura l’âge de porter les armes. Voici donc le héros livré à lui-même. « Il sentit son esprit angoissé pendant tout le jour. Il chemina longuement, tout pensif, avant d’atteindre le Pont des Sauts, non loin de la forteresse de Scatach. » C’est alors que se place un étrange épisode qui souligne une fois de plus l’importance du « pont » dans cette recherche des mystères de l’Autre Monde.
    En effet, « il aperçut soudain quelque chose d’inimaginable, de merveilleux, d’horrible, de monstrueux, à savoir une femme fort laide, fort grande, fort vieille, qui, debout de l’autre côté du pont, tenait en sa main un récipient de métal tout empli de boules de fer hérissées de pointes acérées. Alors, il reconnut en elle une sorcière nommée Ess Enchenn dont, se souvint-il, il avait tué les trois fils au cours d’un combat périlleux ».
    Il faut essayer de bien comprendre la situation. Visiblement, la sorcière veut traverser le Pont des Sauts, mais elle est de l’autre côté, c’est-à-dire que Cûchulainn, lui, se trouve toujours dans le domaine plus ou moins magique des femmes guerrières, qu’on peut d’ailleurs assimiler à l’Autre Monde, tout au moins à l’un des aspects concrets de celui-ci. Et la sorcière manifeste le désir d’y pénétrer. Cependant, elle s’aperçoit bien que Cûchulainn, de l’autre côté, constitue un obstacle. Elle lui crie de lui laisser le libre passage, mais Cûchulainn lui répond : « Ce que tu me demandes est impossible. Ce pont ne peut être franchi que par une seule personne, et cette personne ne peut être que moi. Il est si mince et si glissant que nul ne s’y peut tenir s’il n’en a appris l’art et la manière. »
    La sorcière insiste et menace Cûchulainn des pires maux. Alors, celui-ci « enserra le pont de ses bras et de ses jambes et s’y étendit sur le dos, en travers. Mais la sorcière, par un coup dont elle avait le secret, bondit sur lui, le saisit brutalement et le blessa. Il se vit perdu s’il ne réagissait au plus vite et, sautant en l’air, il se balança au-dessus du pont comme s’il flottait dans le vent, puis, fondant sur la sorcière, il tira son épée et, d’un seul coup, lui en trancha la tête. Ainsi périt Ess Enchenn, la maudite, pour avoir osé défier Cûchulainn {124}  ».
    Ainsi donc le héros, admis dans le domaine de Scatach par sa valeur et son initiation, se présente ici comme un des gardiens du Pont des Sauts, et c’est en tant que tel qu’il empêche la sorcière de le franchir. Il arrive souvent, dans les anciennes épopées, comme dans certains contes populaires, que le « gardien du seuil » soit remplacé par un imprudent qui accepte de prendre sa place, ne serait-ce qu’un moment. C’est ce qui se produit dans un court récit breton recueilli dans le Morbihan au début du XX e  siècle, les Trois Poils du diable  : là, le « gardien du seuil » est un passeur qui fait franchir une large rivière à ceux qui veulent aller « chez le diable », mais qui sont avertis qu’ils ne reviendront pas de leur expédition. Et le héros du récit, après quelques péripéties, se débarrasse d’un gêneur, en l’occurrence un de ses frères, en l’envoyant prendre la place du passeur {125} .
    On peut découvrir un autre pont « périlleux » dans le récit de la Navigation de Maelduin , sorte de doublet plus récent de la Navigation de Bran , à ceci près que le héros ne s’embarque pas pour rejoindre la reine de l’île des Fées mais pour venger le meurtre de son père. Au cours de son voyage sur la mer, il va, comme Bran, d’île en île, toutes étant plus mystérieuses les unes que les
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