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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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fait chair. » Cela démontre aisément que la théologie des druides mettait en avant la puissance du Logos dans la création, puis le déroulement de l’univers. L’énergie divine n’est pas physique, elle est spirituelle.
    Mais si ces quelques informations tirées des auteurs grecs et latins nous renseignent efficacement sur le dogme enseigné par les druides, qu’en est-il des rituels et des cérémonies ? Sur ces points, les textes proprement historiques sont plutôt rares et fragmentaires. Le seul, le plus connu, qui contient une description détaillée d’un rituel religieux (encore qu’il faille le considérer dans sa totalité et non pas dans la version tronquée qu’on en donne généralement), est celui de Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle à propos de la cueillette du gui, suivie d’un sacrifice de deux jeunes taureaux. Mais on n’est guère renseigné sur cette cérémonie incantatoire contre les flots signalée par Aristote et Strabon, pas plus que sur la coutume sacrée qu’avaient les Gaulois (et plus tard les Irlandais) de couper la tête de leurs ennemis afin de les conserver dans leurs « temples », selon Tite-Live, ou encore sur les soi-disant sacrifices humains dans des mannequins d’osier livrés aux flammes, comme le rapporte César. Tout ce que l’on apprend, c’est que les sanctuaires druidiques, non bâtis en pierres mais parfois entourés d’une enceinte en bois, se trouvaient toujours dans des endroits isolés, au milieu des forêts, dans le fameux nemeton , c’est-à-dire une clairière sacrée ouverte sur le ciel, et que les représentations des divinités consistaient en simulacra , c’est-à-dire en poteaux de bois (ou en blocs de pierre, les lec’h ) ne comportant aucun élément figuratif.
    Une autre approche historique importante se trouve dans la Vie d’Agricola (chap. XV) et les Annales (chap. XIV) de l’historien latin Tacite à propos de l’île de Mona ( Môn en gallois, Anglesey en anglais) qui passait pour le centre même de la religion druidique. Ce n’est pas sans rappeler ce que prétendait César, à savoir que l’origine de la religion druidique se situait dans l’île de Bretagne. Or, l’île de Bretagne ayant été conquise en partie par les Romains au 1 er  siècle de notre ère, les divers peuples bretons se soulevèrent plusieurs fois, en particulier en 61, et pour s’attaquer au cœur de la révolte, le général romain Suetonius Paulinus décida d’attaquer l’île de Mona « peuplée d’habitants courageux et refuge de tous les exilés ». Et il n’hésite pas à employer les grands moyens, faisant passer une partie de son armée sur l’île à l’aide de bateaux plats, et une autre partie à gué, à marée basse. Mais la bataille qui va se dérouler prend une allure fantastique.
    En effet, Tacite ne peut s’empêcher, en relatant cette tragédie, de laisser paraîtra sa stupéfaction : « Le rivage était bordé par l’armée ennemie qui présentait une forêt d’armes et de soldats au milieu desquels ne cessaient de courir des femmes, telles des Furies, criant des imprécations, vêtues de robes noires, les cheveux épars, des torches dans les mains. Tout autour, des druides, les mains levées vers le ciel, hurlaient de sauvages malédictions. Ce spectacle saisit d’effroi nos soldats. » Cela n’empêche pas le désastre : les Romains massacrent tous ceux qu’ils trouvent devant eux. Mais, à cette description, on comprend que les Bretons, sous la direction de leurs druides, sont en train de pratiquer un rituel de conjuration destiné à éloigner leurs ennemis {30} . Mais Tacite est incapable de donner des détails sur les paroles que vociféraient les femmes et les druides de Mona.
    Ce manque de données précises a provoqué bien des erreurs d’interprétation et bien des rêveries sans fondement, comme celles sur les sacrifices opérés sur les monuments mégalithiques, qu’on considérait encore au début du XX e  siècle comme les « autels des druides » et autres tables sacrificielles. C’est dire que les témoignages historiques sérieux concernant la religion druidique à l’époque où elle était répandue dans une grande partie de l’Europe ne sont guère utiles si l’on veut entreprendre une étude systématique de la vie religieuse qui était celle des Gaulois avant qu’ils ne succombent à leurs voisins, Romains et Germains, et surtout avant que l’ensemble des peuples
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