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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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dit Molière, qu’il dorme. Demain, il fera jour, nous lui montrerons la porte. Attendez-moi dehors, nous sortons. Je vous rejoins.
    — Bien, dit Julien, alors, à tout de suite.
     
    Molière finit de se maquiller. Il va sans doute se sentir un peu seul maintenant que son adversaire vient de tirer sa révérence. Mais Molière ne se fait pas d’illusion, le talent est une plante rare, qui ne pousse que dans le cœur de l’homme, quand ces parasites sont légion : ils fleurissent dans tout salon, et ces salons ne cessent de croître en réputation, lui fournissant toujours tout à la fois de nouvelles cabales d’ennemis et de nouveaux sujets d’étude, ils sont la source même de son inépuisable inspiration. Soudain Molière se fige. La petite porte, sa porte dérobée vient de s’entrouvrir.
    Le comédien est pris d’un frisson.
    Il n’ose se retourner. Ses ennemis lui auraient-ils envoyé un assassin ? Va-t-il connaître le même sort que cet homme, assoupi dans son théâtre ? Doit-il également faire ses adieux ? Maintenant, quand tout semble lui réussir. J’ai tant de choses à faire encore !
    — Qui êtes-vous ?
    Un homme s’avance, l’épée au fourreau, couvert d’une longue cape et d’un large feutre. Il porte un masque. Un long masque qui lui couvre tout le visage.
    La main de l’homme se dirige vers son visage, elle retire la protection. Molière ne le reconnaît pas sur-le-champ. Il porte une barbe pour cacher ses cicatrices le long de sa joue. Mais sous cette barbe… serait-ce possible ? Depuis tout ce temps, dix-huit ans. Molière se lève, son cœur bat à tout rompre.
— Hercule ? C’est toi !
    Oui, c’est bien Hercule. Les deux hommes se prennent dans les bras, comme des frères. Molière tend un siège à son vieil ami. Il est si fier de le recevoir ici, dans ce théâtre, dans ce palais ! Ils ont tant de choses à se dire !
    Ce masque ! Quelle heureuse trouvaille !
    Molière s’apprête à saisir sa bouteille de vin de Beaune, mais ce qu’il faut, c’est du vin de Champagne. Il ouvre une bouteille, remplit une coupe et l’apporte à son ami.
    Hercule accepte le verre, mais il est grave comme un tombeau, se traits sont tirés.
    Molière ne le voit pas encore, mais il est blessé. Blessure de guerre.
    Avant même de porter la coupe à ses lèvres, il en vient aux faits, avec franchise : — Molière, mon ami, j’ai besoin d’aide.

II
    Les affaires reprennent
    Agent privilégié ! Belle promotion, en vérité ! se dit d’Artagnan.
    Il est épuisé, physiquement et moralement.
    Il a peu dormi, il a été malade, il a affronté la vindicte populaire, il a vomi de rage et de colère. Par devoir, pour honorer sa parole et pour ne pas perdre sa tête, il a agi contre sa conscience, contre son cœur.
    Arrêter Fouquet !
    Cet homme, d’Artagnan l’estimait avant de le connaître. Par la suite, en l’ayant approché de plus près, en ayant été son geôlier, le chevalier n’a cessé d’en vouloir au roi. Quel sacrifice pour la France ! Quelle honte ! Quelle injustice ! Quel crime !
    Mazarin aurait été furieux. Colbert a beau jeu…
    Grâce à Son Éminence, disparu quelques mois plus tôt après tant d’années de lutte et d’épouvantes, la paix est enfin revenue dans le royaume ainsi qu’aux frontières. Mais les ombres de la guerre menacent de ressurgir à l’horizon. Louis XIV aspire aux conquêtes.
    À bout de forces, ne songeant qu’à souper, à dormir, à retrouver demain la femme qu’il aime, d’Artagnan arrive enfin chez lui.
    Planchet lui fait bon accueil. La soupe est chaude, le lit est prêt, le vin est tiré.
    Quantité de lettres entassées sur un bureau attendent le mousquetaire.
    D’Artagnan n’y veut pas prêter attention. Nous verrons cela demain. Ce soir, repos. Mais alors que le chevalier se met à table, Planchet, après avoir rempli le verre de son maître et s’être servi lui-même à rouge bord, Planchet, disons-nous, s’absente un court instant et revient. Il tient deux lettres dans sa main.
— J’ai dit demain, Planchet.
    — C’est que demain, il sera trop tard. Ceci et cela doivent être ouvertes ce soir. Je le sais parce que ceux qui sont venus me les remettre pour vous, pardi, ont bien insisté. Dame, respirez ce parfum au dos de la lettre, chevalier. La première est d’une dame… et les dames ne peuvent attendre.
    — Tu dis vrai, Planchet, fais donc voir…
    D’Artagnan s’essuie les lèvres et déchire l’enveloppe
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