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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front
Autoren: Sven Hassel
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légionnaire, Madame a besoin de quelque chose de fortifiant.
    Autre verre avec la drogue de Tante Dora. Soudain, Lisa se trouva debout, bizarrement ivre d’un seul coup. Elle devint sauvage. Oubliant son arrogance, elle dansa avec Bauer, avec Stein, avec Petit-Frère, elle but avec le légionnaire. Son ivresse augmentait. Elle jeta ses vêtements dans une des petites niches à rideaux et Ewald l’emporta à l’étage au-dessus.
    La Tante Dora, les yeux mi-clos, écoutait les confidences du légionnaire, des confidences pas ordinaires, d’obscénités et de tueries. L’amie de Lisa, Gisèle, en profita pour se glisser le long du mur en direction de la porte, mais celle-ci était gardée par le Belge qui sourit aimablement.
    – On ne quitte pas le monde ainsi, Madame.
    Gisèle ne buvait pas, elle fumait et elle avait chaud. Elle s’assit près de moi et je lui demandai si elle voulait coucher avec moi ; moi aussi j’étais ivre, je savais que je me conduisais mal, mais qu’importait ! Demain nous serions morts. Elle secoua la tête en balançant son pied chaussé d’un escarpin de soie rose.
    « Elle doit être riche », pensai-je. – Couche avec moi, dis-je.
    Elle fit celle qui n’entendait pas et profita d’une nouvelle bagarre de Petit-Frère pour disparaître mais en oubliant son sac. Il contenait une carte d’identité avec son adresse, et de l’argent sur lequel le légionnaire préleva cent marks.
    – C’est le prix de l’expérience, dit-il en commandant son dix-huitième verre. Elle viendra elle-même chercher ses papiers chez toi, tu ne dois pas les lui rapporter, continua-t-il comme s’il avait lu dans mes pensées.
    Lisa portait un nom avec « von » et habitait près de l’Alster ; c’était sans aucun doute une femme riche.
    – Elle doit en avoir plein le cul, dit Ewald en se léchant les babines.
    – Si tu y touches… commença doucement le légionnaire en jouant avec son couteau. Ewald frissonna et rit jaune ; ses immondes yeux de souteneur roulaient comme des billes. On vit Petit-Frère se dresser et lancer son couteau qui se planta entre les doigts d’Ewald mais sans lui faire mal.
    – Qu’est-ce que t’es ?
    – Un chien puant, bégaya Kwald qui fixait hypnotisé le couteau vibrant pris sur un homme de la lointaine Sibérie, un homme que l’on tua à coups de pieds près de Tcherkassy parce qu’il avait énucléé l’œil d’un lieutenant de chasseurs du 104 e . Petit-Frère avait pris le couteau dans la botte de cet homme et s’en servait merveilleusement. Un jour, à l’Est, nous partîmes en reconnaissance de l’autre côté d’un pont qui paraissait vieux parce que personne ne voulait l’entretenir ; c’était un pont de fer et de bois. Nous avions traversé ce pont sans traîner ; nos bottes résonnaient sur le métal ; la rivière riait au travers des planches, méchamment, car elle savait ce que nous ignorions, la bonne surprise qu’Ivan nous réservait.
    Nous marchions en bavardant comme toujours et Petit-Frère venait en dernier. Il était de fort mauvaise humeur car depuis trois jours nous n’avions pas été ravitaillés, et surtout parce que Alte lui avait interdit de violer une des femmes-soldats faites prisonnières la nuit dernière.
    – Je te tue comme un chien si tu y touches, avait grondé Alte menaçant.
    Donc Petit-Frère, morose et le meurtre au cœur, traînait derrière nous sur le pont. En passant, il donna un coup de pied rageur à une motte de glaise qui tomba dans la rivière gazouillante et contribua encore à le retarder. La patrouille avait disparu dans le brouillard d’où parvenait le murmure des voix. Tout à coup, il s’arrêta net. Emergeant de la brume épaisse une silhouette légère venait d’enjamber la rambarde du pont et se glissait avec des ruses de chat sur nos talons.
    A l’instant, Petit-Frère devint un autre homme, ses bottes cessèrent de craquer et le gorille transformé en panthère noire s’évanouit à la suite de l’homme dans la vapeur grise.
    Un cri rauque. La patrouille devenue muette se redressa comme un seul homme. On entendit des gémissements puis des pas qui martelaient le fer. Nous avions saisi nos mitraillettes. Alte clignait des yeux, Porta dévissait une grenade à main et Stege tremblait comme toujours lorsqu’il se passait quelque chose.
    De la grisaille surgit Petit-Frère tirant par les pieds une forme sans vie. Il la jeta devant nous et ricana : – Déjà vu
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