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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front
Autoren: Sven Hassel
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morceau à la figure blêmissante du Tchèque, et marcha vers lui.
    Mouritz avec un cri de terreur se laissa glisser sous son lit, sur lequel Petit-Frère s’étala tout botté en tirant sur son lard qu’il n’arrivait pas à diviser. A cet-instant, une infirmière entrebâilla la porte, ne vit qu’une chose, le géant tout botté sur le lit, et fila les yeux hors de la tête chercher l’infirmière-major. Celle-ci arriva au trot. Le spectacle du géant vautré, le lard dans une main, la bouteille dans l’autre, lui coupa le souffle.
    – Etes-vous fou ? cria-t-elle.
    Petit-Frère retira la bouteille de sa bouche et cracha, par-dessus le lit, dans un crachoir qui se trouvait près de la porte. L’infirmière évita le jet de justesse. Il renifla violemment.
    – Qu’y a-t-il, vieille truie ?
    Nous haletions. Il était ivre et capable de tout.
    Récemment, il s’était bagarré avec une fille dans une chambre d’un troisième étage. La fille prétendait lui faire prendre un bain avant de coucher avec lui. En guise de protestation, il avait précipité la baignoire par la fenêtre et le bruit avait fait dégringoler tout le monde à la cave car on avait cru à un bombardement.
    Les yeux de l’infirmière-major, dite « Boule de suif », disparurent dans son visage lunaire. – Tu oses ? siffla-t-elle, et se penchant sur le géant tranquillement couché sur le lit : – Debout, porc ! Ou tu apprendras à me connaître.
    – Epargne tes munitions, ma grosse. Je te connais. On t’appelle « Boule de suif », et moi « Tas de lard ». Allez, file !
    Le sang monta au visage de la grosse femme :
    – Debout, ruminant ! – Prenant les épaules de Petit-Frère, elle le souleva, à notre stupéfaction, et le jeta par terre où il atterrit avec fracas. Absolument émerveillé, il s’assit et la regarda sans un mot. Boule de suif arrangea le lit, jeta le lard et le kummel dans la boîte aux ordures et sortit sans prononcer une parole.
    – Sainte Mère de Dieu, prononça la grosse brute, je me battrais bien avec elle.
    « Quel combat ! Vous voyez ça, les gars ?
    – Elle t’étoufferait comme un caneton, opina Bauer.
    – Je la violerai, cette truie, je la violerai !
    La porte se rouvrit et Boule de suif la remplit.
    – Assez crié, grosse brute. Il y a des malades. Si tu continues tu auras affaire à moi. – Elle fit claquer la porte sans souci des malades.
    – Quelle femme ! dit Petit-Frère hilare. Il alla repêcher sa bouteille dans la boîte aux ordures et la vida d’un trait.
    – Tu te casseras le cou un jour à cause de ta mauvaise éducation, dit doucement le légionnaire étendu sur son lit, près de la fenêtre. C’était le meilleur de la chambrée et il l’avait occupé dès la première minute de son arrivée. Le lit appartenant au Tchèque
    Mouritz qui protesta poliment. Le légionnaire le regarda en dessous, sans répondre. Comme Mouritz insistait, Kalb posa son journal et se leva lentement.
    – Merde, mon camarade !
    – Tu dis ? fit Mouritz d’un air incompréhensif.
    Nous sentions venir une belle bagarre. Petit-Frère s’approcha comme un ours qui sent le miel et Mouritz ne vit pas l’ouragan, mais il se sentit empoigné par des griffes de fer et fut jeté sur le plus mauvais lit situé près de la porte. Son occupant était toujours réveillé par les autres pour éteindre ou allumer.
    – Tu es un simple porc, dit doucement le géant, et tu as bien demandé ce lit, n’est-œ pas ?
    – Oui, capitula Mouritz. – Petit-Frère leva un sourcil. – Monsieur le première classe, se hâta d’ajouter le Tchèque.
    – Bien, fit l’autre satisfait.
    Il obligea Mouritz à chanter un psaume de neuf versets sur la rédemption du monde, puis lui ordonna d’aller se coucher. Lui-même se mit à hurler une chanson qui aurait pu lui procurer la corde pour haute trahison, puis jeta une bouteille par la fenêtre ouverte d’où montèrent de violentes protestations. Il était de plus en plus ivre. Un coup de poing appliqué l’étourdit enfin, et le repos de la nuit envahit la chambrée.
    La Tante Dora ne pensait qu’à l’argent. Elle vivait assise derrière le bar, juste sous l’espadon empaillé, et sirotait à longueur de journée son aquavit à l’angustura en ne perdant pas un détail de ce qui se passait chez elle.
    Le petit légionnaire siégeait devant elle en buvant son pernod : – Une invention du diable, disait-il, mais on ne s’en rend
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