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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front
Autoren: Sven Hassel
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milliers de voix entonnèrent : « Viens, douce mort, viens… » L’Homme gris hocha la tête d’un air ravi et tâta le fil de sa. faux, une faux resplendissante. Elle tranchait comme la grande guillotine de Plötzensee ou de Lengries. Pourtant ce fut une hache qui trancha la tête d’Ursule à Kolyma…
    – Que dis-tu imbécile ? Ta maîtresse était à Berlin, tu sais bien, la juive qui couchait avec les S. S. par sens de l’humour… Magnifique fille ! Ne bave pas, crétin… Il fut un temps où tu étais un soldat, et voilà que tu grelottes de peur devant l’Homme à la Faux ! Claque des talons, redresse-toi et prends congé. Dès le seuil, tout le monde t’aura oublié. Viens, vautour… Viens, emporte-moi ! Crois-tu que je te craigne ?
    L’Homme gris se leva. Il s’enveloppa de sa pèlerine noire et s’approcha de mon lit… lentement…
    – Je hurlai. L’infirmière accourut et m’essuya le front. Dieu que sa caresse était fraîche… Il pleuvait. Des gouttes monotones qui calmaient les nerfs. L’Homme à la Faux avait disparu en emportant deux d’entre nous.
    Sept jours plus tard je changeai de salle, et retrouvai dans la même chambre Petit-Frère et le légionnaire. Petit-Frère s’était déjà fait coller sept jours de taule à sa sortie pour avoir crié : « Hourrah ! Voilà les putains. Au plumard, camarades ! » à l’apparition de l’infirmière-major flanquée de ses acolytes. Chahut monstre naturellement et sanctions de la part du médecin-chef. Notre malheureux camarade n’y comprenait rien. Il n’avait pas encore saisi la différence entre un hôpital et un bordel.
    – On en voit de belles, ici ! dit le légionnaire goguenard. Il y a des infirmières qui ont le feu au derrière. J’ai eu tous les potins par Hansen qui est ici depuis dix-sept mois. Tenez, l’infirmière Lise par exemple, elle a essayé tout le régiment dans l’espoir d’avoir un fils ! Rien à faire, mais elle continue tout de même. Elle dit que c’est un devoir national !
    Un beau jour, empaquetés dans des couvertures, nous fûmes installés sur une terrasse d’où nous pouvions voir l’Elbe étinceler et les péniches que l’on halait à contre-courant. Les heures s’écoulaient devant cette vue, au bruit rythmé du marteau-riveur de l’usine de Stulpen.
    Il fallut rééduquer mes jambes paralysées. Le dernier éclat d’obus reçu en grimpant la falaise avait intéressé la colonne vertébrale. Une infirmière m’apprit à marcher. Je souffris sang et eau, mais peu à peu la patience de cette femme laide et dévouée fit merveille. Son nom ?’Je l’ai oublié. On oublie les noms de ses amis, ceux des ennemis, jamais.
    Petit-Frère mettait son poing noueux sous le nez de ses compagnons de salle.
    –  Et il cogne, j’aime mieux vous prévenir ! Si jamais vous me laissez manquer de bière vous pourrez numéroter vos abattis.
     

PETIT-FRERE DICTATEUR
     
    LA Russie – ou plus exactement ce que nous connaissions de la Russie, le front de l’Est – nous semblait loin. Ce nom restait pour nous le symbole de l'a/bruit rythmé du mar-ements, >enfer, mais un enfer dont l’horreur dépassait en sadisme tous ceux que les religions auraient pu inventer pour faire peur aux pécheurs. Oui, nous en étions loin, mais nous étions blessés, malades, lubriques, ivres de vivre et d’oublier. Nous foutant de tout puisque demain nous serions morts.
    Hambourg. Un bon hôpital, quelques bons médecins, d’autres moins bons, des infirmières de tout acabit. On nous avait un peu charcutés partout où nous avions passé, mais maintenant c’était fini. Nous étions debout, avec droit de sortie, alcool, bordel, bagarres et tout le tremblement. Nous couchions avec toutes les femmes qui nous tombaient sous la main – le légionnaire excepté bien sûr puisqu’il ne pouvait plus rien depuis qu’un S. S. du camp de Fagen l’avait mutilé. Mais Alfred Kalb s’amusait autrement : il buvait. Quand on pouvait dire : « Le nomade en tient », c’estqu’il était ivre, tellement ivre que d’autres en seraient morts.
    Déjà, dans trois bistrots de la ville on nous avait fait poliment comprendre que notre présence n’était plus désirée. Cette politesse ne plut pas à Petit-Frère et valut à ses auteurs deux commotions cérébrales, un nez cassé et quelques fractures mineures. Après quoi, le géant s’effondra dans sa vomissure, derrière la statue de Bismarck où il fut
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