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Caïn et Abel

Caïn et Abel

Titel: Caïn et Abel
Autoren: Max Gallo
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Des failles s’ouvrent dans les fonds sous-marins. La lave jaillit. Des vagues gigantesques déferlent, balaient les plages du plaisir et de la prostitution. Hommes, femmes, enfants sont emportés. Leurs corps disloqués ne sont plus que des épaves porteuses d’épidémies quand la mer se retire.
     
    Tout est désordre et crime.
    Des hommes-bombes font exploser les tours de New York. D’autres qui prétendent incarner la justice et le droit torturent, humilient, livrent aux chiens et aux insectes leurs prisonniers qui ne sont souvent que des suspects.
    Sur tous les continents, à chaque instant, Caïn tue Abel.
     
    Partout, la mort rôde.
    Elle enrôle des enfants, les drogue, leur fourre entre les mains des armes plus grandes, plus lourdes qu’eux, mais avec lesquelles ils tuent des femmes qui sont leurs mères ou leurs sœurs, des hommes qui sont leurs pères ou leurs frères.
    Des mines explosent sous leurs pas et les voici estropiés, les yeux vitreux, mendiants affamés.
     
    La mort fait irruption dans les villes opulentes. Des hommes meurent de froid sur des trottoirs, des enfants brûlent dans des logis insalubres.
    D’autres se prostituent.
     
    Sur d’autres continents, on massacre, on viole, on mutile. La guerre s’avance.
    Le fanatisme, la volonté de tuer marchent du même pas que la misère et la faim.
    On exécute des hommes par milliers, puis l’on dépèce leurs corps pour en vendre les organes.
    On expose des cadavres écorchés comme s’il s’agissait d’œuvres d’art.
    L’homme est devenu une marchandise.
    Il saccage son univers sans réussir à maîtriser ses instincts de pillard, de destructeur.
    Jean l’a écrit dans l’Apocalypse, sa prophétie est notre présent :
    « Beaucoup d’hommes sont morts à cause des eaux devenues amères. »
     
    L’instant est proche.
    L’heure est venue de la fin des temps.

47
    Apocalypse et Espérance
    IX
    « En ces jours-là les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas, ils désireront mourir et la mort les fuira. »
    Apocalypse de Jean, IX, 6.
    Je cache mon visage sous mes paumes, écrase mes paupières. Je ne veux pas voir la mort s’approcher alors que j’entends son souffle rauque.
    Elle est à l’œuvre, dit Jean dans l’Apocalypse :
    « Elle a ouvert le puits de l’abîme et une fumée est montée du puits comme une fumée de grande fournaise… De cette fumée sont sorties des sauterelles qui ont le pouvoir qu’ont les scorpions de la terre… Elles ont des queues pareilles aux scorpions, avec des dards, et dans leurs queues est lepouvoir de tourmenter les hommes cinq mois durant… »
     
    Je hurle et prie pour que la mort me saisisse au plus vite.
    J’ai peur d’être l’un de ces prisonniers enchaînés, au corps couvert d’insectes qui les griffent, les mordent, s’infiltrent sous leurs paupières, tentent de s’introduire dans leur bouche. Et ces hommes crient de douleur et de terreur mêlées.
     
    Dante n’a pas imaginé cela, mais je discerne ces prisonniers. Leurs gardiens les ont filmés, les images en sont projetées sur tous les écrans du monde. L’on s’en repaît et s’en indigne, car ce que l’homme a fait, il peut le refaire. Dans les cachots, d’autres détenus sont torturés, livrés aux molosses, noyés sous des trombes d’eau. On les arrache à la mort, non pour les rendre à la vie, mais pour les confier à d’autres tortionnaires.
     
    Je voudrais tant que la mort s’empare de moi.
    Mais Jean l’a écrit :
    « En ces jours-là les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas, ils désireront mourir et la mort les fuira. »
     
    Il faut que je l’appelle, que je la retienne.
    Si elle se dérobe, je dois trouver la force d’être mon propre bourreau.
    Je dois accomplir les gestes que ma fille Marie a eu le courage de faire.
    Telle est ma seule espérance, puisque les hommes sont voués à attendre dans le tourment et l’effroi.
     
    Ils ne reconnaissent pas leurs fautes.
    Jean le sait :
    « Ils ne se sont pas convertis de leurs meurtres, de leurs drogues, de leurs prostitutions ni de leurs escroqueries. »
     
    Moi, Paul Déméter, je m’accuse et me repens.
    Voici mes poignets, voici ma gorge.
    Mort, tends-moi ta faux, ta lame aiguisée !
    Et que mon sang coule !

quatrième partie
    La nuit de la trahison

48
    Moi aussi, comme Paul Déméter, j’ai dissimulé mon visage sous mes paumes et écrasé mes paupières.
    L’ordinateur était un abîme empli
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