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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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demanda-t-elle.
    – Le vieillard s’est joué de vous. Béatrix ne sera pas mise en liberté. Elle subira le supplice auquel elle est condamnée. Vous aurez laissé passer l’occasion. Il sera trop tard.
    L’abbé Angelo raconta alors point par point la scène entre Borgia et sa fille. Quand l’abbé eut fini son récit, elle garda une minute le silence.
    – Ce sera pour demain ! fit enfin la Maga.
    – Quelle heure ?
    – Au soir.
    – Quand voulez-vous entrer au château ?
    – Dès cette nuit. Pouvez-vous me cacher toute la journée de demain ?
    – Facilement. Venez avec moi.
    – Non. Je serai à la porte du château dans deux heures. J’ai des préparatifs à terminer.
    – J’y serai aussi. Je vous introduirai.
    – Bien. Allez, maintenant. Laissez-moi seule. L’abbé Angelo se retira.
    Rosa était demeurée tout étourdie. Ainsi, Rodrigue lui avait réservé une dernière trahison ! Silencieusement, elle passa dans le compartiment de cave où se trouvait Ragastens. Spadacape lui fit signe de ne pas faire de bruit et lui montra le chevalier endormi.
    La Maga fit un geste comme pour toucher Ragastens. Mais au moment où elle allait réveiller le chevalier, elle entendit qu’on entrait dans sa chambre. C’était Giacomo qui arrivait.
    Ne voyant personne dans la pièce réservée à Rosa, l’intendant entra dans celle que le pêcheur avait destinée à Ragastens. Il aperçut la Maga.
    – Des choses graves…
    – Je sais ! dit la Maga. L’abbé est venu tout me dire.
    – Il faut prévenir le chevalier…
    Spadacape, sans perdre de temps, alla toucher au bras le jeune homme endormi.
    – Monsieur, lui dit-il, notre voisine… Elle veut vous parler.
    – Un malheur est arrivé ! s’écria Ragastens.
    – Le malheur n’est pas arrivé, dit la Maga. Rassurez-vous, rien n’est peut-être perdu encore…
    – Dites-moi tout par le détail, demanda-t-il d’une voix où un étranger n’eût pas surpris un tremblement.
    Brièvement, clairement, avec la netteté d’une sentence, la Maga résuma l’entrevue qu’elle avait eue avec Borgia, puis les nouvelles apportées par l’abbé Angelo, confirmées par Giacomo – poussés tous deux par des motifs bien différents !
    Ragastens releva la tête, au moment où la Maga partait pour le château, afin d’en finir avec sa vengeance.
    – Merci, madame, dit-il avec une singulière douceur.
    Ragastens, sans un mot, se laissa aller dans les bras de la vieille. Puis celle-ci s’arracha à son étreinte, lentement, sans se retourner, monta l’escalier et s’enfonça dans la nuit. Ragastens, alors, se tourna vers Giacomo.
    – Demain, dit-il, je tenterai de forcer la porte du château. Quelle heure est la plus favorable ?…
    – Écoutez, dit le petit vieillard, les choses ne peuvent se passer ainsi… Vous présenter à la porte du château ?… Vous serez tué avant de l’avoir franchie…
    – Avez-vous autre chose à me proposer ? fit Ragastens d’une voix morne.
    – Peut-être !… Je ne sais pas encore !… Convenons d’une heure pour demain…
    – Tout est subordonné à l’heure à laquelle arrivera César. Il faut que j’entre avant lui, voilà tout !
    – Voilà tout ! s’écria Giacomo… César arrivera vers minuit… Voulez-vous dix heures ?…
    – Dix heures, soit !
    – Au lieu de vous présenter à la porte du château, trouvez-vous sur les rochers de la côte, à l’endroit où le fossé est interrompu et où le mur surplombe directement le roc… Si vous ne voyez rien… c’est que je n’aurai rien pu faire et alors, agissez selon votre inspiration… À demain… dix heures !
    Giacomo s’élança à son tour vers l’escalier et disparut. Demeuré seul, Ragastens murmura :
    – Un jour encore !…
    Tout à coup il aperçut Spadacape qui fourbissait activement épées et poignards. Alors, il songea à renvoyer le digne serviteur. Il chercha un moyen de l’éloigner…
    – Que fais-tu là ? demanda-t-il.
    – Vous voyez, monsieur, je fourbis nos armes pour demain. N’est-ce pas demain jour de bataille ?
    – À quoi bon te donner ce mal ?…
    – Monsieur, répondit Spadacape, puisque nous mourons demain, je veux que nous mourions proprement. Ce sera ma dernière coquetterie.

LXX – NAVIRE EN VUE
 
    Depuis le moment où Giacomo était parti, le chevalier, assis sur une pierre de la grève, avait attendu le jour. L’aube se leva enfin.
    Ragastens, les yeux fixes et
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