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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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avec le même calme, je ne sacrifierai mes intérêts aux songeries d’une vieille folle, si évidente que soit l’affection qu’elle a pour vous. Écoutez-moi à votre tour, mon père. Je vous jure, moi, que votre vie n’est pas en danger. Y eût-il même complot contre vous, que ce complot viendrait se briser au pied des murs de ce château. L’île entière est sillonnée par mes espions. Les côtes sont surveillées. Aucun navire ne peut aborder sans que j’en sois informée. Nous pouvons soutenir un siège d’un an. Il y a ici une garnison dont chaque homme se jetterait du haut de ces rochers sur un signe de moi. Nous avons des armes, des vivres. Tout est prévu. Vous êtes certainement aussi en sûreté ici qu’au Vatican…
    Ces paroles produisaient peu à peu leur effet. Le vieux Borgia se rendait compte que Lucrèce n’exagérait nullement : il était réellement impossible de pénétrer par force ou par ruse dans le château.
    Pour mieux convaincre son père, Lucrèce lui servit enfin le récit de l’enlèvement de Béatrix et les raisons qui le motivaient : tenir Béatrix, c’était tenir Ragastens.
    – J’ai capturé Béatrix, acheva Lucrèce. Je l’ai amenée ici. Comprenez-vous, mon père ? Me demandez-vous encore de la renvoyer libre ?
    – Non pas. Lors même que je devrais y risquer la vie ! Me venger de Ragastens ! Ah ! je ne donnerais pas cette joie pour la plus belle province d’Italie ! Mais que comptes-tu en faire, de cette petite ? Est-ce que cet homme ne va pas la chercher… la trouver peut-être ?
    – Il ne la cherchera pas longtemps, dit Lucrèce avec un sourire de triomphe. Car je compte la lui renvoyer…
    – Je ne comprends pas…
    – La lui renvoyer déshonorée… César sera ici demain… César est capable de tous les crimes, je le sais, mais César raisonne. César n’ignore pas qu’il ne peut rien sans vous ; que, vous mort, sa puissance à lui s’écroule…
    – C’est juste !…
    – César vient demain, reprit Lucrèce. Demain, la fille du comte Alma sera la maîtresse de César. Il a une passion pour elle… Que le Ragastens vienne nous demander sa fiancée : nous lui rendrons une loque vivante !…
    – Assez, ma fille, assez !… Tu es digne de moi !…
    – Oui ! je me vante d’être une vraie Borgia.
    Le père et la fille se regardèrent. Lucrèce se retira. Elle fit le tour par un cabinet qui donnait sur la chambre du pape et, de l’autre côté, ouvrait sur un couloir. Elle franchit vivement le cabinet, comme si elle se fût doutée qu’il y avait là quelqu’un. Il n’y avait personne.
    Elle ouvrit rapidement la porte opposée, et elle eut alors une lueur de satisfaction dans le regard. À l’autre bout du couloir, elle venait d’apercevoir une ombre qui s’éloignait discrètement. Dans cette ombre, elle avait reconnu l’abbé Angelo.
    Arrivée dans le petit salon où elle venait d’habitude, Lucrèce fit demander l’abbé. Celui-ci se présenta quelques minutes après.
    – Eh bien, lui dit Lucrèce à brûle-pourpoint, où en sommes-nous, mon cher Angelo ?… Il me semble que votre vieille sorcière tarde bien à agir !…
    – J’attendais vos ordres…
    – Fais donc… Es-tu sûr qu’elle se décidera à agir ?…
    – Oui, signora !…
    – Bien ! Cependant, il faut tout prévoir. Si elle manifestait l’intention d’attendre un jour ou deux, vous n’auriez qu’à lui répéter la conversation que je viens d’avoir avec mon père…
    – Quelle conversation, madame ?
    – Celle que vous avez entendue du cabinet. Allez et hâtez-vous !

LXIX – SUPRÊMES RÉSOLUTIONS
 
    Grâce à l’un de ces judas que la fille de Borgia avait imaginé de placer un peu partout, Giacomo avait aussi entendu ce qui venait de se dire entre le pape et Lucrèce. Peu après Angelo, il se mit en route à son tour.
    Il était environ minuit lorsque l’abbé arriva à la cabane du pêcheur. Bientôt, il était en présence de Rosa Vanozzo. Elle ne témoigna aucune surprise de le voir à pareille heure. Elle supposa qu’il allait chercher à savoir ce qu’elle avait dit au vieux Borgia sur la grève.
    – L’heure est venue d’agir, dit-il brusquement. Quand voulez-vous que ce soit ?…
    – Il faut attendre deux jours, répondit la Maga. Je ne suis pas prête.
    – Vous voulez voir si le vieux Borgia relâche la jeune comtesse Alma, comme il vous l’a juré ?
    – Comment savez-vous cela ?
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