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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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sujets d’inquiétude ; c’est une affaire personnelle que j’ai à régler avec elle. Je me proposais de vous parler de mes intentions lorsque le moment serait venu…
    – Et ce moment n’est pas venu ?…
    – Non, mon père : pas encore.
    À ce moment, on gratta à la porte. Lucrèce, enchantée d’échapper à un entretien auquel elle n’était pas préparée, se hâta d’aller ouvrir, malgré l’exclamation du pape :
    – Qu’on nous laisse !
    À la porte, Lucrèce trouva un domestique qui lui annonça que son intendant Giacomo venait d’arriver et demandait à lui parler sans retard.
    – Qu’il vienne ! dit Lucrèce à voix basse ; et en même temps, elle tirait la porte pour que son père ne vît pas ce qui se passait. Giacomo parut.
    – Signora, dit-il, selon vos ordres, je suis passé au Palais-Riant pour y prendre ce que je devais vous apporter à Caprera ; le Palais-Riant n’existe plus ; la populace l’a brûlé.
    – Quelles autres nouvelles ? demanda-t-elle.
    – Monseigneur le duc de Valentinois est en route pour Caprera.
    – Tu es sûr ?
    – Absolument, signora !
    – Écoute, Giacomo ! Pour la mauvaise nouvelle de la destruction de mon Palais, j’avais fort envie de te faire donner dix coups de bâton… mais pour la bonne nouvelle de l’arrivée de César, tu as droit à dix ducats. Va te les faire donner, mon ami…
    Lucrèce rentra auprès de son père.
    Le vieux Borgia, pendant cette scène, avait médité sur les moyens d’amener sa fille à relâcher Béatrix. Il vit rentrer Lucrèce l’œil brillant, le sourire aux lèvres.
    – Tu as donc reçu quelque bonne nouvelle ?
    – Peut-être, mon père… Mais je vous en prie, reprenons notre entretien au point où nous l’avons laissé…
    – Que t’a-t-elle fait ? dit le vieillard.
    –  Elle ?… Rien !… Je vous disais tout à l’heure qu’il n’est pas encore temps de vous informer de mes intentions sur la fille du comte Alma… Eh bien, je me trompais : le moment est venu, au contraire…
    » Vous savez que j’ai toujours tâché de profiter de vos leçons. Vous m’avez montré l’exemple, mon père : la comtesse Honorata vous gênait. Vous l’avez supprimée. La fille me gêne, moi : je vais la supprimer.
    – Et si je te demandais sa grâce, que dirais-tu ?
    – Je vous la refuserais, répondit Lucrèce.
    – Si non seulement je te demandais sa grâce, mais si je te priais de la laisser dès demain libre de regagner l’Italie ?…
    – Vous riez mon père !…
    –… Mais si je te disais que ma vie dépend de sa liberté ?…
    – Comment cela ?
    – Écoute… Tu as entendu parler à Rome, d’une vieille magicienne très renommée. On l’appelait la Maga.
    – J’ai entendu parler de cette femme, en effet.
    – Eh bien, cette sorcière, que je crois seulement douée d’une intelligence extraordinaire, cette Maga – j’ignore pourquoi – s’est attachée à moi. Elle m’a sauvé la vie. Elle m’a aidé à surveiller mes ennemis. Enfin, de toute son attitude, il résulte pour moi que je dois avoir en elle une confiance illimitée… Maintenant, écoute bien : la Maga est ici… La Maga m’a parlé…
    – Elle vous a parlé !…
    – Tout à l’heure, sur la grève, elle m’a abordé. Et ceci, ma fille, me fait penser que les gardes que tu places autour de moi s’acquittent bien mal de leur devoir. À partir d’aujourd’hui, je ne sortirai plus du château… Donc, la Maga m’a parlé. Elle m’a annoncé que ma vie est menacée.
    – Chimères ! fit Lucrèce en pâlissant.
    – Je te répète que j’ai en cette femme une confiance sans bornes, confiance justifiée, puisque tout ce qu’elle m’annonce se réalise… Ma vie est menacée, j’en suis sûr… Et ce que m’a dit la Maga ne concorde que trop avec mes pressentiments… Or, sais-tu ce qu’elle a ajouté ? Que je serais sauvé si Béatrix était rendue à la liberté…
    – Mon père, dit-elle, il est parfaitement possible que cette femme ait pour vous l’affection que vous dites. Je n’en doute pas. Mais je vois dans cette affection la preuve qu’elle a pu se tromper de bonne foi… Conservez-lui votre confiance, mais rassurez-vous… aucun péril ne vous menace.
    Mais le vieux Borgia secoua la tête.
    – Je te demande, reprit-il, de remettre cette Béatrix en liberté. Je te dis qu’il y va de ma vie. Et tu hésites !…
    Lucrèce se leva.
    – Jamais, dit-elle
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