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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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à faire repeindre les murs et à apporter quelques petites améliorations. J’aménageai aussi une salle de réunion et la pièce du Gauleiter avec une relative sobriété, d’une part à cause de l’insuffisance des moyens mis à ma disposition, d’autre part parce que j’étais encore sous l’influence de Tessenow. Mais la pompe des boiseries et des stucs, qui dataient del’ « époque des fondateurs  42  », jurait avec cette sobriété. Je travaillais nuit et jour en grande hâte, car l’organisation du Gau me pressait pour que la maison fût prête au plus vite. Je vis rarement Goebbels. La campagne qu’il menait pour les élections du 6 novembre 1932 lui prenait tout son temps. Épuisé et complètement aphone, il vint quelquefois inspecter le chantier sans montrer beaucoup d’intérêt.
    On mena à bien la transformation de la maison, on dépassa de loin le devis, on perdit les élections. Le nombre d’adhérents diminua, le trésorier s’arrachait les cheveux à chaque nouvelle facture, ne pouvant montrer qu’une caisse vide aux artisans qui, pour éviter une banqueroute au parti dont ils étaient membres, durent accorder un délai de paiement de plusieurs mois.
    Quelques jours après l’inauguration, Hitler lui-même vint voir cette maison qui portait son nom. On me rapporta qu’il était content de la transformation, ce qui m’emplit de fierté, bien que je n’aie jamais su clairement si ses louanges allaient à ma recherche de la simplicité ou à la surcharge de la construction wilhelminienne.
    Peu de temps après, je retournai à Mannheim où rien n’avait changé. La situation économique avait plutôt empiré, m’ôtant tout espoir d’obtenir des commandes.
    La situation politique devenait de plus en plus confuse. Les crises se succédaient sans que nous en ayions vraiment conscience. Car aucun changement ne survenait. Le 30 janvier 1933, je lus dans les journaux que Hitler avait été nommé chancelier du Reich, mais même cela ne me sembla pas, au début, revêtir une importance particulière. Quelque temps après je participai à Mannheim à une réunion du groupe local du parti. Le manque de personnalité et la sottise des militants me frappa. On ne peut pas diriger un État avec ces gens-là, pensais-je alors. Mais je me faisais du souci pour rien. Le vieil appareil administratif continuait, même sous Hitler, à diriger les affaires sans qu’il y eût d’anicroche  2  .
     
    Puis il y eut les élections du 5 mars 1933 et, une semaine plus tard, je reçus un coup de téléphone de Berlin. Le chef de l’organisation du Gau, Hanke, était à l’appareil, et me demanda : « Voulez-vous venir à Berlin ? Vous aurez certainement à faire. Quand pouvez-vous être là ? » Le temps de faire graisser et vidanger notre petite B.M.W. sport, de boucler une petite valise, et nous étions partis pour Berlin où nous arrivâmes après avoir roulé toute la nuit. Sans prendre le temps de dormir, je me présentai le matin même à la maison du Gau où Hanke me dit : « Vous partez tout de suite avec le docteur. Il veut voir son nouveau ministère. »
    C’est ainsi que je fis, avec Goebbels, mon entrée dans la belle bâtisse édifiée par Schinkel sur la Wilhelmsplatz. Quelques centaines de personnes qui attendaient là, sur la place, je ne sais quoi, peut-être Hitler, saluèrent le ministre de la main. Je sentis qu’une vie nouvelle pénétrait Berlin. Après la longue crise, les hommes semblaient montrer plus d’espoir. Tous savaient qu’il ne s’agissait pas cette fois d’un de ces changements de cabinet habituels. Tous semblaient avoir le sentiment qu’ils vivaient une heure décisive. Des groupes de gens qui ne se connaissaient pas se formaient dans les rues. On échangeait des banalités, on riait ou on donnait son avis sur les événements. Pendant ce temps, quelque part, sans qu’on y prenne garde, l’appareil du parti réglait ses comptes avec ses adversaires politiques et des centaines de milliers de personnes tremblaient à cause de leur origine, de leur religion, de leurs convictions.
    Après avoir visité le bâtiment, Goebbels me confia la mission de transformer son ministère et d’aménager différentes pièces, dont son cabinet de travail et les salles de réunion. Je devais me mettre au travail sans attendre, sans faire de devis, et sans me préoccuper de savoir si on disposait des crédits nécessaires. Il avait agi là de sa propre
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