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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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peu près les seuls sur le terrain d’atterrissage. Et, tout en me tenant à une distance respectueuse, je voyais bien avec quelle nervosité Hitler reprochait à l’un de ceux qui l’accompagnaient le retard des voitures qui n’étaient pas encore là. Hors de lui, il allait et venait, frappant ses hautes bottes de sa cravache, donnant l’impression d’un homme qui ne se domine pas et qui, dans sa mauvaise humeur, traite ses collaborateurs avec mépris.
    Cet Hitler-là était très différent de l’homme qui, à la réunion avec les étudiants, avait fait montre de calme et d’urbanité. Sans m’en inquiéter outre mesure, je venais de découvrir l’étrange versatilité de Hitler. Une étonnante intuition d’acteur lui permettait d’adapter son comportement public aux situations changeantes, alors que dans son proche entourage, en face de ses serviteurs ou de ses aides de camp, il donnait libre cours à sa nature.
    Je précédais la colonne de voitures dans lesquelles Hitler et sa suite avaient pris place. A Brandebourg, les bas-côtés de la route qui menait au stade étaient pleins de sociaux-démocrates et de communistes, et nous dûmes traverser une foule hostile, mon compagnon portant l’uniforme du parti. Lorsque, quelques minutes plus tard, Hitler et sa suite arrivèrent, cette foule devint une masse en fureur qui se pressait sur la route. L’auto dut se frayer un chemin au pas. Hitler était debout à côté du chauffeur. Son courage m’en imposa alors et m’en impose encore aujourd’hui. La fâcheuse impression que j’avais ressentie à l’aérodrome s’était dissipée.
    J’attendais dans mon auto, en dehors du stade. C’est pourquoi je n’entendis pas le discours, mais seulement les tempêtes d’applaudissements qui interrompaient Hitler pour de longues minutes. Lorsque l’hymne du parti annonça que le meeting était terminé, nous reprîmes la route. Car ce jour-là Hitler parlait dans une troisième réunion, au stade de Berlin. Ici aussi le stade était comble. Dehors, dans les rues, se tenaient des milliers de personnes qui n’avaient pu entrer. Depuis des heures déjà cette foule attendait patiemment car Hitler avait encore un retard considérable. J’annonçai à Hanke qu’il était sur le point d’arriver, et la nouvelle fut immédiatement communiquée par haut-parleur. Une tempête d’applaudissements la salua, ce fut d’ailleurs la première et la dernière que j’aie déclenchée moi-même.
    Le jour suivant devait décider de mon destin. Les canots pliants étaient déjà à la consigne, à la gare. Nous avions acheté les billets pour la Prusse-Orientale, car nous devions partir le soir même. Mais à midi je reçus un coup de téléphone. Le chef du N.S.K.K., Nagel, m’annonça que Hanke, promu directeur de l’organisation du Gau de Berlin, désirait me voir. Hanke me reçut en me disant joyeusement : « Je vous ai fait chercher partout. Voulez-vous transformer la nouvelle maison du Gau ? Je vais soumettre la question dès aujourd’hui au docteur  1  . Nous sommes très pressés. » Quelques heures plus tard, j’aurais été dans le train et, une fois dans cette région déserte des lacs de Prusse-Orientale, introuvable pour des semaines. Le Gau aurait dû chercher un autre architecte. Des années durant je tins ce hasard pour le tournant le plus heureux de ma vie. Un aiguillage avait joué. Deux décennies plus tard, je lus à Spandau dans James Jeans : « La marche d’un train est, sur la plus grande partie du trajet, fixée sans équivoque par les rails. Mais çà et là arrive un embranchement où diverses directions sont possibles et où ce train peut se voir dirigé dans l’une ou l’autre de ces directions. Il ne faut pour cela que très peu d’énergie, celle nécessaire à l’aiguillage. »
     
    La nouvelle maison du Gau était située dans une rue très chic, la Voss-Strasse, et entourée des représentations des provinces allemandes. En regardant par les fenêtres de derrière, je pouvais voir le président du Reich, âgé de quatre-vingt-cinq ans, se promener dans le parc contigu à notre maison, souvent accompagné d’hommes politiques ou de militaires. Le parti voulait, à ce que m’avait dit Hanke, se rapprocher au plus près du centre de décision politique et de façon ostentatoire, pour bien montrer à quoi il prétendait sur le plan politique. Mon travail, lui, avait moins de prétention. Une nouvelle fois je me bornai
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