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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla
Autoren: Daniel Cordier
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seront ici, nous
serons tous prisonniers. La seule solution pour les
combattants c’est d’embarquer pour l’Afrique du
Nord afin de rejoindre l’armée française. Quant aux
conditions du départ, soit à Pau, soit à Bayonne, tu
verras avec O’Cotereau. Il a peut-être organisé quelque chose. Dans ce cas, tu n’auras qu’à suivre la
filière. »

    Le commandant me reçoit amicalement. Je lui
montre mon texte et annonce la réunion prévue
vendredi. « Pour quoi faire ? » me demande-t-il
abruptement. Je rougis, car je ne sais quoi lui
répondre. « Il est peut-être temps d’y penser. Sic’est pour faire une réunion de plus, le temps des
parlotes est fini. Voyez où cela nous a conduits. »

    Peu sûr de moi, je réplique malgré tout : « Je vais
mobiliser les jeunes contre les Allemands. » Il se
met à rire : « Pardonnez-moi, mais la guerre n’est
pas le tir au pigeon. L’armée française vient d’être
battue. Croyez-vous que c’est avec quelques collégiens que vous ferez peur aux Boches ? »

    Devant ma mine déconfite, il atténue la rudesse
de ses propos : « Votre attitude est généreuse et je
n’en attendais pas moins d’un Camelot du roi, mais
la situation est désespérée : il faut des idées et des
hommes à la mesure du désastre. »

    Après un moment de silence, il reprend : « Je n’ai
aucune lumière particulière sur ce qui se prépare.
Tout va très vite, et nous sommes loin du centre de
décision. Vous avez peut-être écouté la radio hier
soir : il est clair que le maréchal Pétain n’acceptera
pas des conditions déshonorantes. Qui pouvait en
douter ? C’est probablement une manœuvre qui s’inscrit dans un plan préparé en cas de refus. »

    Il tire alors de son portefeuille une carte de visite,
qu’il me tend après avoir griffonné quelques mots :
« Présentez-vous de ma part à la caserne Bernadotte,
et demandez le colonel Pellier. C’est lui qui commande la place. C’est un vieil ami. Faites-lui passer
ma carte. S’il sait quelque chose, il vous le dira, et
soyez sûr qu’il ne vous laissera pas tomber. Si vous
êtes décidé à servir, je crois que vous ne serez pas
déçu par les événements qui se préparent. »

    Avec effusion, je remercie le commandant, flatté
de l’accueil qu’il m’a réservé, et me rends aussitôt à
la caserne Bernadotte.

    Je ne suis jamais entré dans une caserne et je n’ai
jamais parlé à un militaire en activité, surtout à un
officier d’un grade aussi élevé. Je reste cependant
confiant : depuis hier, les événements tournent en
faveur de nos projets. Plus je m’approche de la
caserne, plus je pense être accueilli chaleureusement. Peut-être serai-je félicité ? Ne suis-je pas le
représentant de la jeunesse de France et son dernier
espoir ?

    Autrefois déserte, l’immense esplanade de Verdun,
destinée aux manœuvres des soldats de la caserne,
offre un spectacle de désolation. Des dizaines d’automobiles rejetées par la débâcle sont coagulées en
désordre, à quelques kilomètres de l’Espagne interdite. Parmi les immatriculations de toutes origines, je
remarque beaucoup de Parisiens, des Luxembourgeois
et surtout des Belges. Les bagages posés sur le sol
servent de sièges aux familles. Certains sont allongés
sur des matelas, autour de feux. Les visages sont
fatigués, tristes et, chez quelques vieux, douloureux.
Les plus démunis ne possèdent que leur bicyclette,
parfois très vieille. La détresse, plus morale encore
que matérielle, est palpable en dépit des costumes
du dimanche dont tous sont parés.

    Après avoir traversé ce capharnaüm, j’arrive devant
la caserne. Le planton m’indique le bureau du colonel, au deuxième étage, à gauche. L’intérieur du
bâtiment, avec ses vastes escaliers débouchant sur
d’immenses couloirs, me rappelle la tristesse du collège Saint-Genès, à Bordeaux.

    Je remets au planton la carte du commandant
O’Cotereau. De retour quelques instants plus tard,
il me fait pénétrer dans une vaste pièce donnant sur
l’esplanade. Assis à son bureau, le colonel Pellier selève et me désigne un fauteuil : « Soyez le bienvenu.
Le commandant est un excellent ami. » Je juge au
ton chaleureux de cet accueil et à la manière dont il
insiste sur ces deux mots que le colonel est un sympathisant de l’Action française.

    « Je ferai tout ce que je pourrai pour vous aider. »

    De ma voix la mieux assurée, différente de
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