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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla
Autoren: Daniel Cordier
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l’« anarchie démocratique » avait mis la France à la merci des quatre pouvoirs « confédérés » : protestant, juif, métèque et
franc-maçon. En même temps qu’ils provoquaient
l’abaissement de la France, ils encourageaient la
corruption des hommes et favorisaient un désordre
préparant la ruine de la patrie. Ils devaient donc être
éradiqués. A contrario , la monarchie était le remèdeabsolu — seul le roi rendrait à la France son honneur,
son éclat culturel, son ordre naturel et sa place dans
le monde, la première.

    Quant à l’antisémitisme, corollaire du nationalisme,
il était conforté par la preuve « irréfutable » de la
trahison du capitaine Dreyfus. Déjà, Augustin Cordier
avait écrit au moment de son procès : « Ce qui est
en jeu, c’est l’existence de l’armée ; c’est la liberté de
conscience, c’est la propriété de chacun et la fortune de tous ; c’est l’existence même de la France !
Si Dreyfus était acquitté, il ne resterait plus qu’à
prendre le deuil de notre pays. Finis Galliae  ! »

    Tout enfant, avant même d’avoir ouvert un livre
d’histoire, j’étais convaincu des crimes et de la trahison consubstantielle des Juifs, peuple pervers dont
l’ambition visait la domination du monde par l’argent.
Manœuvré par Satan, il était coupable de la mort
du Christ et en subissait la malédiction. Par la suite, je
découvris que cet événement était « prouvé » dans
mon catéchisme et justifié par les leçons de mes
maîtres dominicains.

    Au cours de ma quatorzième année, l’émeute anti-républicaine du 6 février 1934 marqua mon engagement militant à l’Action française. À cette occasion,
je signai mon bulletin d’adhésion au groupe des
Collégiens et lycéens du mouvement.

    Mon beau-père me fit lire quelques opuscules de
Maurras, dont le premier, Si le coup de force est possible (1910), m’enchanta. Il confirmait les axiomes de
mon grand-père en démontrant que la force changerait le destin de la France et qu’un complot méthodiquement préparé contre la République pouvait
abattre ce régime maudit. Je n’oublierais pas de sitôt
ce premier texte de Maurras, conforme à mon goût
de la justice par la force.

    Du même auteur, Dictateur et Roi (1899), plus théorique, m’enseigna la nécessité de remettre à leur
place les valeurs fondatrices de toute politique :
l’autorité en haut, la liberté en bas. La République
les avait inversées, provoquant la ruine de la patrie.
Deux autres ouvrages devinrent par la suite les bréviaires de mon activisme : le Dictionnaire politique
et critique en cinq volumes (1931-1934) et Mes idées
politiques (1937), qu’il me dédicaça en 1938.

    À partir de 1937, mon parcours scolaire s’acheva
dans une « boîte à bachot ».

    La politique devint dès lors le centre de mon activité. J’avais fondé à Bordeaux, le 1 er  mai 1936, le cercle Charles-Maurras, qui regroupait une centaine de
lycéens et collégiens du département. Avec eux, je
formai des équipes de vendeurs qui, tous les soirs,
parcouraient le cours de l’Intendance en criant :
«  L’Action française  ! » Nous organisions en outre
des conférences ou participions aux grandes manifestations royalistes (banquets et meetings) autour
de nos chefs admirés : Louis Darquier de Pellepoix,
Philippe Henriot et Charles Maurras, le prophète. Les
nuits du samedi, nous collions des affiches de propagande ou nous ronéotypions Le Bahut , revue mensuelle destinée aux collégiens.

    Sur le plan doctrinal, un glissement se produisit :
l’irruption dans mes lectures de Thierry Maulnier.
Ce jeune normalien avait publié La crise est dans
l’homme (1932), puis Demain la France (1934). Je
devins un lecteur fervent de la revue Combat , qu’il
publia jusqu’à la guerre.

    Maulnier prit rapidement une place majeure dans
ma pensée. J’aimais son style direct, ses affirmations
tranchantes, son goût de l’ordre par la révolution.
Mais lui n’évoquait jamais le roi. Sans l’avouer, monadmiration pour Franco, Salazar et Mussolini (la
trinité de ma famille) y trouvait son compte. L’ordre
et le nationalisme préconisés par Maurras ne
s’accomplissaient-ils pas dans le fascisme ? C’était
plus jeune, plus dynamique, correspondant mieux à
mon tempérament. Toutefois, je continuais encore,
avec les Camelots du roi, à brailler « Vive le roi ! »
avec l’énergie de
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