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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla
Autoren: Daniel Cordier
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« Comment ? »
demanda-t-il.

    Je lui avais expliqué notre volonté de partir pour
rejoindre l’Afrique duNord 5 . « Viens me chercher,
je pars avec toi. » Il n’avait aucun moyen de transport. J’hésitai, car le temps était compté. Après avoir
calculé au plus juste, je constatai qu’il restait quelques heures mercredi, en fin d’après-midi. « D’accord,
je t’attendrai au Billard Bleu , le grand café sur la
place Marcadieu, à partir de 6 heures. »

    En quittant la permanence, je fonce à moto endirection de Tarbes. Je suis à mi-chemin lorsque,
dans un bruit de ferraille, le moteur stoppe. Il m’est
impossible de le remettre en route, les soupapes du
culbuteur ayant sauté. Je traîne la machine jusqu’à
une maison voisine et téléphone à mon beau-père
aux TPR afin qu’il envoie une camionnette pour me
dépanner.

    Revenu à Pau, je rentre finalement avec lui à
Bescat. « Qu’est-ce que tu faisais sur la route de
Tarbes ? » Je lui raconte : « Pauvre Blanquat. Je ne
sais s’il pourra venirdemain 6 . »

    Nous arrivons trop tard pour entendre la BBC.
Ma mère nous dit que le général inconnu n’a pas
parlé. « Il est sans doute déjà parti pour l’Afrique
du Nord », fait observer mon beau-père.

    Nous avons à peine fini de dîner que le téléphone
sonne. Ma mère me tend le récepteur : « C’est pour
toi. » « Allô ! Dany ? Ici Fred Anastay. » Le téléphone grésille tant que j’ai peine à l’entendre :

    « Est-ce qu’on peut passer en Espagne ?

    — Non, la frontière est fermée.

    — Et par la montagne ?

    — Écoute, Fred  : je pars demain soir pour Bayonne.

    — J’arrive.

    — Rendez-vous avant 7 heures, au bureau des
TPR, à Pau. Tu demandes M. Charles Cordier.

    — À demain. »

    A-t-il entendu ? Il m’a semblé appeler du bout du
monde. Je sais pourtant qu’il est à Bordeaux. Je suistellement ému d’entendre la voix de cet ami de
Saint-Elme, qui est devenu un camarade très cher,
que j’en oublie de l’interroger sur les événements
qui s’y déroulent. C’est pourtant là que l’avenir se
décide.

    Dans mon lit, je reste longtemps éveillé. Domino
a balayé jusqu’au souvenir de mes premiers amours.
Grâce à elle, je sais ce qu’est le grand amour. Du
coup, j’ai peine à croire que mon bonheur ait
dépendu autrefois de garçons tels que Fred.

    Jeudi 20 juin 1940

     

    Une réunion à la cloche de bois

    Le soleil se lève sur la vallée tandis que je boucle
ma valise : mouchoirs, chemises, caleçons, chandails, chaussettes, affaires de toilette et un costume.
J’emporte aussi mon cahier intime, dont je ne me
sépare jamais. Comme je suis privé de ma moto,
mon beau-père me conduit à 7 heures au car
d’Oloron-Pau, qui s’arrête non loin de chez nous.

    À la permanence, nous arrivons tous en même
temps. Marmissolle avec son sac de montagne : « Je
n’ai pas dormi. Je craignais que mon oncle ne s’aperçoive de mon départ très matinal. Je n’ai prévenu
personne. »

    Je suis content qu’il soit là pour préparer la distribution des tracts. « Il faut diviser les paquets en
quatre parts égales. Comme on ne peut pas tout prendre, on reviendra en chercher au fur et à mesure de la
distribution. De toute manière, j’espère qu’on sera
assez nombreux pour qu’il y ait quelqu’un en permanence ici. Après la distribution, rendez-vous à
3 heures. Il faudra organiser un service d’ordre
léger. »

    Comme pour la vente du journal, nous avons divisé
la ville en quatre secteurs, prévoyant de ne distribuer
nos tracts qu’aux seuls jeunes. Nous avons aussi
prévu, à partir de midi, de « faire » la sortie du
lycée Louis-Barthou et du collège de l’Immaculée-Conception. Comme je n’y suis pas élève, je propose
de m’y présenter seul afin d’éviter d’éventuelles
représailles de l’administration. « Au point où on en
est, réplique Marmissolle, on s’en fout ! »

    À 1 heure, je rejoins la Brasserie des Pyrénées , où
ma mère m’attend déjà. Quelques instants plus tard,
mon beau-père arrive, le visage fermé. Il se penche
vers moi : « Il y a un coup dur. Le préfet vient d’interdire ta réunion. La salle Pétron sera bouclée par la
police. »

    En un éclair, je retrouve ma réaction du 17 juin :
les autorités ont trahi ; Pétain, le colonel, et maintenant le préfet ! Mon beau-père poursuit à voix basse :
« Je
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