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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973
Autoren: Héctor Pavón
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les
secteurs des télécommunications, de l'énergie, des biens d'équipement, de la
santé, des retraites et des média) ; la déréglementation bancaire ; la
libéralisation commerciale ; l'accroissement de la concurrence ; la
déréglementation financière. Toutes les entraves au libre fonctionnement du
marché ont été systématiquement supprimées.
    Le retrait de l'État a eu pour conséquence une
dégradation de la santé publique, nombre de Chiliens n'ayant pas les moyens de
souscrire une assurance privée. Aujourd'hui, il apparaît de manière évidente
que cette politique économique ne s'est pas accompagnée d'une plus grande
redistribution des richesses ni d'une plus grande équité. Le Chili se montre
chaque jour plus représentatif de ce qu'est devenue l'Amérique latine. La
pauvreté et l'inégalité n'ont pas été combattues. Elles ne figuraient pas parmi
les objectifs de la dictature. La majorité de la population n'a jamais profité
du "miracle chilien". Un processus de destruction s'est mis en marche
: les organisations politiques, la législation du travail et les systèmes
d'entraide ont été balayés. Partout se sont imposées les valeurs de base du
néolibéralisme : la fragmentation et l'individualisme.
    Selon la Commission économique pour l'Amérique
latine, un organisme qui dépend des Nations unies et dont le siège est à
Santiago, la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté a
considérablement augmenté sous la dictature, passant de 20% en 1970 à plus de
38% en 1987. Ces chiffres ont été confirmés par l'Institut national chilien des
statistiques, qui indique que le pourcentage des personnes en situation
d'indigence, c'est-à-dire des personnes qui ne peuvent plus satisfaire leurs
besoins nutritionnels, a crû de près de 7% au cours de la même période, pour
atteindre 16,8%. L'écart entre les riches et les pauvres s'est creusé de
manière spectaculaire : à la fin du régime de Pinochet, les 20% les plus
pauvres de la population concentraient seulement 4,5% des richesses, contre 56%
pour les 20% les plus riches.
    Le rôle de laboratoire du néolibéralisme a été
attribué très tôt au Chili par les États-Unis. Les recherches de l'historien
chilien Gonzalo Caceres Quiero ont permis d'en savoir davantage sur l'origine
des Chicago boys. Elles ont révélé que le premier accord d'échange
académique conclu entre l'Université de Chicago et l'Université catholique du
Chili avait été signé dès 1956, soit 18 ans avant l'instauration de la
dictature [60] .Il devait durer dix ans et reliait les départements d'économie des deux
établissements. Son objectif était de promouvoir les recherches sur "le
rôle revenant à l'entreprise privée dans le développement national [61] ".
De nombreux jeunes chiliens furent envoyés aux États-Unis et un Centre de
recherches économiques fut créé à Santiago, sous la tutelle académique de
Chicago. D'après Gonzalo Caceres Quiero, l'accord entre les deux universités se
fit au terme de conversations prolongées et relevait d'intérêts bien compris :
"En ce qui concernait le Chili, l'accord reflétait une aspiration
croissante à une modernisation, à la fois sur les plans académique et
institutionnel, mais selon une perspective différente de celle du marxisme. La
décision des Américains d'influer sur la formation des économistes
latino-américains allait dans une direction plus précise : il fallait inculquer
à un petit groupe d'intellectuels un discours économique qui non seulement
mettait au centre de son argumentation la nécessité de réduire la taille et
l'intervention de l'État, de privatiser les entreprises, de décentraliser
l'activité économique, de défendre et de promouvoir la propriété privée, mais
qui assignait également aux forces du marché un rôle déterminant dans le
développement économique [62] ".
    Le choix du Chili s'expliquait par le souci de
contrecarrer l'influence de la Commission économique pour l'Amérique latine et
de la Faculté d'économie de l'Université de Santiago, des institutions qui
appliquaient, dans leur enseignement et dans leurs recherches, un point de vue
proche du marxisme.
    Au moment où l'accord était conclu, le Chili
entrait dans un cycle de récession. Les relations avec les États-Unis
s'approfondirent et le gouvernement du radical Carlos Ibanez souhaita la
bienvenue à la mission américaine Klein-Saks (1955-1958), un groupe
d'économistes monétaristes
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