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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973
Autoren: Héctor Pavón
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Préface
     
    "Pourquoi tant d'êtres humains ont-ils été
éradiqués de la surface de la terre du simple fait de leur conviction sociale,
parce qu'ils partageaient le rêve collectif d'une société plus équitable
?"
    Anna Gonzalez, chilienne militante de
l'Association des parents de disparus.
     
    Ce texte est le script du court-métrage intitulé
11 septembre
1973 réalisé par Ken Loach et sorti sur les écrans en 2002, dans le cadre du
film collectif 11'09"01, September 11, qui comprenait également des
oeuvres de Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, Danis Tanovic,
Idrissa Ouedraogo, Alejandro González Inárritu, Amos Gitaï, Mira Nair, Sean
Penn et Shohei Imamura.
    Il prend la forme d'une lettre ouverte, écrite par
un chilien réfugié à Londres. Il s'inspire de la vie de l'acteur et chanteur
Vladimir Vega, qui tient le rôle principal dans le film.
     
    "Chers parents et amis de ceux qui sont morts
le 11 septembre à New York,
    Je suis chilien. Je vis à Londres. Sachez que nous
avons peut-être un point commun. Les vôtres ont été assassinés, les miens
aussi. Nous avons une date en commun, le 11 septembre, mardi 11 septembre. En
1970, au Chili, il y a eu des élections. J'avais dix-huit ans et j'ai voté pour
la première fois. Nous caressions le rêve merveilleux d'une société dans
laquelle nous partagerions le fruit de notre travail et les richesses de notre
pays. En septembre 1970, nous avons tous voté et nous avons gagné.
     
    Le
ciel s'emplit de drapeaux
    Rouge,
blanc, bleu
    Là
où commence notre histoire Dans chaque rue, à chaque carrefour
    Des
voix s'élèvent comme des vagues dans un océan infini
    Des
poings s'agitent en l'air
    De
la montagne à la mer [1]
     
    Il y avait du lait et un droit à l'éducation pour
les enfants. Les champs inexploités furent cédés aux paysans sans terre. Les
mines de charbon et de cuivre, ainsi que les principales industries, devinrent
notre propriété à tous. Pour la première fois de leur vie, les gens vivaient
dans la dignité. Nous n'avions pas conscience du danger. Votre secrétaire
d'État, Henry Kissinger, déclara : "Nous n'allons pas laisser un pays
basculer dans le communisme à cause de l'irresponsabilité de ses citoyens
". Nos choix démocratiques, notre vote ne valaient rien. Le marché et le profit
comptaient plus que la démocratie. À compter de ce moment, notre douleur, à
l'image de la vôtre, devint une affaire d'État. Votre président Nixon jura de
mettre notre économie à genoux. Il ordonna à la CIA d'organiser un soulèvement
militaire, un coup d'État [2] .
10 millions de dollars, plus si nécessaire, furent débloqués pour éliminer
notre président, Salvador Allende.
     
    Chers amis, vos dirigeants avaient entrepris de
nous détruire. Ils provoquèrent une guerre des transports qui faillit paralyser
notre économie. Ils cessèrent tout échange commercial avec nous, ce qui créa le
chaos. Ils s'allièrent à ceux qui, dans notre pays, n'acceptaient pas notre
victoire. Vos dollars soutenaient des groupes néo-fascistes qui semaient la
violence et faisaient exploser les usines et les centrales électriques. Contre
toute attente, ce fut un échec. Lors des élections municipales [3] ,
nous avons encore gagné du terrain.
    Que firent les États-Unis ? Au lendemain du 11
septembre 2001, je me souviens que votre président, George W. Bush, a dit :
"Le 11 septembre, les ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre
contre notre pays, le soleil s'est couché sur un monde différent. Un monde dans
lequel la liberté elle-même est menacée". Le 11 septembre, les ennemis de
la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. À l'aube, des
troupes et des chars ont cerné le palais présidentiel. Allende, ses ministres
et ses conseillers étaient à l'intérieur. Allende n'a pas fui quand on a tiré
sur le palais de la Moneda. Du palais mitraillé, il a prononcé son dernier
discours : "Ils ont le pouvoir. Ils peuvent nous asservir. Mais on ne peut
arrêter le progrès social ni par le crime, ni par la violence. L'histoire nous
appartient. C'est le peuple qui l'écrit. Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vive
les travailleurs !". Il fut assassiné. Il fut assassiné... Un mardi. Notre
mardi à nous. Le 11 septembre 1973. Un jour qui anéantit nos vies à jamais. On
m'a tiré dans le genou, puis on m'a fracassé la tête sur la terre battue. On
m'a tellement roué de coups que j'ai parfois perdu
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