Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973
Autoren: Héctor Pavón
Vom Netzwerk:
leurs
universités ou dans le secteur privé, mais ils ne prirent pas définitivement
leurs distances avec le pouvoir. Ils revinrent rapidement dans les cercles
dirigeants, sous de nouveaux atours et avec un nouveau langage où fleurissaient
des notions comme la "souplesse" et la "subtile
hétérodoxie". Entre 1985 et 1989, la dictature poursuivit son programme de
privatisations et le ministre de l'Économie, Hernan Büchi, conduisit une
politique dont l'inspiration était nettement néolibérale.
    La dictature chilienne fut sans aucun doute le fer
de lance de l'implantation du néolibéralisme en Amérique latine et le
laboratoire le plus sophistiqué consacré à délimiter les principaux concepts du
Consensus de Washington, par le biais du fusil et de la torture.
    Cette combinaison de néolibéralisme et de terreur
affecta en profondeur la société chilienne. "L'individu, entendu comme un homo
economicus, était au centre de la conception de la politique et de sa
pratique, explique le sociologue José Pena Aguilar. On assistait, par
conséquent, à un changement de l'idée même de citoyen. D'autre part, le régime
militaire n'envisageait qu'une société très compartimentée, où se perdait
l'idée de nation, de communauté comme élément agglutinant. Il s'agit d'une
réalité donnant des modes et des styles de vie qui sont l'expression même de la
fragmentation et de l'exclusion sociale, et qui se différencient
fondamentalement les uns des autres. On y observe également un manque total de
lien entre croissance, égalité sociale et démocratie politique [67] ".
    Le régime militaire a vidé de son sens le mot
"démocratie", à tel point que, aujourd'hui encore, les gouvernements
élus au Chili ne semblent pas avoir pu lui en redonner un. L'orientation
exclusivement économique de la vie politique, héritée de la dictature, a
interdit tout projet collectif, toute préoccupation sociale et toute tentative
de nouer des liens entre les différentes couches de la société.
    Lors de la transition vers la démocratie réalisée
par le gouvernement de Patricio Aylwin de 1990 à 1994, comme pendant le mandat
de son successeur Eduardo Frey, aucune décision n'a été prise pour modifier le
modèle économique imposé par Pinochet. Pourtant, tous les responsables
s'accordaient pour dire que s'il n'était pas envisageable de réimplanter le
système d'économie socialiste, il n'était pas non plus possible de perpétuer un
système qui ne tentait pas de réduire les inégalités dont pâtissaient une masse
croissante de laissés-pour-compte.
    Le prêtre Eugenio Pizarro a résumé cette
problématique lors de l'élection présidentielle de 1993, où il s'était présenté
avec le soutien du Parti communiste chilien : "Nous sortons d'une
dictature brutale. Nous devrions lancer un grand processus. Nous devrions
procéder à une grande redistribution des richesses nationales. En 1992, le
produit des impôts s'est élevé à 2,2 milliards, mais cet argent ne fut pas
redistribué équitablement. Il ne bénéficia pas aux plus pauvres. On ne pratiqua
pas la politique de "marché social" qu'Aylwin avait promise pendant
sa campagne. Je suis convaincu qu'il faut faire une grande réforme fiscale. Je
crois que la classe dominante, la droite économique et politique, en collusion
avec les multinationales, maintient le Chili dans la pauvreté avec ce système
capitaliste. Elle devrait se montrer moins égoïste et payer plus d'impôts pour
en finir avec le pêché social de la pauvreté. Les pauvres ne peuvent rien
espérer (...). Comme homme de foi, je crois que le Chili idolâtre le marché,
qui a remplacé l'absence de Dieu, car tout se centre sur l'argent, ce qui a engendré
une crise des valeurs [68] ".
    La situation s'améliora sous la présidence
d'Aylwin. De 1987 à 1994, la part de la population vivant sous le seuil de
pauvreté diminua de 38% à environ 30%. Le nombre de pauvres passa de 5,3
millions à 4 millions. Mais cette baisse correspondait à une augmentation des revenus
provenant du travail, liée à la croissance économique du pays. Elle ne
résultait pas d'une meilleure redistribution des richesses.
    Aujourd'hui, l'économie chilienne est considérée
comme stable. Le système a des aspects positifs incontestables. Une étude
réalisée par José Pena Aguilar met ainsi en avant que la moyenne annuelle de la
croissance du produit intérieur brut fut de 3% entre 1981 et 1990. Entre 1991
et 1998, elle s'éleva
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher