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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973
Autoren: Héctor Pavón
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connaissance.
     
    Tu
es parti travailler un mardi de septembre
    Dans
les rues assiégées de Santiago
    Rues
sourdes à la mitraille
    Allées
aveugles à la trahison
    Sans
te soucier de la mort qui rôdait
    Tu
es parti travailler un mardi et tu n'es pas rentré
    J'écume
les rues
    Je
vais de ville en ville
    Je
te cherche
    Je
te cherche
    Je
demande si on ne t'a pas vu
    À
la main, j'ai une petite photo de toi
    Un
sourire d'un autre temps illumine tes yeux
    Où
es-tu donc, où es-tu donc ?
    Dans
un terrain vague
    Les
yeux crevés
    Le
corps brisé
    Mais
tes rêves intacts
    Tu
es parti un mardi et tu n'es pas rentré [4]
     
    Un jour en prison, à travers la grille, j'ai vu
German Castro [5] traîné par les bras. Il ne pouvait plus marcher.
    Du sang lui coulait des oreilles. Ils lui ont
brisé les os et l'ont assassiné. Nous avons entendu parler des camps de torture
dirigés par des officiers de l'armée aux États-Unis. Nous avons entendu parler
des éviscérations ; de ceux que l'on jetait depuis les hélicoptères ; de ceux
qui étaient torturés devant femme et enfant. Vous savez ce qu'ils faisaient ?
    Ils leur envoyaient de l'électricité dans les
parties génitales. Ils mettaient des rats dans le vagin des femmes. Ils
dressaient des chiens à violer des femmes. Puis, il y eut la Caravane de la
mort. Un général allait de ville en ville et ordonnait des exécutions au
hasard. 3.000 personnes ont été assassinées. 3.000 ! Votre ambassadeur au Chili
a dénoncé la torture. Kissinger a rétorqué : "Qu'il arrête de donner des
leçons de sciences politiques !". Le général Pinochet, à la tête du coup
d'État, souriait. Il reçut les félicitations de Kissinger pour avoir si bien
accompli sa mission. Et les dollars se remirent à affluer au Chili.
     
    On m'a traité de terroriste et j'ai été condamné à
la prison à vie, sans procès. On m'a libéré au bout de cinq ans. Mais j'ai dû
quitter le pays, car je mettais en danger mes amis. Je ne peux plus renter au
Chili, même si je ne pense qu'à ça. Le Chili, c'est ma patrie. Mais
qu'adviendra-t-il de mes enfants ? Ils sont nés ici, à Londres. Je ne veux pas
les condamner à l'exil comme je l'ai été. Je ne peux pas faire ça, mais j'ai
envie de rentrer chez moi de tout mon coeur. Saint Augustin a dit :
"L'espoir a deux belles filles : la colère et le courage. La colère devant
l'état des choses et le courage de les changer". À tous les parents et
amis de ceux qui sont morts à New York : nous fêterons bientôt le 29e
anniversaire de notre mardi 11 septembre et le 1er anniversaire du vôtre [6] .
Nous penserons à vous. J'espère que vous penserez à nous.
    Pablo."
    11 septembre 1973, par Ken Loach et Paul Laverty.
     
    Ce texte a été reproduit avec l'aimable
autorisation de Sixteen Films, Galatée Films et StudioCanal. Le film
11'09"01, September 11 est édité en DVD par Universal Pictures.
     
     

Introduction
: Le juge et le dictateur.
     
    Ce 16 octobre 1998, à Londres, Augusto José Ramón
Pinochet Ugarte ne ressemble plus en rien à ce dictateur qui a terrorisé le
Chili pendant dix-sept ans. Il vient d'apprendre qu'il est détenu, prisonnier,
parce qu'il est un criminel sans frontière et qu'une grande partie de
l'humanité réclame sa confrontation avec la loi. Le juge espagnol Baltasar
Garzon est parvenu à traverser le bouclier qui protège Pinochet depuis sa prise
de pouvoir, le 11 septembre 1973. Le général avait fini par se croire
invulnérable. Aucun bras ne pouvait le détourner de sa mission divine. Aucun
"apatride" n'était de taille à lui faire obstacle dans sa croisade
contre le socialisme. Même la Vierge l'avait protégé dans l'attentat qui avait
coûté la vie à cinq de ses gardes du corps, en 1986. À en croire le dictateur,
en effet, son image était apparue dans le verre brisé des vitres de la
limousine blindée qui le transportait. La "main de Dieu" avait arrêté
les deux fusées de mortier lancées par le Front patriotique Manuel Rodriguez,
pour le malheur de millions de Chiliens.
    Pinochet est arrivé en Grande-Bretagne avec le
début de l'automne, le 22 septembre. Auparavant, il a tenté de se rendre à
Paris, pour séjourner quelques jours au Ritz, à l'invitation de l'un de ses
proches amis, l'homme d'affaires suisse Peter Shaad. Mais son voyage a alors
connu son premier contretemps. Le Premier ministre, Lionel Jospin, a déclaré le
dictateur persona non grata . Il a refusé de lui délivrer un
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