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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
Autoren: Benjamin Franklin
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d'éclairer les appartemens, puisque tous les autres objets de dépense d'une maison étoient considérablement augmentés.
Je fus extrêmement flatté de voir ce désir général d'économie ; car l'économie me plaît singulièrement.
Je me retirai et me mis au lit à trois ou quatre heures après minuit, la tête encore remplie du sujet, dont on venoit de s'entretenir. Un bruit accidentel me réveilla vers les six heures du matin. Je fus surpris de voir ma chambre très-éclairée. Je crus d'abord qu'on y avoit transporté un grand nombre de lampes de Quinquet.
Mais après m'être frotté les yeux, je m'apperçus que la lumière venoit à travers les fenêtres.
    Je me levai, je regardai dehors pour découvrir quelle pouvoit en être la cause ; et je vis que le soleil s'élevoit précisément au-dessus de l'horizon, d'où ses rayons pénétroient dans ma chambre, parce que mes domestiques avoient eu la négligence de ne pas fermer les volets.
Je regardai ma montre, qui va très-bien, et je vis qu'il n'étoit que six heures. Pensant encore qu'il étoit un peu extraordinaire que le soleil parût de si bonne heure, je pris mon almanach, où je trouvai que c'étoit l'heure marquée, ce jour là, pour le lever du soleil. Je tournai quelques feuillets, et je vis qu'il devoit se lever chaque jour encore plus matin jusqu'à la fin de juin ; et que dans aucun temps de l'année il ne se levoit pas plus tard que huit heures.
Vos lecteurs qui, comme moi, lisent rarement la partie astronomique de l'almanach, et n'ont jamais apperçu avant midi, aucun signe du lever du soleil, seront aussi étonnés que je l'ai été moi-même, quand ils apprendront qu'il se lève de si bonne heure, et sur-tout quand je les assurerai qu'il éclaire aussitôt qu'il se lève. J'en suis convaincu, j'en suis certain. Personne ne peut être plus sûr d'aucun autre fait. Je l'ai vu de mes propres yeux ; et après avoir renouvelé l'observation trois jours de suite, j'ai chaque fois trouvé précisément le même résultat.
Cependant il arrive que quand je parle de cette découverte à quelques-uns de mes amis, je m'apperçois aisément à leur air, que quoiqu'ils ne me le disent pas expressément, ils ont de la peine à y ajouter foi. L'un d'entr'eux, qui, certes, est un très-savant physicien, m'a assuré que je dois sûrement m'être trompé quant à la lumière qui a pénétré dans ma chambre ; parce qu'il est, dit-il, bien connu que comme il ne pouvoit pas y avoir de lumière dehors à cette heure-là, il ne pouvoit pas en entrer dans l'appartement ; et que puisque mes fenêtres étoient accidentellement ouvertes, elles devoient, au lieu de laisser entrer la lumière, faire sortir l'obscurité.
     Il a employé plusieurs argumens ingénieux, pour me prouver combien je pouvois à cet égard m'être fait illusion. J'avoue qu'il m'a un peu embarrassé : mais il ne m'a point satisfait ; et les observations que j'ai faites, et dont je vous ai rendu compte plus haut, m'ont confirmé dans ma première opinion.
Cet évènement m'a fait faire plusieurs réflexions sérieuses et importantes. J'ai considéré que si je ne m'étois pas éveillé de si bon matin, j'aurois dormi six heures de plus, à la clarté du soleil, et qu'en revanche j'aurois la nuit suivante, passé six heures de plus à la clarté des bougies ; et comme la dernière est beaucoup plus coûteuse que l'autre, mon goût pour l'économie m'a induit à faire usage de tout le peu d'arithmétique que je sais, pour faire les calculs dont je vais vous faire part. Je vous observerai, pourtant, auparavant, que l'utilité est, suivant moi, le principal mérite des inventions, et qu'une découverte, dont on ne peut pas faire usage ou n'est pas bonne à quelque chose, ne vaut rien.
J'établis pour base de mon calcul la supposition qu'il y a à Paris cent mille familles, et que ces familles consument chaque soir une demi-livre de bougie ou de chandelle par heure. Je pense que c'est une estimation raisonnable ; car quoique je croie que quelques familles en consument moins, je sais que beaucoup d'autres en consument bien plus. Alors, si nous prenons six heures par jour pour terme modéré du temps qui s'écoule entre le lever du soleil et le nôtre, puisqu'il se lève durant six mois, depuis six heures jusqu'à huit heures avant midi, et qu'alors nous brûlions de la chandelle chaque jour pendant sept heures de suite, voici le compte qui en résultera.
    Dans les six mois, qui s'écoulent
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