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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
Autoren: Benjamin Franklin
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y reste. Il est d'autant plus utile que ces règles soient suivies, qu'alors le jeu en devient encore plus l'image de la vie humaine, et particulièrement de la guerre. Si, lorsque vous faites la guerre, vous vous êtes imprudemment mis dans une position dangereuse, vous ne pouvez espérer que votre ennemi vous laisse retirer vos troupes pour les placer plus avantageusement, et vous devez éprouver toutes les conséquences auxquelles vous a exposé trop de précipitation.
4o. Enfin, nous acquérons par le jeu des échecs, l'habitude de ne pas nous décourager, en considérant le mauvais état où nos affaires semblent être quelquefois, l'habitude d'espérer un changement favorable, et celle de persévérer à chercher des ressources.
    Une partie d'échecs offre tant d'évènemens, tant de différentes combinaisons, tant de vicissitudes ; et il arrive si souvent qu'après avoir long-temps réfléchi, nous découvrons le moyen d'échapper à un danger qui paroissoit inévitable, que nous sommes enhardis à continuer de combattre jusqu'à la fin, dans l'espoir de vaincre par notre adresse, ou au moins, de profiter de la négligence de notre adversaire pour le faire mat. Quiconque réfléchit aux exemples que lui fournissent les échecs, à la présomption que produit ordinairement un succès, à l'inattention qui en est la suite, et qui fait changer la partie, apprend, sans doute, à ne pas trop craindre les avantages de son adversaire, et à ne pas désespérer de la victoire, quoiqu'en la poursuivant il reçoive quelque petit échec.
Nous devons donc rechercher l'amusement utile que nous procure ce jeu, plutôt que d'autres, qui sont bien loin d'avoir les mêmes avantages. Tout ce qui contribue à augmenter le plaisir qu'on y trouve, doit être observé ; et toutes les actions, tous les mots peu honnêtes, indiscrets, ou qui peuvent le troubler de quelque manière, doivent être évités, puisque les joueurs n'ont que l'intention de passer agréablement leur temps.
1o. Si l'on convient de jouer suivant les règles, il faut que les règles soient strictement suivies par les deux joueurs, non pas que tandis que l'un s'y soumet, l'autre cherche à s'en affranchir ; car cela n'est pas juste.
2o. Si l'on ne convient pas d'observer exactement les règles, et qu'un joueur demande de l'indulgence, il faut qu'il consente à accorder la même indulgence à son adversaire.
3o. Il ne faut pas que vous fassiez jamais une fausse marche, pour vous tirer d'un embarras, ou obtenir un avantage.
    On ne peut plus avoir aucun plaisir à jouer avec quelqu'un qu'on a vu avoir recours à ces ressources déloyales.
4o. Si votre adversaire est lent à jouer, vous ne devez ni le presser, ni paroître fâché de sa lenteur. Il ne faut pas, non plus, que vous chantiez, que vous siffliez, que vous regardiez à votre montre, que vous preniez un livre pour lire, que vous frappiez avec votre pied sur le plancher, ou avec vos doigts sur la table, ni que vous fassiez rien qui puisse le distraire ; car tout cela déplaît et prouve non pas qu'on joue bien, mais qu'on a de la ruse et de l'impolitesse.
5o. Vous ne devez pas chercher à tromper votre adversaire en prétendant avoir fait une fausse marche, et en disant que vous voyez bien que vous perdrez la partie, afin de lui inspirer de la sécurité, de la négligence et d'empêcher qu'il aperçoive les pièges que vous lui tendez ; car ce ne seroit point de la science, mais de la fraude.
6o. Quand vous avez gagné une partie, il ne faut pas que vous vous serviez d'expressions orgueilleuses et insultantes, ni que vous montriez trop de satisfaction. Il faut, au contraire, que vous cherchiez à consoler votre adversaire, par des expressions polies, qui ne blessent point la vérité. Vous pouvez lui dire, par exemple :—«Vous savez le jeu mieux que moi ; mais vous manquez un peu d'attention».—Ou :—«Vous jouez trop vîte».—Ou bien :—«Vous aviez d'abord l'avantage : mais quelque chose vous a distrait, et c'est ce qui m'a fait gagner».
7o. Lorsqu'on regarde jouer quelqu'un, il faut avoir grand soin de ne pas parler ; car en donnant un avis, on peut offenser les deux joueurs à-la-fois. D'abord, celui contre qui il est donné, parce qu'il peut lui faire perdre la partie ; ensuite celui à qui on le donne, parce qu'encore qu'il croie le coup bon et qu'il le joue, il n'a point autant de plaisir que si on le laissoit penser jusqu'à ce qu'il l'eût apperçu lui-même.
    Il faut aussi,
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