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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
Autoren: Benjamin Franklin
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servent à présent tous mes travaux, tous mes soins, pour amasser sur cette feuille une provision de rosée, dont je n'aurai pas le temps de jouir ? Qu'importent toutes les querelles politiques, dans lesquelles je me suis engagé pour l'avantage de mes compatriotes qui habitent sur ce buisson ?
    Qu'importent les études philosophiques que j'ai entreprises pour le bien de notre race en général ? car, en politique, que peuvent les loix sans les mœurs [Quid leges sine moribus ? Hor. Od. 24. Lib. III.] ? La génération présente de nos éphémères va, dans le cours de quelques minutes, devenir aussi corrompue et par conséquent aussi malheureuse que celles des buissons plus anciens. Et en philosophie, combien nos progrès sont bornés ! Hélas ! l'art est long et la vie est courte [Ars longa, vita brevis, tempus preceps. Hippocr. Aphor. I.]. Mes amis voudroient me consoler, par l'idée d'un nom, qu'ils prétendent que je laisserai après moi. Ils disent que j'ai assez vécu pour la nature et pour la gloire. Mais qu'est la renommée pour un éphémère qui n'existe plus ? Et que deviendra l'histoire, lorsqu'à la dix-huitième heure, le monde lui-même, le Moulin-Joli tout entier arrivera à sa fin et sera enseveli dans les ruines universelles ?»
Pour moi, après toutes les entreprises auxquelles je me sais livré avec ardeur, il ne me reste de solides plaisirs, que l'idée d'avoir passé ma longue vie dans l'intention d'être utile, l'agréable conversation d'un petit nombre de bonnes dames éphémères, et quelquefois le tendre sourire et le doux chant de la toujours aimable Brillant.

MORALE DES ÉCHECS.
    Le jeu des échecs est le plus ancien et le plus généralement connu de tous les jeux. Son origine remonte au-delà de toutes les notions historiques ; et pendant une longue suite de siècles il a été l'amusement des Perses, des Indiens, des Chinois et de toutes les autres nations de l'Asie. Il y a plus de mille ans qu'on le connoît en Europe. Les Espagnols l'ont porté dans toutes leurs possessions d'Amérique, et depuis quelque temps il est introduit dans les États-Unis.
Ce jeu est si intéressant par lui-même, qu'il n'a pas besoin d'offrir l'appât du gain pour qu'on aime à le jouer. Aussi n'y joue-t-on jamais de l'argent [Excepté en France et en Angleterre, où l'on joue quelquefois beaucoup d'argent aux échecs. (Note du Traducteur.)]. Ceux qui ont le temps de se livrer à de pareils amusemens, n'en peuvent pas choisir un plus innocent. Le morceau suivant, écrit dans l'intention de corriger chez un petit nombre de jeunes gens, quelques défauts qui se sont glissés dans la pratique de ce jeu, prouve en même-temps que, dans les effets qu'il produit sur l'esprit, il peut être non-seulement innocent, mais utile au vaincu ainsi qu'au vainqueur.
Le jeu des échecs n'est pas un vain amusement. On peut, en le jouant, acquérir ou fortifier plusieurs qualités utiles dans le cours de la vie, et se les rendre assez familières pour s'en servir avec promptitude dans toutes les occasions. La vie est une sorte de partie d'échecs, dans laquelle nous avons souvent des pièces à prendre, des adversaires à combattre, et nous éprouvons une grande variété de bons et de mauvais évènemens, qui sont, en partie, l'effet de la prudence ou de l'étourderie. En jouant aux échecs, nous pouvons donc acquérir.
1o.La prévoyance, qui regarde dans l'avenir et examine les conséquences que peut avoir une action ; car un joueur se dit continuellement :
    —«si je remue cette pièce, quel sera l'avantage de ma nouvelle position ? Quel parti mon adversaire en tirera-t-il contre moi ? De quelle autre pièce pourrai-je me servir pour soutenir la première, et me garantir des attaques qu'on me fera ?»
2o. La circonspection, qui surveille tout l'échiquier, le rapport des différentes pièces entr'elles, leur position, le danger auquel elles sont exposées, la possibilité qu'elles ont de se secourir mutuellement, la probabilité de tel ou tel mouvement de l'adversaire, pour attaquer telle ou telle autre pièce, les différens moyens qu'on a d'éviter ses attaques, ou de les faire tourner à son désavantage.
3o. La prudence, qui jamais n'agit trop précipitamment. La meilleure manière d'acquérir cette qualité, est d'observer strictement les règles du jeu. Elles portent que lorsqu'une pièce est touchée, elle doit être jouée, et que toutes les fois qu'elle est posée dans un endroit, il faut qu'elle
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