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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
Autoren: Benjamin Franklin
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dans un endroit clos où l'air a été plusieurs fois respiré. L'eau bouillante ne devient pas plus chaude par une longue ébullition, si les parties qui reçoivent une plus grande chaleur peuvent s'évaporer ; de même les corps vivans ne se putréfient point, si les parties putrides en sont exhalées à mesure qu'elles le deviennent. La nature les pousse au dehors par les pores et par les poumons ; et, en plein air, elles sont emportées au loin : mais dans une chambre close on les respire plusieurs fois, encore qu'elles se corrompent de plus en plus.
Lorsqu'il y a un certain nombre de personnes dans une petite chambre, l'air s'y gâte en peu de minutes, et il y devient même mortel comme dans la caverne noire de Calcutta.
    On dit qu'une seule personne ne corrompt qu'un galon [Mesure de quatre pintes.] d'air par minute, et conséquemment il faut plus de temps pour que tout celui que contient une chambre soit corrompu : mais il le devient proportionnément ; et c'est à cela que beaucoup de maladies putrides doivent leur origine.
Mathusalem qui, ayant vécu plus long-temps qu'aucun autre homme, doit avoir mieux conservé sa santé, dormoit, dit-on, toujours en plein air ; car quand il eut déjà vécu cinq cents ans, un ange lui dit :—«Lève-toi, Mathusalem, et bâtis-toi une maison ; car tu vivras encore cinq cents ans».—Mais Mathusalem répondit :—«Si je ne dois vivre que cinq cents ans de plus, ce n'est pas la peine que je me bâtisse une maison. Je veux dormir à l'air, comme j'ai toujours eu coutume de le faire.»
Après avoir long-temps prétendu qu'on ne devoit point permettre aux malades de respirer un air frais, les médecins ont enfin découvert qu'il pouvoit leur être salutaire. C'est pourquoi on doit espérer qu'ils découvriront aussi, avec le temps, que l'air frais n'est pas dangereux pour ceux qui se portent bien, et qu'alors nous pourrons être guéris de l'aërophobie, qui tourmente à présent les esprits faibles, et les engage à s'étouffer, à s'empoisonner, plutôt que d'ouvrir la fenêtre d'une chambre à coucher, ou de baisser la glace d'un carrosse.
Lorsque l'air d'une chambre close est saturé avec la matière transpirable [La matière transpirable est cette vapeur qui se détache de notre corps, par les pores et par les poumons. On dit qu'elle est composée des cinq huitièmes de ce que nous mangeons.], il n'en peut pas recevoir davantage, et cette matière doit rester dans notre corps et nous causer des maladies.
    Mais on a auparavant des indices du danger dont elle peut être. On a un certain mal-aise, d'abord léger, à la vérité, et tel que quant aux poumons, la sensation en est assez foible, mais, quant aux pores de la peau, c'est une inquiétude difficile à décrire, et dont un très-petit nombre des personnes qui l'éprouvent, connoît la cause. Alors si l'on veille la nuit et qu'on soit trop chaudement couvert, on a de la peine à se rendormir. On se retourne souvent sans pouvoir trouver le repos d'aucun côté. Ce fretillement, pour me servir d'une expression vulgaire, faute d'en avoir une meilleure, est absolument occasionné par une inquiétude de la peau, dont la matière transpirable ne s'échappe point, attendu que les draps en ayant reçu une quantité suffisante, et étant saturés, ils ne peuvent en prendre davantage.
Pour connoître cette vérité, par expérience, il faut qu'une personne reste au lit, dans la même position, et que relevant ses draps, elle laisse une partie de son corps exposée à un air nouveau : alors elle sentira cette partie tout-à-coup rafraîchie, parce que l'air soulagera sa peau, en recevant et emportant au loin la matière transpirable qui l'incommodoit.
Toute portion d'air frais qui approche la peau chaude, reçoit, avec une partie de cette vapeur, un degré de chaleur qui la raréfie et la rend plus légère ; et alors elle est, avec la matière qu'elle a prise, poussée au loin par une quantité d'air plus frais, et conséquemment plus pesant, qui s'échauffe à son tour et fait bientôt place à une nouvelle portion.
Tel est l'ordre qu'a établi la nature pour empêcher les animaux d'être infectés par leur propre transpiration. D'après le moyen que je viens d'indiquer, on sentira quelle différence il y aura entre la partie du corps exposée à l'air, et celle qui, restant couverte, n'en éprouvera pas l'impression.
    L'inquiétude de cette dernière partie augmentera par la comparaison, et on la sentira plus
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