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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I
Autoren: Benjamin Franklin
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depuis le 20 mars jusqu'au 20 septembre, il y a :
Nuits
183
Heures de chaque nuit pendant lesquelles nous brûlons de la chandelle
7
La multiplication donne pour nombre total d'heures
1,281
Ces 1,281 heures multipliées par le nombre de 100,000 qui est celui des familles, donnent
128,100,000
Ces cent vingt-huit millions et cent mille heures, passées à Paris, à la clarté de la bougie ou de la chandelle, font, à demi-livre par heure
64,050,000 liv. pes.
Soixante-quatre millions cinquante mille livres pesant, estimées l'une dans l'autre à trente sols la livre, font la somme de quatre-vingt-seize millions soixante-quinze mille livres tournois
96,075,000 liv. tour.
Somme immense, que la ville de Paris pourroit épargner tous les ans, en se servant de la lumière du soleil, au lieu de bougie et de chandelle.
Si l'on prétend que le peuple, étant opiniâtrement attaché à ses vieilles coutumes, il seroit difficile de l'engager à se lever avant midi, et que conséquemment ma découverte ne peut être que fort peu utile, je répondrai : nil desperandum. Je crois que tous ceux qui ont le sens commun, et qui apprendront par cet écrit, qu'il fait jour dès que le soleil se lève, essaieront de se lever avec lui. Pour y obliger les autres, voici les règlemens que je proposerai.
    1o. Qu'on mette un impôt de vingt-quatre livres tournois par chaque fenêtre, où il y a des volets, qui font que les rayons du soleil n'éclairent pas les appartemens.
2o. Que pour empêcher de brûler de la bougie et de la chandelle, la police emploie le salutaire moyen, qui, l'hiver dernier, nous a rendus plus économes, dans la consommation du bois ; c'est-à-dire, qu'on mette des sentinelles, à la porte des épiciers, et qu'il ne soit permis à personne d'acheter plus d'une livre de bougie ou de chandelle par semaine.
3o. Qu'on ordonne aux gardes de la ville d'arrêter toutes les voitures qui passeront dans les rues après soleil couché, excepté celles des médecins, des chirurgiens et des sage-femmes.
4o. Que chaque jour, au lever du soleil, on fasse sonner toutes les cloches des églises ; et si cela ne suffit pas, qu'on tire le canon dans toutes les rues, afin d'éveiller efficacement les paresseux, et de les forcer à ouvrir les yeux, pour voir leur véritable intérêt.
La difficulté du succès de ces règlemens ne se fera sentir que dans les deux ou trois premiers jours. Après quoi la réforme sera aussi naturelle, aussi aisée, que l'est l'irrégularité actuelle ; car il n'y a que le premier pas qui coûte. Obligez un homme à se lever à quatre heures du matin, et il est plus que probable qu'il se couchera volontiers à huit heures du soir. Or, quand il aura dormi huit heures, il se lèvera volontiers à quatre heures du matin.
Mais la somme de quatre-vingt-seize millions soixante-quinze mille livres tournois, n'est pas tout ce qu'on peut épargner par mon projet économique. Vous devez observer que je n'ai fait mon calcul que pour la moitié de l'année ; et l'on peut épargner beaucoup durant l'autre moitié, encore que les jours soient beaucoup plus courts.
    En outre, l'immense quantité de bougie et de suif qu'on ne consumera pas pendant l'été, rendra la bougie et la chandelle moins chères l'hiver suivant ; et le prix en diminuera progressivement aussi long-temps qu'on maintiendra la réforme que je propose.
Quelque grand que soit l'avantage de la découverte que je communique si loyalement au public, je ne demande ni place, ni pension, ni privilége exclusif, ni aucune autre espèce de récompense. Je ne veux que la seule gloire de l'avoir faite. Malgré cela, je sais bien qu'il se trouvera de petits esprits envieux, qui voudront, comme de coutume, me la disputer, et qui diront que mon invention étoit connue des anciens. Peut-être même citeront-ils, pour le prouver, des passages de quelques vieux livres.
Je ne soutiendrai point, contre ces critiques, que les anciens ne savoient pas que le soleil devoit se lever à certaines heures. Probablement des almanachs, comme ceux que nous avons aujourd'hui, le leur prédisoient. Mais il ne s'ensuit pas que les anciens sussent qu'il fesoit jour aussitôt que le soleil se levoit.
C'est là ce que j'appelle ma découverte. Si les anciens connoissoient cette vérité, elle doit avoir été oubliée depuis long-temps ; car elle est ignorée des modernes, ou du moins des Parisiens ; et pour le prouver, je n'ai besoin de faire usage que d'un argument bien simple.
Les
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