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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
Autoren: Benjamin Franklin
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je leur ai proposé de nouvelles institutions, ou quelques changemens aux anciennes, et une si grande influence dans les assemblées publiques, lorsque j'en suis devenu membre ; car je n'étois qu'un mauvais orateur, jamais éloquent, souvent sujet à hésiter, rarement correct dans mes expressions, et cependant, je fesois généralement prévaloir mon avis.
Aucune de nos dispositions naturelles n'est peut-être plus difficile à dompter que l'orgueil.
    Qu'on le mortifie, qu'on lui fasse la guerre, qu'on le terrasse, qu'on l'étouffe vivant, il perce de nouveau ; il se montre de temps en temps. Vous l'appercevrez, sans doute, souvent dans cette histoire, peut-être au moment même où je parle de le subjuguer, et vous pourrez me retrouver orgueilleux jusque dans mon humilité.

LE CHEMIN DE LA FORTUNE, OU LA SCIENCE DU BONHOMME RICHARD
    [Cet ouvrage a déjà été traduit : mais il est si intéressant, que j'ai cru devoir en donner une traduction nouvelle. (Note du Traducteur.)]

Bénévole lecteur !
J'ai ouï dire que rien ne fait autant de plaisir à un auteur que de voir ses ouvrages respectueusement cités par d'autres écrivains. Jugez donc combien je dus être content d'une aventure que je vais vous rapporter.
Passant dernièrement à cheval dans un endroit, où il y avoit beaucoup de monde rassemblé pour une vente publique, je m'arrêtai. Il n'étoit pas encore l'heure de faire la vente, et en attendant qu'on commençât, la compagnie causoit sur la dureté des temps. Quelqu'un s'adressant à un homme à cheveux blancs, simplement et proprement mis, lui dit :—«Et vous, père Abraham, que pensez-vous de ce temps-ci ? Ne croyez-vous pas que le fardeau des impôts ruinera entièrement le pays ? Car comment ferons-nous pour les payer ? Que nous conseillez-vous ?»
Le père Abraham se leva et répondit :—«Si vous voulez savoir ma façon de penser, je vais vous la dire brièvement ; car un mot suffit à qui sait entendre, comme dit le bonhomme Richard».—Tout le monde se réunit pour engager le père Abraham à parler, et l'assemblée ayant formé un cercle autour de lui, il tint le discours suivant :
«Mes amis, il est certain que les impôts sont très-lourds. Si nous n'avions à payer que ceux que le gouvernement met sur nous, nous pourrions les trouver moins considérables : mais nous en avons beaucoup d'autres, qui sont bien plus onéreux pour quelques-uns d'entre nous.
    L'impôt de notre paresse nous coûte le double de la taxe du gouvernement ; notre orgueil le triple, et notre folie le quadruple. Ces impôts sont tels, qu'il n'est pas possible aux commissaires d'y faire la moindre diminution. Cependant, si nous voulons suivre un bon conseil, il y a encore quelqu'espoir pour nous. Dieu aide ceux qui s'aident eux-mêmes, comme dit le bonhomme Richard.
»S'il existait un gouvernement, qui obligeât les sujets à donner la dixième partie de leur temps pour son service, on le trouveroit assurément très-dur : mais la plupart d'entre nous sont taxés par leur paresse d'une manière beaucoup plus forte. La paresse occasionne des incommodités et raccourcit nécessairement la vie. La paresse, semblable à la rouille, use bien plus promptement que le travail : mais la clef, dont on se sert est toujours claire, comme dit encore le bonhomme Richard.—Si vous aimez la vie, ne prodiguez pas le temps ; car, comme dit encore le bonhomme Richard, c'est l'étoffe dont la vie est faite. Nous donnons au sommeil bien plus de temps qu'il ne faut, oubliant que le renard qui dort n'attrape point de poules, et que nous aurons assez le temps de dormir dans la tombe, comme dit le bonhomme Richard.
»Si le temps est la plus précieuse de toutes les choses, prodiguer le temps doit être, comme dit le bonhomme Richard, la plus grande des prodigalités ; puisque, comme il nous l'apprend ailleurs, le temps perdu ne se retrouve jamais, et que ce que nous appelons assez de temps, se trouve toujours fort peu de temps.—Agissons donc, pendant que nous le pouvons, et agissons à propos. Avec de l'assiduité, nous ferons beaucoup plus avec moins de peine. La paresse rend tout difficile, et le travail tout aisé.
    Celui qui se lève tard a besoin d'agir toute la journée, et peut à peine avoir fini ses affaires le soir. D'ailleurs, la paresse va si lentement que la pauvreté l'a bientôt attrapée. Conduisez vos affaires, et ne vous laissez jamais conduire par elles. Un homme qui se couche de bonne heure, et se
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