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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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et de décorations ».
    En 1955, au lendemain des Accords de Genève, la page de l’Indochine française est tournée. Le corps expéditionnaire décroche. Le vieux Franchini en fait autant et s’embarque pour la France. Le Continental perd son statut social. Il ne s’américanise pas pour autant. Il faut attendre le retour de Philippe Franchini en 1965 pour que l’hôtel retrouve vraiment un souffle. La direction française s’en va et les Vietnamiens prennent en main l’hôtel sous le regard attentif et la présence discrète de Philippe. Pendant la guerre américaine, la terrasse et son bar restent ouverts à tous vents, avec leurs demi-mondaines. La police interne de l’hôtel s’exerce à la porte qui relie directement la terrasse au hall d’entrée de l’hôtel. Les belles de nuit ne la franchissent pas, sauf à confier une pièce d’identité au concierge.
    La terrasse reste toujours fréquentée mais la clientèle change. Ce n’est plus un lieu exceptionnel de rendez-vous. Philippe lui préfère la Dolce Vita. Pour la rumeur, Givral, de l’autre côté de la rue, la détrône. Le regard se porte sur le café-glacier. Les officiels américains se montrent peu au Continental, occupé par des journalistes et les diplomates-espions d’une Commission internationale de contrôle que tout le monde a oubliée. Les Polonais de cette CIC  – chargée de superviser les Accords de Genève qui n’ont jamais été appliqués – logent au premier étage de l’hôtel.
    J’ai déjà passé deux années dans cette métropole méridionale, dans le cadre d’un service national. Mais, de 1965 à 1967, je m’y retrouve, en tant que jeune coopérant, dans un circuit différent, français pour ce qui concerne le travail et vietnamien à mes heures de liberté. Ce long séjour à Sài Gòn me permet de parfaire un peu des connaissances bien inégales sur le Viêt Nam acquises à Langues O. En effet, la mission culturelle française décide d’introduire, à la rentrée scolaire de 1966, l’histoire et la géographie du Viêt Nam dans ses programmes. Mieux vaut tard que jamais puisque 80 % des élèves des lycées français sont vietnamiens. La préparation de ces cours est confiée à Pierre Brocheux, futur auteur de travaux sur Hô Chí Minh, et je suis chargé de l’assister.
    Surtout, je profite de ce premier séjour pour connaître les milieux bouddhistes, puisque je suis pendant plusieurs mois lecteur de français à leur unique université, Van Hanh, aménagée dans les locaux de la pagode Xa Loi à Sài Gòn. J’y côtoie plusieurs dirigeants de l’Église bouddhiste unifiée ( EBU ), alors antigouvernementale et que les communistes, six ans après la victoire de 1975, banniront.
    En 1965, le général Nguyên Cao Ky, alors Premier ministre et protégé momentané de Lyndon B . Johnson, rompt les relations avec Paris – ce qui aurait amené le général de Gaulle à demander : « Qui est Ky ? » La France n’est donc représentée au Sud-Vietnam, de 1965 à la signature des Accords de Paris en 1973, que par un consulat général, confié alors à un solide haut fonctionnaire, Joseph Lambroschini, ancien résistant intégré au Quai d’Orsay.
    S’étant habitué à ses nouveaux habits de diplomate, l’œil pétillant à l’annonce d’un orage, Joseph Lambroschini est, dit-on, un « consul de choc » dont j’ai connu, sur les bancs de Sciences Po, le fils Charles, futur membre de la rédaction en chef du Figaro. À la suite du fameux discours prononcé par de Gaulle en 1966 à Phnom Penh, le général Nguyên Cao Ky organise, surtout pour le principe, des manifestations antifrançaises à Sài Gòn. En bras de chemise, Joseph Lambroschini descend dans la rue pour observer l’événement en compagnie de l’attaché militaire français, lui aussi en civil, et du jeune coopérant que je suis.
    À l’époque, je ne fréquente pas le monde de la presse et son phare, l’hôtel Continental. Je partage mon temps entre des cours – au lycée Jean-Jacques Rousseau, à la faculté des lettres françaises et à l’université bouddhiste –, un club de tennis à deux pas du petit appartement de fonction qui m’a été attribué et quelques sorties nocturnes. Je traîne souvent au consulat général, notamment dans le bureau de Paulette Beck, franco-vietnamienne et fille d’un chef du gouvernement du temps de Bao Dai. Ancienne secrétaire générale du cabinet présidé par son
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