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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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loin, son économie est la plus vibrante d’Asie après la chinoise. Surtout, il dispose d’un potentiel humain exceptionnel. Les Vietnamiens se comptaient quelque cinquante millions en 1975. Trente ans plus tard, ils sont quatre-vingt-deux millions. Près de trente mille jeunes, dont de nombreux rejetons de familles communistes, étudient à l’étranger, souvent dans les meilleures universités occidentales. Le pays a réussi son intégration internationale.
    « Au temps de Sài Gòn, avant la Libération, la politique était très compliquée. Il y avait tant de factions, de partis, de manœuvres, de manipulations. Mais je crois que c’est encore plus compliqué aujourd’hui », dit Pham Xuân Ân, que les statistiques n’impressionnent qu’à moitié.
    Les questions se bousculent. À quel point la corruption freine-t-elle le développement ? Comment créer des contrepoids pour réduire un monolithisme politique rongeur ? Le Viêt Nam est-il mûr pour de nouveaux changements ? Pham Xuân Ân semble toujours sceptique.
    « Vingt ans après “ dôi moi”  – des réformes économiques accompagnées de réalignements diplomatiques – s’ouvre le débat sur “ dôi moi chinh tri”, les réformes politiques. Qu’en pensez-vous ?
    — Comment faire ? La campagne actuelle en faveur de davantage de démocratie au sein du Parti se heurte à de fortes pressions en faveur d’un compromis, pour sauver la face. Si vous poussez trop fort en direction de réformes politiques, vous risquez de déstabiliser le Parti, répond-il. Le principal problème est la corruption. Mais si vous allez trop loin dans l’étouffement de la corruption, vous risquez de déstabiliser le régime. Pour les anciens révolutionnaires, l’important reste de préserver la stabilité du régime tout en progressant économiquement »
    Telle est sa réponse. La marge de manœuvre est bien mince.
    Pham Xuân Ân a obtenu les plus hautes distinctions. Le système lui a également tout opposé : l’impératif du secret, la méfiance, la solitude, la rééducation, si « gentille » soit-elle, la surveillance, la mise à l’écart. Il en sort meurtri mais pas défait. J’ai l’impression qu’il en revient à la raison première, la seule, de son engagement : le nationalisme. Il a défié le pouvoir américain. Il a pris des risques insensés et fait d’énormes sacrifices. Il s’est révélé un stratège de premier ordre et l’un des plus grands espions de son temps. Il se retrouve aujourd’hui dans la peau de l’adolescent qui, un beau jour de 1945, a opté pour la cause nationale. Dinh Q . Lê, artiste de la diaspora vietnamienne, a dit récemment, à propos de la société vietnamienne, que ce qui la « distingue » en Asie du Sud-Est est « une impulsion à s’améliorer soi-même, à faire quelque chose de votre vie ». Pham Xuân Ân a également besoin qu’une lueur d’espoir donne un sens à tout ce qu’il a sacrifié au service de son pays.
    Pour la quatrième et sans doute dernière fois, Phan Xuân Ân est retourné à Hà Nôi, très brièvement, en mars 2002. La convocation avait pour objet de lui faire signer les documents concernant sa retraite. Vingt-sept ans après la victoire, à l’âge de soixante-quinze ans, il a donc été officiellement mis en disponibilité. Le seul changement pratique : il est dispensé de la séance hebdomadaire et collective d’autocritique. Dans son esprit, la boucle est presque bouclée. Mais, à un journaliste qui lui a demandé un jour comment « un simple observateur » comme lui avait pu récolter des médailles, il aurait répondu : « parce que je les ai méritées ». Qu’on lui rende ce qui lui est dû au soir de sa vie.

Références
    Nguyên Thi Ngoc Hai a consacré, en langue vietnamienne, deux livres à Pham Xuân Ân. Le premier, publié en 2002 par les Éditions Công Ân Nhân Dân de Hà Nôi, est intitulé Pham Xuân Ân, tên nguoi nhu cuôc doi (« Un prénom à l’image de la vie »). Le second, Tôi chêt bat dâu môt thê gioi sông (« Je meurs et le monde commence »), est une édition élargie du premier et publiée à l’occasion du trentième anniversaire de la victoire de 1975. Un autre ouvrage, en anglais, Phâm Xuân Ân, a General of the Secret Services, rédigé par deux historiens militaires, Hoang Hai Van et Tân Tu, a été publié en 2003 à Hà Nôi par les Éditions Thê Gioi.
    Parmi les articles
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