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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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Ngô Công Duc a aménagée en bordure d’une poterie, à Thu Duc, à proximité de Hô Chí Minh Ville. En apercevant Pham Xuân Ân, un doute me saisit : tout à coup, je ne me rappelle plus si, en français, je tutoyais ou vouvoyais cet aîné qui m’a toujours un peu intimidé. Il règle tout de suite le problème en me vouvoyant.
    Pham Xuân Ân n’a pratiquement pas changé. Plus maigre, un peu plus voûté. Mais même ses déceptions n’ont pas affecté l’humour du « général Givral ».
    La tradition, dans le Sud, veut que l’on se réunisse autour de quelques petits plats et d’une bouteille – à l’époque, il s’agit d’un vin rouge bulgare qui décape l’estomac. Pham Xuân Ân ne boit pas et mange déjà très légèrement mais il accepte de nous tenir compagnie. Depuis, ce genre de réunion s’est répété à l’envi et nous sommes même allés en famille, en 1991, passer quelques jours à Nha Trang, la station balnéaire. En dépit de cette familiarité, je garde l’impression, en sa compagnie, d’être un élève face à un professeur. Sa mémoire est si précise qu’on peut l’écouter pendant des heures raconter par le menu tel personnage ou telle circonvolution de l’histoire.
    Le climat, chez les politiques, est alors à la désorientation. Mikhaïl Gorbatchev est perçu par les cadres du PC comme le fossoyeur de l’Union soviétique. Des écrivains talentueux commencent à raconter la guerre vécue d’en bas et les lendemains de victoire qui déchantent. D’autres rapportent les terribles plaies de la brutale réforme agraire de 1955-1956 dans le nord du pays. Dans les années 1990, Hà Nôi est le cœur d’un renouveau littéraire mais la plupart des écrits sont bannis. L’émergence de cette génération d’écrivains, souvent d’anciens combattants et même des membres du PC , porte un coup sans doute définitif à la littérature officielle qui se nourrit de réalisme socialiste. Au début du XXI e siècle, une nouvelle génération s’affirme et reflète les préoccupations d’une population jeune : les deux tiers des Vietnamiens, en 2005, n’ont pas vécu la guerre, sauf sur la frontière chinoise.
    « La mélancolie du passé est fondée sur des désillusions. La mise en valeur des traditions a pour objet de donner une fierté nationale aux jeunes. En même temps, le PC sait qu’il est coupé de sa base. Il veut se remettre à l’écoute, d’où une campagne qui a pour objet d’améliorer la qualité des cadres », explique Pham Xuân Ân.
    Avec le rétablissement, dans les faits, de la propriété privée – « comme un rêve devenu réalité », dit-il –, les réformes amorcées fin 1986 finissent par avoir des effets.
    « Ce sont les dirigeants qui gagnent les guerres, pas les peuples », avait auparavant constaté Nguyên Quang Thiêu, écrivain de Hà Nôi, paraphrasant Nguyên Duy, poète contemporain.
    « Les années de guerre ont été une époque héroïque, sans individualisme. Les membres du Parti communiste étaient toujours les bons. Mon père me disait : “Si tu ne veux pas devenir membre du Parti, tu es mauvais.” Aujourd’hui, les attitudes ont changé. On peut parler de soi-même, la littérature circule », dit Nguyên Quang Thiêu. Le Viêt Nam s’habitue à la paix.
    Que pense Pham Xuân Ân des changements ?
    « Il y a toutes sortes de capitalistes, les rouges, les bleus », ironise-t-il, en constatant que Sài Gòn est devenu le nerf d’une nouvelle guerre, la croissance économique. « On envisage même, comme les Chinois, d’accepter les capitalistes dans les rangs du Parti, poursuit-il. En autorisant les hommes d’affaires à rejoindre les paysans, les ouvriers et les intellectuels, on justifie le capitalisme rouge », dit-il en songeant aux motions qui défilent sur son bureau dans le cadre de la préparation du X e Congrès du PC , annoncé pour mai ou juin 2006. D’un côté, « le PC cherche à faire un pas en avant, parce qu’il doit tenir compte des relations avec l’Amérique et l’Europe, ou de l’entrée au sein de l’ OMC  ». De l’autre, la fondation du « capitalisme rouge » est la terre – dont « on dispose au nom du peuple » ou qui, dans le Sud, a été parfois confisquée en 1975 pour être redistribuée à des éléments méritants du PC . Tout cela ne lui paraît ni sain ni juste.
    Le Viêt Nam connaît une nouvelle mue. Même s’il part de très
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