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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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estime Pham Xuân Ân.
    Les Vietnamiens ont appris le nationalisme moderne à l’école française. Ils ont adopté comme véhicule, non sans réticence au début, l’écriture romanisée. En d’autres termes, il s’agissait d’une réponse à la domination française en Indochine. L’idée a fait long feu.
    Dans les années 1960 et jusqu’au milieu des années 1970, le Viêt Nam bénéficie d’une indéniable aura internationale, qui dépasse largement le cadre de la lutte des mouvements anticolonialistes. Il y a le mythe de Diên Biên Phu. Il y a la force du nationalisme, dont Hô Chí Minh est, pour un grand nombre à l’étranger, l’incarnation ambiguë. Le combat du David vietnamien contre le Goliath américain suscite l’admiration. La « révolution » vietnamienne est, toutefois, l’objet d’avis beaucoup plus partagés. Même dans le tiers monde, les « retentissantes » victoires de 1954, face aux Français, et de 1975, face aux Américains, ne font pas fait du Viêt Nam un porte-parole des peuples opprimés. Hà Nôi ne se distingue jamais dans le cadre de tribunes internationales. Il n’y a pas de « Che Guevara » vietnamien et les différences culturelles ou de contexte n’en sont pas la seule raison. Le portrait de Vo Nguyên Giáp ne semble avoir jamais figuré sur T-shirt.
    Qui peut citer, en dehors du Viêt Nam, le nom d’un seul lieutenant du fameux général alors que des dizaines d’entre eux ont été les auteurs de faits d’armes remarquables ? Le Viêt Nam ne joue qu’un rôle effacé dans les instances internationales, que ce soit à l’ ONU ou au sein du Mouvement des non-alignés. Certes, l’occupation militaire du Cambodge, de 1978 à 1989, les camps de rééducation et la saga des boat people calment bien des enthousiasmes. Le Viêt Nam communiste attendra vingt ans pour obtenir une pleine reconnaissance internationale.
    « Je ne vois pas pourquoi l’on ne parle pas ouvertement d’une troisième guerre d’Indochine, se demande Pham Xuân Ân. Au lieu de marquer le retour à la paix, la victoire de 1975 n’a été que le prélude à de nouveaux combats.
    Les Chinois, estime-t-il, ne voulaient pas de la victoire militaire de 1975. Ils souhaitaient que les Américains conservent une influence dans le sud du Viêt Nam, non la victoire militaire de Hà Nôi, qu’ils considéraient comme un pion soviétique. Par la suite, la Chine et les États-Unis ont voulu isoler l’Union soviétique en pleine offensive en Afrique. »
    Conseillers soviétiques et troupes cubaines ont débarqué en Angola et en Éthiopie.
    « Le Viêt Nam, poursuit Pham Xuân Ân, commet une erreur. Après la victoire communiste, Henry Kissinger est favorable à une normalisation avec Hà Nôi en raison de l’indépendance de la diplomatie du Viêt Nam. Richard Holbrooke, son adjoint, est en charge du dossier. Mais Nguyên Co Thach refuse de voir Holbrooke à New York en 1976. »
    Nguyên Co Thach est alors le diplomate vietnamien des dossiers impossibles.
    Les communistes vietnamiens n’ont aucun cadeau à attendre de leurs grands frères chinois. En 1978, Hà Nôi est gagné par la psychose de l’encerclement quand Beijing, sous la direction de Dèng Xiaopíng, normalise ses relations avec Washington. En fin d’année, Beijing annonce que Dèng Xiaopíng se rendra, début 1979, en visite officielle aux États-Unis. Les communistes vietnamiens voient se profiler un axe Washington-Tokyo-Beijing-Phnom Penh qui leur fait froid dans le dos.
    Réunifié en 1976 sous la férule du PC , le Viêt Nam est isolé. Humiliés, les Américains imposent un embargo économique total aux Vietnamiens. Le Cambodge est passé sous la coupe des Khmers rouges, plus ennemis que frères, qui revendiquent la rétrocession du delta du Mékong colonisé aux XVII e et XVIII e siècles par le Viêt Nam et où ne subsiste qu’une minorité de Khmers, appelés Khmers Krom ou « Khmers d’en bas ». Dès 1976, les hommes de Pol Pot provoquent des incidents de frontière qui tourneront, plus tard, au massacre de villages vietnamiens. Hà Nôi sait que quelques milliers de conseillers chinois se trouvent au Cambodge. Beijing semble ne rien faire pour calmer les ardeurs guerrières de Pol Pot.
    « Que s’est-il alors passé ?
    — Les Chinois, explique Pham Xuân Ân, posent un préalable à toute discussion avec Hà Nôi : que le Viêt Nam prenne d’abord ses distances à l’égard de
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