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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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dépouillé, cela ne fait aucun doute. » Par-devers lui,
Merthin s’était rangé à son avis : dans le noir, on ne faisait pas que
voler des baisers.
    « Il ne s’agit plus d’un vol, mais d’un
sacrilège ! s’était écrié le père.
    — Celui qui l’a commis a dû profiter du moment où tu
avais cette petite fille dans les bras pour glisser sa main jusqu’à ta ceinture
par-derrière. Elle faisait des grimaces comme si elle avait avalé du vinaigre.
    — Il faut le retrouver ! » brailla le père.
    Le jeune moine appelé Godwyn prit la parole. « Je suis
bien désolé pour vous, sieur Gérald. Je vais de ce pas prévenir le sergent de
ville pour qu’il voie si un pauvre hère ne se met pas brusquement à vivre sur
un grand pied. »
    Ce projet ne parut pas très prometteur à Merthin. La ville
de Kingsbridge comptait plusieurs milliers d’âmes auxquelles il fallait ajouter
les centaines de pèlerins venus de loin. Comment le sergent ferait-il pour les
surveiller tous ?
    La proposition, pourtant, apaisa un peu le courroux de son
père, qui s’exclama encore, un ton plus bas : « Cette canaille sera
pendue !
    — En attendant, voulez-vous nous faire l’honneur de
venir vous asseoir à la table dressée devant l’autel, ainsi que dame Maud et
vos fils ? » proposa Godwyn doucement.
    Le père acquiesça d’un grognement. Mais Merthin le savait
heureux de se voir accorder un statut supérieur à la masse des pèlerins qui se
sustenteraient, assis à même le sol, là où ils avaient dormi tout à l’heure.
    Ce moment de violence passé, Merthin se détendit un peu
quand ils eurent tous les quatre pris place à la table d’honneur. Néanmoins, il
se demandait anxieusement comment la situation allait évoluer. Son père était
un soldat courageux, sa vaillance était reconnue de tous. Il avait combattu aux
côtés de l’ancien roi à Boroughbridge et c’était lors de cette bataille qu’il
avait été blessé au front par un rebelle du Lancashire. Hélas, il n’était pas
né coiffé. Il n’était pas de ces chevaliers qui rentraient de la guerre lestés
du fruit de leurs pillages, bijoux, draps des Flandres ou soieries italiennes,
voire accompagnés d’un noble prisonnier dont la rançon s’élèverait peut-être
jusqu’à mille livres. Et un chevalier était tenu de s’équiper lui-même, de
fournir ses armes, son armure et son cheval de combat s’il voulait accomplir
son devoir et continuer à servir le roi. Or, les revenus que sieur Gérald
tirait de ses terres, métayages et loyers de toutes sortes, ne suffisaient
jamais à faire vivre sa maisonnée. Voilà pourquoi il avait commencé à
emprunter, et ce contre l’avis de sa femme.
    Des filles de cuisine apportèrent un chaudron fumant. Sieur
Gérald et les siens furent servis les premiers. La bouillie, à base d’orge et
parfumée au romarin, était trop salée. Inconscient du drame qui frappait sa
famille, Ralph se lança dans des commentaires enthousiastes sur la cérémonie.
Le silence mélancolique qui accueillit ses propos finit par lui clouer le bec.
    Son gruau avalé, Merthin alla récupérer derrière l’autel
l’arc et les flèches qu’il y avait dissimulés. Il avait choisi cette cachette
car il était rare qu’on commette un larcin à proximité d’un autel. Pour qu’un
voleur s’autorise pareil sacrilège, l’objet de sa convoitise devait pour le
moins surpasser sa crainte du courroux divin. Un arc fabriqué par un enfant
n’avait aucune valeur.
    Merthin, cependant, en tirait grande fierté. C’était un
modèle réduit, bien sûr, parce que lui-même ne mesurait que quatre pieds et
n’était guère costaud. Or, pour bander un arc de taille normale, c’est-à-dire
mesurant six pieds de haut, il fallait toute la force d’un homme adulte. Hormis
ce détail, son arc était la copie parfaite de ceux qu’utilisaient les Anglais à
la guerre et avec lesquels ils avaient occis tant de montagnards écossais, de
Gallois rebelles et de chevaliers français, nonobstant leur armure.
    À ce jour, sieur Gérald n’avait pas émis d’opinion sur cet
arc. Aujourd’hui, il le regarda comme s’il le découvrait pour la première fois.
« Ça coûte cher, un bois comme ça. Où l’as-tu déniché ? voulut-il
savoir.
    — Oh ! il ne m’a rien coûté ; c’est un archer
qui me l’a donné. Il était trop court pour lui. »
    Le père hocha la tête. « Indépendamment du reste,
l’arrondi est
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