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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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Gwenda reconnut en lui Anthony, le
prieur de Kingsbridge. Élevant les mains en un geste de bénédiction, il
prononça d’une voix forte : « Et ainsi, de nouveau, par la grâce du
Christ Jésus, l’harmonie et la lumière de la sainte Église de Dieu bannissent
de ce monde le mal et l’obscurité. »
    Une clameur triomphale accueillit ses paroles. La cérémonie
avait atteint son apogée. La tension se relâcha. Gwenda se tortilla dans les
bras de sieur Gérald. Comprenant ses mouvements, il la reposa par terre.
Veillant à cacher son visage, elle fila vers le fond de la cathédrale.
    À présent que les fidèles n’étaient plus aussi avides
d’apercevoir l’autel, se glisser entre les corps devenait de plus en plus
facile à mesure qu’elle se rapprochait de la sortie. Lorsque enfin elle eut
franchi le portail, elle aperçut les siens sur le parvis. Pa la regardait
anxieusement, et son regard exprimait clairement ce qu’il lui en aurait coûté
si par malheur elle était revenue bredouille. Elle extirpa la bourse de sa
chemise, heureuse de s’en débarrasser. Il la saisit et la fit rouler un instant
entre ses doigts avant de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Son sourire de
plaisir n’échappa pas à Gwenda. Il remit la bourse à Ma, qui s’empressa de la
cacher dans les plis de la couverture enveloppant le bébé.
    L’épreuve était achevée. Néanmoins, le danger demeurait.
« J’ai été repérée par une petite fille riche », dit Gwenda et, dans
le son aigu de sa voix, elle perçut elle-même l’aveu de sa crainte.
    Un éclair de colère passa dans les petits yeux noirs de Pa.
    « Elle t’a vue ?
    — Non, mais elle a dit aux gens de ne pas me bousculer,
alors le chevalier m’a prise dans ses bras pour que je voie mieux
l’autel. »
    Ma ne put retenir un gémissement étouffé.
    « Il a vu ton visage, alors ? insista Pa.
    — J’ai fait tout mon possible pour garder la tête
tournée de l’autre côté.
    — Mieux vaut quand même que tu ne lui retombes pas sous
les yeux ! déclara Pa. Nous n’allons pas revenir à l’hospice. Tant pis
pour le petit déjeuner offert par les moines. Nous prendrons le nôtre dans une
taverne.
    — Nous ne pourrons pas nous cacher tout au long de la
journée ! intervint Ma.
    — Nous nous fondrons dans la foule. »
    Gwenda commençait à se sentir plus légère. Pa avait l’air de
croire qu’il n’y avait pas vraiment de danger. Le fait qu’il reprenne la
direction des opérations la rassura, lui donna l’impression qu’il la
déchargeait d’une responsabilité qui lui pesait comme un fardeau.
    « D’ailleurs, continuait-il, je me vois assez bien
mangeant de la viande et du pain au lieu de cette bouillie dégoulinant d’eau
que les moines servent à l’hospice. Maintenant, on peut se le
permettre ! »
    Ils quittèrent les abords de la cathédrale. Le ciel avait
pris une teinte gris nacré. Gwenda aurait volontiers tenu la main de Ma, mais
le bébé s’était mis à pleurer et sa mère eut d’autres soucis en tête. C’est
alors que Gwenda aperçut un petit chien au museau noir et blanc qui accourait
vers elle en décrivant de drôles de zigzags sur ses trois pattes.
« Hop ! » s’écria-t-elle. Le soulevant de terre, elle le serra
dans ses bras.

 
2.
    Merthin avait onze ans, un an de plus que son frère Ralph
qui était bien plus grand et plus fort que lui, à son grand déplaisir. Ce fait
était à l’origine de nombreuses tensions avec ses parents.
    Guerrier dans l’âme, son père, sieur Gérald, ne pouvait
cacher sa déception quand il voyait son aîné incapable de soulever sa lourde
lance ou d’abattre un arbre, ou quand Merthin rentrait à la maison en pleurs
après avoir reçu une raclée au cours d’une bagarre entre gamins. Et sa mère,
dame Maud, ne faisait que l’embarrasser davantage en le surprotégeant alors
qu’il aurait mille fois préféré une feinte indifférence. Mais voilà, dès que
son père vantait fièrement la force de Ralph, sa mère contrebalançait le
jugement paternel en déplorant la bêtise de leur cadet. Ralph était un peu lent
d’esprit, certes, mais qu’y pouvait-il ? Le lui signifier excitait
seulement sa colère et il se battait encore plus souvent avec les autres
garçons.
    En cette matinée de la Toussaint, le père aussi bien que la
mère étaient d’une humeur noire. Sieur Gérald était venu à Kingsbridge
contraint et forcé, uniquement parce qu’il
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